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Ce fut un homme, je dis ce fut car il n'est plus
Déjà là depuis si longtemps, plus de nom, c'est un inconnu
C'est un numéro au milieu de tant d'autres.
Il n'a pour confidents que les murs victimes du temps
Les barreaux pour seuls paysages, le même encore et toujours.
Il ne pleure plus la solitude, il la domine, il le sait c'est bien fini
Il paye chaque jour et chaque nuit dans ce taudis humain
Il paye de son temps et de sa "vie" le sang coulé par les mains d'un autre
Mais quelle vie? Il n'a plus de vie, en tout cas il ne sait plus ce qu'est la vie
Parfois il se demande à quoi ressemble la mort, quelle visage, quelle odeur.
La seule chose encore qu'il a de plus beau c'est le rêve. Il peut rêver, rêver d'espoir, mais le fait-il? J'en doute, il pleure cette injustice qui a fait de lui un martyre du temps
Ce matin, il a regardé le sol détournant son regard du ciel, de Celui qui Est. Il nous a quitté depuis si longtemps oublié par ses proches.
C'est un oublié de la vie mais moi je veux composer pour lui, ne pas oublier l'inoubliable: la vie. Lui aussi a un coeur, lui aussi est victime, non coupable.
Bouc-émissaire comme tant d'autres, il a peur, peu de t'oublier toi Liberté, toi l'espoir de toute vie.
Sa mémoire faute d'image commence peu à peu à oublier ce qu'est le sourire d'un enfant, l'effet de caresser la peau d'une femme, de sentir les saisons passer. Ici c'est tous les jours l'automne, on se meurt comme les feuilles des arbres, plus de parfums ni de couleurs. Tout est noirceur. L'homme serait-il animal?
C'est un être noyé dans l'oublie, cet oublie perpétuel qui le rend fou chaque jour.
Je pleure pour lui moi ici et lui si loin Je ressens la pitié qui monte en moi. Le pauvre, il n'en voudrait pas, il voudrait mourir.

Baltazar Nicolas, "Noyé dans l'oublie". Essai poétique. 2002.

[heloise]

"Ici c'est tous les jours l'automne, on se meurt comme les feuilles des arbres"
Bel euphémisme pour décrire l'univers carcéral
Et beau texte
Bises pour toi mon ange

[mima]

je trouve aussi que c'est un très beau texte : de part l'écriture et de part le contenu.
il est bon de penser de temps en temps à ces personnes qui sont enfermés.

amicalement
mimada

Merci beaucoup je tenais à écrire pour ceuxw qu'on oublie, évidemment je ne veux pas choquer en prétant attention aux coupables de crime mais je dis que la justice est parfois mal faite, et coupable ou pas, l'humain est homme et non animal. Merci à vous mes chers ami(e)s!!!