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Bassklar

Member Since 20 Dec 2005
Offline Last Active Jan 06 2006 05:27 PM
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Topics I've Started

RN 83

05 January 2006 - 02:04 PM

Un dieu assassin crayonne, maussade,
Sur le matin noir d’une aube livide
Un soleil pourri de printemps sordide
Écœurant d’oranges écrasées et fades.
Sur ta moto bleue lancée au galop
Poursuivant la lune partie pour demain,
Tapant un poker avec le destin
Tu forçais la chance en misant plein pot.

Écuyer des routes jusqu’à ce tournant
Au blason blafard de gris et de gueules,
Un instant d’espace tu t’adoubas, seul,
Chevalier du ciel puis prince de sang.

Je fus près de toi dans cette aurore sale
Tenant dans mes mains ton heaume entrouvert
Sur des yeux si blancs qu’ils semblaient de verre
Humide et perlé d’angoisse animale
De sentir frémir sans pouvoir le fuir
Le Scorpion des Sables ,dans l’herbe mouillée,
Mortellement là, atrocement vrai,
Entamant déjà ton armure de cuir.

Un moment ,sans doute, tu fus héroïque,
Secoué parfois d’une quinte royale,
En jetant le gant au Héraut Fatal
Quand tu devenais une statistique.

Les mots transparents que tu balbutias,
Terrifiants de plomb, effrayants de vie,
Étaient mystérieux comme ton premier cri.
Je fus sage-femme au lit du trépas.
Ces syllabes blanches, comme indifférentes
A ton âme errante partie en croisade,
Frissonnantes et dures à tes lèvres froides,
Hantent ma mémoire les nuits d’épouvante.

Les gyrophares fauves hurlant tels des hyènes
Nous trouvèrent ainsi, parmi les vautours,
Quand, dans ce désert ensablant tes jours
J’ai vécu ma mort en voyant la tienne.

Poème de Noël

27 December 2005 - 11:00 AM

Le crayon en main, le verre à la bouche,
Coi dans un coin du canapé
Conquis à la fourchette sur le sapin farouche
A l’abri des marrons glacés,
Je cherche un sujet cuisiné au beurre,
L’étincelle d’un poème éteint.
Le briquet dans ma tête se noie dans les vapeurs
D’un très catholique festin.

L’ambiance est lourde et ma foi propice
Aux borborygmes artistiques.
Mais mon cerveau graisseux rissolé aux épices
A des finesses de barrique.

Une idée voyons ! et de circonstance
Puisée à ma cervelle vineuse
Qui rumine des rimes et confie à ma panse
Le soin d’une réflexion heureuse.

Un rot d’intellect et je crois tenir
Un propos noble et héroïque
Quand une ode élégiaque venue du fond d’un Kir
Secoue ma brioche poétique.
M’en irais-je croquer en des tons pastel
La Beauté de Dame Nature ?
Mon bulbe rachidien est farci aux airelles
Et je peins à l’huile de friture.

Je stimule mon foie pour trouver un thème,
Les truffes fondent en poésie.
Je mélange mes méninges patinant dans la crème
Au café la bûche me scie.

La soirée s’avance, je dore prés d’une poêle.
Le gigot saute sur mon repas
Et le Mouton-Cadet s’évapore de ma moelle.
Mon poème ne se fera pas...

Docteur David et Mister Goliath

24 December 2005 - 11:45 AM

Il m’ont dit, haletants, de ne pas y aller
Trop certain il était que la mort m’attendait
Mais j’y fus.
Roi je défuncte, roi j’ai vécu
Sans trembler.
Dans la plaine angoissée, je me suis avancé
Vent, silence et poussière, tout semblait annoncer
Le Géant.
Peur, je te chasse de mes tourments.

Il est là, bave aux lèvres, immense et infernal
Des épaules d’éléphant, un regard de chacal
Dans mes yeux.
La main alourdit d’un épieu
Colossal.
De son poitrail de bœuf monte un cri animal
Mais point ne faiblirai, point ne suis une Vestale.
Plût aux Dieux
Que ma victoire leur soit loyale.
Il s’approche, terrifiant, la démarche bestiale.
Lors ma main se saisit de la fronde ancestrale
Et la pierre
Lui déclame sa stance dernière
Et létale.
La bille sur sa tête le frappe d’estoc fatal,
Le chef ensanglanté, il passe, dans un grand râle.
Point peu fier
Ne suis d’avoir occis le mal.

La Cité m’accueillit comme un Héros des Jeux
Oncques ne vit jamais un peuple plus heureux
Et mon nom
Est de courage et de raison.

C ‘est curieux
Tout de même depuis, cette bosse sur mon front....

Sonnet pour ceux qui aiment le thé

21 December 2005 - 12:00 AM

Sonnet pour ceux qui aiment le thé
ou
Solitude en famille




Tourne tant que tu tiens ton destin dans tes mains
Et que timidement ta maman, méthodique,
Tente de t’entraîner, trop tôt pour ce matin
A tirer tel parti d’un remède émétique.

Continue de tourner ! Ta tante te maintient
Que tu l’aimes autant qu’une moto asthmatique.
Son testament t’attends d’un petit air mutin.
Ton attention pour elle est toute mathématique.

Mathilde maintenant t’attaque. Tourne, et tais toi !
Ton silence se mute en mythique métal.
Pratique la tactique d’un mutisme matois :

Traitant mentalement ces femmes remontées
De menteuses tu ne peux, méditant sur le mal,
Que tourner tristement dans ta tasse ton thé.