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[Harry]

La matière s'est transcendée pour produire la vie, la vie biologique s'est transcendée pour donner l'esprit et l'esprit, lui, tantôt attiré vers le divin se met à imaginer des mondes cachés, tantôt désirant s'en retourner au néant originel se met à regretter le règne de la pure matérialité.
De toute façon il semble que le néant soit promis à un bel avenir. L'Être est vraissemblablement un accident assez incompréhensible tandis que le néant est l'état naturel de la matière en mouvement rectiligne uniforme. Que celle-ci se soit mise à un moment donné en état d'équilibre instable, jusqu'à prendre conscience d'elle-même fut sans doute un événement aussi improbable qu'inévitable et (ou mais) le fait est qu'elle y soit parvenue.
A l'échelle du temps cosmique, le soleil s'éteint bientôt et cette forme là de la vie retournera à son état d'anéantissement brut. Et ensuite ? Ensuite rien diraient les nihilistes. Pourtant il reste que la matière a réussi « cela ». Et imaginant un espace obscur et inerte avec des masses en déplacements même chaotiques, il faut aussi imaginer cela : la genèse de l'esprit.
Le débat n'est donc pas près d'être tranché entre la platitude éternelle et l'occurence d'autres formes d'expressions de la matière ou, si l'on préfère, d'autres formes d'expression de la vie. Ce qu'on peut dire, c'est qu'à l'échelle de l'existence irrémédiablement limitée de l'invividu, tout cela nous fait une belle jambe.

[Dedalus]

L'être n'est peut-être pas nécessairement à relier à l'esprit. Que notre époque soit nihiliste, certes. Cependant, je ne croit pas pour autant qu'il n'y a de l'être que quand il y a, ce qu'il me semble comprendre dans ton texte, de la vie pensante. Celle-ci n'est sûrement qu'un hasard infime dans l'histoire cosmique, mais elle peut aussi donner un sens à l'ensemble. Le reste n'est pas rien, au-delà même de l'humanité, il n'y a pas forcément que le néant. Je crains plus le néant de la pensée matérialiste aujourd'hui que la dispartition de toute forme de vie dans le système solaire le jour ou le soleil explosera. Car aujourd'hui, nous nous flagellons en nous rendant à la barbarie. Mais après que le soleil explose, ensuite il n'y a pas rien. Il y a en quelque sorte le grand miracle du hasard cosmologique. Et la question n'est peut être pas tant de penser après nous, mais déjà nous de nous comporter en humain ici et maintenant et non en machines animales, assoifées de pouvoir et de jouissances matérielles, de plaisirs faciles et grossiers.
Je ne crois pas que la question de l'être par rapport au néant se pose dans un futur tellement lointain qu'il parait hypothétique. Elle se pose pour chacun à tout instant, dans la mesure ou l'on est tenu de faire des choix. Classiquement, Thomas d'Aquin lie l'être, le bon et le beau.
Bref.
Salut.

[Joa]

...

[Harry]

L'être n'est peut-être pas nécessairement à relier à l'esprit. Que notre époque soit nihiliste, certes. Cependant, je ne croit pas pour autant qu'il n'y a de l'être que quand il y a, ce qu'il me semble comprendre dans ton texte, de la vie pensante. (...)

Salut,
oui mon texte est une sorte d'impression sur "le grand miracle du hasard cosmologique".
L'être ne se résume peut-être pas à l'esprit mais il me semble que l'esprit en soit la manifestation la plus intéressante. Il est parfois difficile de trouver un sens à tout cela et c'est ce que ma dernière phrase exprime. Mais cette phrase pourrait aussi très bien exprimer ce que tu dis ensuite

Et la question n'est peut être pas tant de penser après nous, mais déjà nous de nous comporter en humain ici et maintenant et non en machines animales, assoifées de pouvoir et de jouissances matérielles, de plaisirs faciles et grossiers.
Je ne crois pas que la question de l'être par rapport au néant se pose dans un futur tellement lointain qu'il parait hypothétique. Elle se pose pour chacun à tout instant, dans la mesure ou l'on est tenu de faire des choix. Classiquement, Thomas d'Aquin lie l'être, le bon et le beau.