6 replies to this topic

[Manon Huot]

[Deirdre]

une façon originale et percutante de traiter le sujet.

[Harry]

Oui c'est un texte qui surprend.
Mais sur le fond j'ai une réticence :
ce n'est pas tant la planète qui souffre - elle se remettra toujours de tout - que les générations futures qui sont en grand danger.

[Manon Huot]

Merci de ton appréciation, Deirdre

La déforestation, la qualité de l'eau, l'épuisement des ressources, la terre s'en remettra, je suis d'accord, mais à quel prix ? C'est vrai, Harry, les futures générations auront du pain sur la planche. Quel est ce grand danger dont tu parles ? Une conséquence des soins négligeants accordés à notre terre ou l'héritage d'un comportement ? Ce serait intéressant d'approfondir le sujet sous cet angle.

Merci de ta lecture et de ton commentaire qui porte à réflexion

[Pritos]

C'est un sujet plus que d'actualité, hélas!

Moi, je verrais plutôt les humains, enfantés par la Terre, la dévorer sans vergogne, se prenant pour les nouveaux dieux et retournant l'infanticide de Chronos contre leur propre mère.

Car il y a quelque chose d'incestueux, dans ce viol collectif, non?

Je ne crois pas d'ailleurs que beaucoup de victimes d'agressions sexuelles, ressentent à cette occasion de la jouissance, même douloureuse.

Ce sont des réserves qui ne doivent pas, j'espère, te porter ombrage, Manon. Ton poème est bien ficelé. Il faut un esprit épique, au point où nous en sommes, pour espérer faire réagir! J'espère que la Terre ne sera pas la nouvelle Ilion. Car je ne crois pas que nous revoyions jamais Ithaque...

[Manon Huot]

Non, Pritos, aucun ombrage, au contraire ! J'apprécie ta lecture attentive, et tu as raison, l'orgasme ici peut porter à confusion. En fait, c'est l'idée d'une réaction incomprise qui m'a fait choisir ce mot. Ce peut être quelque peu malsain, mais je faisais un parallèle avec un viol au sens propre, tu sais, quand les agresseurs interprètent les contorsions d'une victime, genre : "Ouais, ça lui plait, regarde, elle en redemande"

Ton interprétation "incestueuse" me plait, si je peux m'exprimer ainsi. En effet, malgré que je n'aie pas développé mon texte en ce sens, c'est approprié. Oui, comme nombre de mères, la Terre enfante l'humain dans un acte où se confondent plaisir et souffrance.

On pourrait en parler longtemps, mais pourra-t-on agir à temps ?

[ORIENTEUR]

Le viol collectif

Par sa ligne invitante aux collines dressées,
Elle savait créer une impression troublante,
Impudique, indécente, elle aimait s’exposer,
Étendue à vos pieds, offerte et consentante.

Intimidés d’abord, à tâtons hésitants,
Avides cependant d’exploiter ses trésors,
En vous croyant plus fort que l’espace et le vent,
Vous avez sciemment déterminé son sort.

Vous pouviez, à loisirs, la toucher, l’explorer,
La prendre à volonté, y puiser le plaisir,
Combler tous vos désirs jusqu’à la pénétrer
Pour mieux la posséder, la dompter et en jouir.

Ce que vous avez fait sans considérations,
En reniant son nom puis repus, satisfaits
Et sans aucun respect pour son ventre fécond,
Vous lui faisiez le don de vos poisseux déchets.

L’orgasme la secoue dans d’atroces souffrances,
Un hurlement intense, imprégné de dégoût,
Surgit d’on ne sait où, suppliant la clémence,
Un cri d’une puissance à distendre les joues.

Vos toxiques poisons infiltrent sa blessure
Ouverte qui suppure en pleurs nauséabonds,
Laissée à l’abandon comme une infecte ordure
Elle expire l’impur soupir de soumission.

Morte la nuit dernière aux soins palliatifs,
Son état maladif n’était pas un cancer ;
Abuser de la terre est un vol collectif
Mais demeurer passif est un viol planétaire.

Manon

Sujet particulièrement grave, dommage qu'il soit traité de façon singulière...