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[Vasavoirsi]

Au milieu de la rue. C'est là où je suis. Je ne bouge pas. J'ai le temps. Tout mon temps. Aujourd'hui, un homme ne me demandera pas de m'en aller. Je n'entendrai pas le sifflet strident. Aucun geste de la main. Gantée de blanc. Il ne me prendra pas par le bras et ne me poussera pas vers le trottoir. Me sermonnant.

- C’est dangereux Madame. Il ne faut pas rester là.

Tiens oui ! Il ne me sermonne pas.
On ne se rend vraiment pas compte des choses. Bon sang ! Quand même ! Je suis au milieu de la rue ! C'est rare de l'être. D'y rester.
C'est vrai quoi. On est toujours sur les bords. À droite. À gauche.
Mais jamais en son centre. Et là, j'y prends mes aises. Je m'étale. Je me répands.

C’est joli un milieu de rue. Vraiment. Vous devriez essayer. On voit la rue autrement.
Un centre ça impose. Vous exhibe. Ça vous flanque à découvert.
Et me voilà ! Je suis un Matador. Un matador avec sa toile rouge qui se déploie. Rouge devant la chose là bas. Qui se rapproche. J’agite le rouge. J’appelle. Je me dresse fièrement. Je sais que je vais l’esquiver. Je tournerai autour de ça. Et j’entendrai les vivats de la foule.

Au milieu de la rue. C’est là où je suis. Je ne bouge pas.
La foule est là. Elle n’acclame pas. Elle est étrange. Je me demande si elle a trouvé cela beau. Si j’ai pu lever la toile assez tôt. L’homme ganté a des traces de rouge.
Des yeux s’accrochent. Des mains cachent les bouches. Des paroles s’envolent. Un homme s’excuse. Pleure. Il ne l’avait pas vu. Il était pressé. La femme a été percuté.
- Mon dieu. Oh mon dieu.
C’est beau. C’est vraiment beau. Ils sont tous au milieu de la rue. Avec moi.


Corinne

[Pritos]

"Il ne l'avait pas vu. Il était pressé. La femme a été percuté(e)."
C'est tout ce que je retirerais de ton poème, pour que le voile ne se lève pas trop vite.

Sinon, j'ai donné tête baissée dans ton jeu. Sauf que je l'ai fait exprès. Et ma foi, je vois trente-six chandelles en forme d'étoiles. L'effet est un peu surréel, quoique tout soit logique.

Beau, ton texte, malgré son goût de vitriol.

[Artemisia]

Au milieu de la rue,
au milieu des carrefours
des croisements
des chemins étranges
lieu de tous les dangers
de tous les risques
lieu de toutes les rencontres
entre ici et ailleurs,
entre le ciel et la terre,

c'est aux milieu des routes ,
qu' avaient lieu les sabbats de sorcières,
les fêtes paîennes

c'est au bord des routes que se rencontrent les démons,
les elfes
et les mauvais génies
ou les bonnes fées,
les dames blanches,
demoiselles si pures et translucides
qui vous demandent
de les prendre en chemin
puis vous abandonnent
sans laisser
aucune trace.

La route ne mène pas toujours où on le croit,
on ne prend pas toujours la route que l'on attend

et pourtant...


Artemisia

[Vasavoirsi]

"Il ne l'avait pas vu. Il était pressé. La femme a été percuté(e)."
C'est tout ce que je retirerais de ton poème, pour que le voile ne se lève pas trop vite.

Sinon, j'ai donné tête baissée dans ton jeu. Sauf que je l'ai fait exprès. Et ma foi, je vois trente-six chandelles en forme d'étoiles. L'effet est un peu surréel, quoique tout soit logique.

Beau, ton texte, malgré son goût de vitriol.

C'est vrai qu'il y a un goût de vitriol. Plein la bouche. Ça coule. Ça s'écoule. Ça brûle le corps. Lui laisse si peu de chance de s'en sortir. Cela montre la mort. La met en scène. C'est un extrait de vie. Un arrêt sur image.

Merci à toi Pritos.

Corinne

La route ne mène pas toujours où on le croit,
on ne prend pas toujours la route que l'on attend

et pourtant...
Artemisia

Et pourtant ?

[Artemisia]

Et pourtant ?

Et pourtant, on prend toujours la route que l'on devait,

puisque de toute façon
dans tous les cas,
elle nous mène toujours
finalement
au même endroit...

Artemisia