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- Par La Fenêtre


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#1 Olivannecy

Olivannecy

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  • TLPsien
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Posted 21 September 2006 - 05:11 PM

- Par la fenêtre


Il était une fois,
Il y a fort longtemps,
Un gentil damoiseau
Qui s’éprit d’une gente dame.
Pour lui, ce monde
N’avait rien de plus beau…
Pour lui, la ronde
Des jours embellissait l’âme.
Il écrivait, jouait, chantait
Des ballades bucoliques
A n’en plus finir.
La belle, en sa poivrière, accoudée,
Laissait monter à elle les stances
Que son baladin en joie
Lui livrait sans faillir.
Même si cela ne plaisait guère
A son père qui envoyait sa clique
Régulièrement pour déloger
Le passereau de circonstance,
Elle se laissait charmer
Par les mélodies variées de son solitaire,
Délivrant son cœur à tous les vents.

Un jour, plein de hardiesse,
Il lui proposa de la rejoindre
En sa chaste chambre perchée
Pour lui livrer ses poèmes
Qu’il avait écrit avec tendresse.

Un soir, quand la lune commença à poindre,
Il arriva tout harnaché.
De la hauteur, il n’en faisait pas un problème.
A l ‘aide d’une arbalète,
Un long grappin il lançait.
Ratant sa cible d’une coudée,
Il faillit bien le reprendre sur la tête.
Mais qu’à cela ne tienne,
Il s’arma d’une nouvelle tentative.
Bloquant sa respiration, il visa preste
Et tira vers sa dulcinée.
La chance lui sourit. Il fit mouche.
Sa belle, en écart de la scène
S’arrangeait de façon hâtive,
Tandis que le bellâtre grimpait
En rêvant secrètement de sa couche.

Dieu que c’était haut !
Heureusement, une douce brise
Tendrement le berçait.
Il n’en fut pas moins quelque peu épuisé
Quand il atteignit enfin son but.
Il jeta un regard dans la chambre de son exquise
Tout en enjambant le rebord
De la fenêtre de sa destinée.

Il prit son luth, d’un accord
Fit vibrer ses cordes en intro…
La belle tressaillit aux premières notes
De peur qu’un garde n’entende
Le ramage de son bel oiseau.
Elle lui demanda discrétion
En se rapprochant de sa fenêtre.
Il lui murmura entre ses quenottes
Les mots formulant sa demande.
Sortant un bouquet de son fourreau
Il lui fit clairement part de ses intentions.
Qu’elle ne le juge pas sur le paraître.
Il n’avait certes pas haut rang de noblesse,
Mais tout de même un fief dans un grand vallon.

La lune déclinant, le temps presse.
Voilà qu’il s’élance d’un bond,
De toute sa prestance,
Transporté par son amour aveugle.

Brusquement la porte s’ouvre violemment,
Livrant le passage au père
Qui, ivre de colère, beugle,
Alertant sa cohorte pour lui prêter assistance.
Poussé par son élan,
Perdant ses points de repère,
Le prétendant en haut vol,
Se laisse porter par cette vision :
Sa belle lui souriant stupidement,
Le vieil hirsute tout en fusion
Voulant le choper au col
Et lui se débattant.
Le bouquet à la main,
Il fait signe à sa donzelle,
Bondissant par la fenêtre
Et ratant son grappin.

Ah ! que la nuit est belle…
Sans le laisser paraître,
Il entame un autre refrain
Pour amortir sa chute.
Son luth dans une main,
Le bouquet toujours dans l’autre,
Il s’écrase comme un coing
Trop mûr sur le parvis.

Le père jura qu’elle en verrait d’autres,
Mais choisis avec soin
Et non pas en catimini.


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