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Spaghetti


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14 replies to this topic

#1 missix

missix

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  • TLPsien
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Posted 18 September 2006 - 12:06 AM

Le jour où j'ai appris à dompter les battements de mon coeur, j'ai commencé à m'enfoncer. Doucement. Sans bruit, dans la terre. Ce devait être le mouvement contradictoire de mon horloge et du temps qui passe. Ceci alors qu'elle tourne, sans horloge et sans rien montrer de sa danse si ce n'est ses cieux qui changent. Le jour où j'ai appris à dompter les battements de mon coeur, tout s'est mis à défiler au ralenti. Un film sans action au ralenti c'est l'enfer. Pour me distraire, il y avait bien ces films pétris de bons sentiments à gerber d'ennui. Des princes si vaillants que l'on se demande comment des Val ou Petit Jeans vêtus de toile d'avant le cow-boys ont pu exister dans le coeur des sans soupes. Des femmes si tendres que de leurs mamelles, seul, du lait condensé pourrait couler nourrir le fruit de leur chair. le jour où j'ai appris à dompter les battements de mon coeur, j'ai commencé à m'enfoncer dans la pourriture la plus exquise. Celle des vers. Et ces choses que tu vois là, au milieu de ce magma gluant de mes mots, ce sont mes doigts. Tendus vers toi. En échange de ces étranges nouilles, aurais-tu la bonté de me rendre la chose flasque et brunâtre dans ton jardin. Tu vois, à force de ralentir les battements de mon coeur, j'ai mis du temps à réaliser que j'avais oublié mon coeur à tes pieds.

#2 missix

missix

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  • TLPsien
  • 707 posts

Posted 18 September 2006 - 05:35 PM

Tu vois, la différence, c'est qu'avant, avant d'être ce jouet désarticulé entre tes mains, j'articulais mes mots comme on rêve. Eveillé et en transe. Entre ciel et mer, en coquillage sans quille ni béquille.
Je n'écris plus, tu sais. J'ai perdu mes mots. Perdu l'émail de mes dents à sucer des agrumes, perdu l'émail de ma coquille, mon Glück, perdu mon bonheur, lentement. (Pour la référence artistique je vous renvoie à René Fallet). Il y a tant de bulles qui se perdent dans l'air et les flots. Je ne rêve pas, plus.
Ces mots là, je les écris de je ne sais d'où. Une divagation de plus, je pense, comme dans un rêve. Un rêve dont on sait qu'il n'apportera rien. Ni douleur ni bonheur. Ni violence ni tendresse. Un rêve comme tous ces rêves qui ne servent à rien. Qui se passent de nuit. Porte qui clot le jour de ces mots vide.
J'ai lu l'autre jour une citation de Valery disant qu'un poète qui écrit qu'il pleut n'est rien. Quelle chance que jamais, je ne me suis prétendue poète. Je n'ai pour seuls mots que la pluie. La pluie qui tombe, la pluie tombe, tombe, tombe. Et le soleil, le soleil n'est qu'une façon de parler de la pluie qui sèche. Et les nuages ? ils ne sont que prémices de pluies à venir. Le froid ? De la pluie transformée en cristaux. La pluie. Toujours la pluie. Il pleut dans mon coeur, sans raison. Bien sûr. Il pleut sans peine, d'un grain au souffle de grisou.
Je n'ai plus mal. Tout m'est si égal que même la mort des cigales, ces jours, m'indiffère. je pourrais d'ailleurs écrire plusieurs pages sur ce phénomène incroyable des cigales. etcetera, etcetera. Ce serait prendre la peine, et la peine, j'en ai eu pour une vie, merci
.

#3 missix

missix

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  • TLPsien
  • 707 posts

Posted 19 September 2006 - 02:25 PM

le vent et les rochers cela vous arracherait n'importe quel toit
mais pas toi.
Toi tu t'envolerais, plus loin encore.


Tu vois, je sais que le temps console de tout, sauf d'une confiance trahie.

Edited by missix, 05 November 2006 - 06:52 PM.


#4 missix

missix

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  • TLPsien
  • 707 posts

Posted 19 September 2006 - 03:01 PM

Merci ~wldp~

Il est toujours gratifiant de voir l'effet des mots.

#5 missix

missix

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  • TLPsien
  • 707 posts

Posted 19 September 2006 - 05:20 PM

Parfois, tu sais, j'aurais voulu posséder, mieux, ce tranchant du solitaire, cette quintessence sublime à rayer d'un éclat, à peine retroussé, les teints vitreux alentours.

Edited by missix, 05 November 2006 - 06:52 PM.


#6 Silences...

Silences...

    Totor le rugueux

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  • Parcours poétique:Depuis le "petit- rien" jusqu'au "Grand-Tout" mais je ne saurais pas vous en parler en 2 lignes

Posted 19 September 2006 - 06:44 PM

Chère X (je mets X pour inconnue) je te trouve fascinante... Pourquoi ? c'est un peu d'une histoire d'il ya 35 ans que je retrouve avec tous mes regrets inexprimées, mais je n'ai jamais su dans le labyrinthe des amies-amantes quelles étaient les reminiscences de ce passé, puis refaire une vie à part et effacer 35 ans d'une vie différente ce serait sans doute un autre monde... En amour j'ai la fidèlité d'une icone mais pas la réalité, je suppose que dans le monde où nous vivons c'est celui que l'on a choisi mais je n'en suis pas si sûr

#7 missix

missix

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  • TLPsien
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Posted 19 September 2006 - 09:52 PM

Merci Silences.
J'aime bien le nom que tu m'as donné. Chère X. J'ai hésité avec Sheryx.

Merci pour tes mots.
Les regrets. Les regrets sont des journées perdues. Des caisses vides. J'ai découvert une suite intéressante de cette nouvelle de Dino Buzzati (je sais plus comment ça s'écrit, me souviens, juste). Si l'on a pris soin, soi-même de ne pas se retrouver, un jour, face à des dizaines de caisses comportant les journées que l'on a perdues, à savoir perdues à ne pas parer aux regrets potentiels (il prenait pour exemple le chien abandonné sur l'autoroute que l'on a laissé là, la grand-mère à qui l'on a oublié de dire aurevoir...) il est un regret qui est supplice que je ne souhaiterais même pas à mon pire ennemi : c'est être dans une de ces caisses, la caisse d'une autre personne. Comme dans une chambre noire, comme Leika dans le cosmos. Une expérience qui, comme toute expérience, doit certainement être un enrichissement comme tout tiroir caisse.

Disons que pour l'instant, toutes les caisses où j'ai bourlingué m'ont permis au moins de trouver une façon étonnante de voyager. De m'éteindre en place de l'étreindre.

Edited by missix, 19 September 2006 - 10:01 PM.


#8 Silences...

Silences...

    Totor le rugueux

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  • Parcours poétique:Depuis le "petit- rien" jusqu'au "Grand-Tout" mais je ne saurais pas vous en parler en 2 lignes

Posted 20 September 2006 - 12:44 PM

Chère Miss Ixe , j'ai longtemps comme buzzati gardé des caisses de souvenirs mes cours , mes expériences littéraire, mes papiers divers qui trainent depuis des lustres, des photos ratées aussi mais pas toutes les bonnes, pas toujours celles de ceux que j'aime et qui m'aime mais malgré ce choix, je vis dans un musée ou plutôt dans une galerie d'art contemporain, c'est comme mes amis poètes, je garde car on ne sait jamais... Mais est-ce que çà vaut quelques choses pécunièrement ? Je me pose encore la question... Parmi mes amies et amis peintres, peut être que ... Mais dans ce peut-être il ya aussi mes amis poètes qui se soucient peu de ce que je deviens... Il doit en être de même pour mes amis peintres... Je sais qu'en peinture ce qui fait la cote c'est les publics-relations qui arrivent à s'immiscer dans les milieux où il y a de l'argent... Alors que mes amis peintres c'est une question de feeling... Peut être que mes descendants auront de bonnes surprises... C'est extrèmement aléatoire quand à savoir qui aura la cote et qui restera à jamais inconnu... Buzatti dit donc ? Ce n'est pas lui qui a écrit aussi le désert des tartares où il parle de type qui attendent toute une vie la cause de leur présence dans un lieu... C'est fascinant aussi... Je connais cette histoire depuis ma jeunesse par Jacques Brel dans sa Chanson Zangra,

#9 missix

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  • TLPsien
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Posted 20 September 2006 - 06:04 PM

merci Silences, pour cette lecture.

Je n'arrive pas à poser des mots, parce que je n'ai rien à répondre.
Mes caisses vides n'ont aucun silence que je regrette.
Mes cartons de souvenirs, eux, regorgent en piles bien ordonnées, de sourires, rires, de pleurs (ouh, elle est énorme, cette pile là), mais j'ai trouvé un système d'aspiration, de vide d'air qui compacte tout ceci super bien. Il faut toujours garder à l'esprit que le manutentionnaire n'est pas là pour vous consoler.

Pauvre Dino, étrange comme le monde se plaît à ne retenir que les évidences, les gros titres, les succès de mots devenus pellicule. La nouvelle dont je parlais, et face à laquelle mes mots sont une insulte au genre est à lire là :

http://www.site-magi...com/txtarg6.htm

ceci dit la page elle-même est l'exemple du travail de lectures qui a failli me dégoûter du papier, enfant.

Edited by missix, 05 November 2006 - 06:51 PM.


#10 missix

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  • TLPsien
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Posted 20 September 2006 - 06:28 PM

Je me suis blottie contre la table et j'ai regardé autour de moi.
Ne se connecter que pour pouvoir utiliser certaines fonctions pratiques du site
Le chagrin distyle, chaleur et glace, s'évapore toujours. Tièdement.
Je n'écris pas, je ne ressens plus du tout ce besoin viscéral de dire, et écrire ne fut jamais qu'un distillat de choses paraissant essentielles.
Si je devais mourir demain, je me demande s'il serait juste de dire que j'ai eu, un jour, ce besoin
de dire, de partager, un mot contre un sourire, un sourire pour une envie de dire, un dit, marre je dis. Je ne sais plus très bien si c'est le besoin d'écrire pour dire qui fut passager, ou cette absence de désir qui est passager de ma vie.

Je me contente de répondre parfois. Sublime nuance entre le monde de la création et la simple décoration. Redresser une serviette ici, essuyer un verre, là, lisser une nappe. S'en draper, sans driller.

Se surprendre à mesurer tout ce qui ne nécessite plus d'être écrit,
n'être en somme rien de plus ni de moins que sa propre écholalie

Edited by missix, 06 November 2006 - 07:06 PM.


#11 missix

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  • TLPsien
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Posted 22 September 2006 - 06:41 PM

Il est des pluies qui ne font germer que l'orgelet, des sillons roses.
Pluie qui immonde tout en pouture.

mais cela peut avoir, certes, un côté germant.

Edited by missix, 05 November 2006 - 06:50 PM.


#12 missix

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  • TLPsien
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Posted 30 September 2006 - 09:53 AM

Citation (~wldp~ @ Sep 29 2006, 11:20 PM) <{POST_SNAPBACK}>
'j'ai perdu tant et temps d'amour à t'aimer.' ... comme une tristesse infinie...


Et sauter les pieds dans l'eau en tendant son micro

J'adore cette image

en fait chaque image, chaque mot, chaque note, y compris la note finale, si disharmonieuse, de cette chanson est une plaisance.

#13 missix

missix

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  • TLPsien
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Posted 15 October 2006 - 09:00 AM

et ne retenir
que l'absence

Une absens
d'une violence
insensée



(forte de mes 312 lectures, dans mon coin, en bas, je crois ne pas pêcher d'égocentrisme nombriliste en me upant, ce que je n'ai pas pour habitude de faire, vous en conviendrez)

Et surtout

pour la chanson, dont je pense avoir écrit chaque mot.



#14 Artemisia

Artemisia

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Posted 17 October 2006 - 04:58 PM

et une lecture de plus...
Ton texte est prenant, et poignant.

Artemisia

#15 missix

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  • TLPsien
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Posted 18 October 2006 - 11:14 AM

Oh moi, tu sais, on m'a reproché, un jour, de n'avoir pour seule envie que d'être commentée, pour seul souhait que d'être lue, pour seul plaisir que de briller, alors, dans l'ombre, la solitude et le bonheur d'être à mille lieues de ces commentaires, je m'étale.
Et il m'est tellement égal d'être lue, commentée ou comprise que je suis, oui, enfin libérée !

Edited by missix, 05 November 2006 - 06:49 PM.





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