mauves
#1
Posted 22 August 2005 - 10:46 PM
Il a les lèvres mauves
Injectées d’ivresse et de mûres.
Il a deux lèvres roses au passage des fruits rouges,
Aux interjections de salive et de cristal,
Aux sucs prélevés aux arbres fruitiers.
Il a des peaux rosée rouge,
Des veines violacées,
Des bouches de papier d’imprimeurs inondés.
Il a ces encres noires que l’on laisse absorber par les buvards spongieux.
Il a sa bouche au buvard embrassée
Et je le couche le crevard illettré.
Il a des bouches de papier et des doigts de cobalt.
Ah ! Ses dix doigts glacés…
Des neiges pilées,
Des froids frelatés et des alcools brûlants
Il garde les secrets.
Il a des tours blanches aussi,
Et des cheveux de gris, de brun.
Il a des bouchées papeterie,
Des violettes givrées
A ma langue collées.
Ah ! ma langue collée…
Il est de mes envies du soir et de celles des matins,
Sur les balcons, pieds nus,
Des envies de glaçons morts et des envies de bleus.
Il a ces bleus que je veux,
Aux coins des peaux mordues,
Aux coins chenus des lèvres
Abandonnées
Abandonnées et qui ne savent
Plus préserver les secrètes amours
Ou les secrets d’amour
Ou le secret qu’Amour
Est devenu alors.
Alors il a ces bleus
Il a ces bleus comme à l’esprit
Ou bien même il n’a rien… rien que lèvres fuschia
Rien que je ne vois
D’autre
D'autre et ça me dépasse
De ne rien y voir
De ne rien y penser
Y pouvoir
C’est l’impuissance qui guette
A l’orée du savoir
Au bord du non-savoir
C’est l’impuissance que j’ai.
Comme c’est mon seul pouvoir…
Et j’ai mal à ses yeux
A le trop regarder
Comme les hommes peuvent être…
Vous savez ?
Si beaux qu’ils en font mal
Si beaux qu’on gratterait le bleu de leurs yeux pâles
Quand ils nous figent
Avec leurs lèvres.
Et IL
Il
Est infini
Infini que je ne veux
Parcequ ‘IL n’a pas de droit
De me regarder comme ça
Comme si fleur bleue d’hiver c’était moi
Comme s’il était faisable
Fissible
D’être deux cœurs en un cœur
D’être et d’avoir
Noyau givré
Noyau brouillé
Broyé
Noyau brun de noir
Noyau cyanure…
Encré
Arrête
Tes couleurs dispersées
Découlant du papier ou des toiles
Des toiles maniérées
Tu m’essouffles
Tu m’accables
Avec divines douleurs
Couleurs que tu dilues
Sur mes fards dirait-on…
Que tes coups me sont bons
Que l’angoisse verte et bleue les emporte
Que Lui
Soit dans tes bleues lèvres mortes.
#2
Posted 22 August 2005 - 10:59 PM
Protoss
#3
Posted 22 August 2005 - 11:11 PM
#4
Posted 22 August 2005 - 11:46 PM
voici la muse
#5
Posted 23 August 2005 - 10:39 AM
Si beaux qu’on gratterait le bleu de leurs yeux pâles
Des envies de glaçons morts et des envies de bleus
C’est l’impuissance qui guette
et puis bien d'autres...
#6
Posted 23 August 2005 - 10:59 AM
Amitiés
Aujourd'hui j'ai l'impression d'etre un buvard !
#7
Posted 23 August 2005 - 11:06 AM
a.
#8
Posted 23 August 2005 - 11:57 AM
#9
Posted 29 August 2005 - 07:52 PM
Ca n'est que le deuxième que je lis de toi mais je trouve - personnellement et modestement - qu'il y a en toi du génie !
Et si ça n'est qu'un tatoueur qui t'a inspiré, ça donne le vertige.
J'aime le tourbillon des couleurs.
Ces tonalités qui font froid : le bleu d'hiver, glacial comme l'acier, comme l'eau gelée du lac, comme le colchique :
"Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtre comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux s'empoisonne"*
Le bleu de ses lèvres est sinistre comme la cyanose, un ange noir et de mauvais augure...
La vision que tu as des hommes est terrible, Cueldalie ; j'espère qu'il n'y a pas une douloureuse raison à ça...
Si tu es née jadis dans un colchique ou une violette de Parme, je t'en prie : renais en rose dans un fuchsia ou bien "bleu féminin" comme "Lul de Faltenin"*
Bien amicalement à toi !
Christophe
* Apollinaire
#10
Posted 30 August 2005 - 07:42 AM
#11
Posted 30 August 2005 - 08:00 AM
Comment avait-il pu m'échapper ?
Bises pour toi
#12
Posted 30 August 2005 - 08:11 AM
amitié
#13
Posted 30 August 2005 - 01:32 PM
#14
Posted 30 August 2005 - 07:34 PM
J'aime beaucoup ce poème, qui coule et crache le feu. Un texte qui vie et qui déborde de sincérité-sensibilité.
Bravo.
Amitiés,
Titibou.
#15
Posted 31 August 2005 - 11:43 AM
ce texte est passionnant.
On croirait y lire une histoire simple,
avec ses maladresses initiales,
et toute une violence qui émerge, se consent, et ne se contient plus.
Ce texte est beau parce qu'il prend à un point,
et mène à un autre, il conduit.
Ecrit dans une langue "autre",
mais haute, et intelligible.
Très ... hier,
et encore beaucoup, aujourd'hui
#16
Posted 31 August 2005 - 12:13 PM
Ravie de te retrouver Cueldalie
Tes mots me touchent et me surprennent, toujours.
#17
Posted 31 August 2005 - 12:38 PM
Très beau, donc... Difficile aussi, et exigeant, et je n'ai certes pas tout compris. Mais la musique m'a transporté.. Merci encore.
#18
Posted 01 September 2005 - 04:07 PM
il me glace et me réchauffe
encore une fois ... Excellent
Sue
#19
Posted 25 January 2006 - 12:25 AM
j'ai bien du mal à écrire des fois et c'est pour cela que je me fais rare. quand je dis "du mal", j'entends aussi par paresse... et c'est mal. je ne travaille pas assez et je le ressens. ma poésie crève de faim en ce moment. elle commence à gueuler et à taper des poings à l'intérieur.
va falloir que je m"y remette sérieusement parce que j'ai trop déconné là.........
#20
Posted 25 January 2006 - 01:42 AM
J'avais déjà fait l'ébauche d'un texte qui avait pour but d'évoquer ses couleurs (pas les couleurs du même bien sûre...), le sentiment y était, profond et sincère mais c'était d'une médiocrité décevante.
Merci.
#21
Posted 25 January 2006 - 09:16 AM
#22
Posted 25 January 2006 - 01:09 PM
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