Jump to content


Photo

Toi Paris, Je T'ai Dans La Peau (iii)


  • Please log in to reply
No replies to this topic

#1 Paname

Paname

    .............................

  • TLPsien
  • 722 posts

Posted 18 December 2006 - 03:27 PM


Bien que né dans une belle province de France, comme les quatre cinquièmes de mes concitoyens, je n’ai pu échapper à toi, mon cher Paris, et bien avant de te découvrir dans ta chair et ton os !
Le simple fait d’avoir, dès l’école primaire, vu et revu, appris et aimé, et jusqu’à en rêver, les fascinantes toiles d’araignées aux couleurs chatoyantes des grandes cartes murales de la collection Jean Brunhes, m’a convaincu très tôt de ton incontournable et suprême importance.
Mon maître les tirait régulièrement de leur casier de bois peint, avec la même précaution révérencieuse que celle de monsieur le Curé extirpant le saint sacrement de son tabernacle, pour les suspendre face à l’adoration, sinon générale, du moins face à la mienne.

Qu’elles dessinent en étoile routes ou chemins de fer, j’avais toujours devant les yeux ce gros animal tapis au centre de la toile, tenant toutes les ficelles, à la fois source et aboutissement de tous les cheminements, quelles qu’en fussent les couleurs.
Dominateur régnant en maître absolu, et dont le nom en gras et seul de sa taille me frappait le regard, martelant dans ma tête ses deux syllabes magiques : PA-RIS…PA-RIS…PA-RIS…
Depuis ces jours lointains, j’ai su que je devais te rencontrer, et le plus vite possible.

Ecouter et apprendre, après les cartes de géographie, des leçons d’histoire qui, neuf fois sur dix et à tort ou à raison, me parlaient de toi, de toi et encore de toi, n’avait pu que me renforcer dans mes certitudes d’enfant.

Mon vieux maître n’a sans doute jamais su pourquoi (mais s’est-il jamais vraiment posé la question ?), après la leçon de géographie qui se terminait juste pour quatre heures le lundi, je ne me précipitais pas comme les autres jours avec mes camarades vers mon pain et les deux barres de chocolat Ménier enfoncées dans sa mie rassie.
Pourquoi je tenais, après tacite reconduction de la permission que j’avais fini un jour par oser solliciter, et que, Ô bonheur, il m’avait accordée dans le haussement d’un sourcil dubitatif, à monter sur une chaise, à me saisir de la lourde carte qui me dépassait presque, et à l’emmener délicatement quoique bien serrée, le cœur tapant fort, le nez frottant contre la grosse bête encore plus grosse vue d’aussi près, jusqu’à son support dans le profond casier qui abritait les grands trésors.
La bête PA-RIS pouvait se rendormir là jusqu’à lundi prochain, et moi je pouvais courir retrouver les copains. Mais j’oubliais souvent mon goûter : le lundi à quatre heures, j’avais faim de toi, mon Paris !

Je remercie mes chers maîtres et maîtresses d’antan de m’avoir si tôt donné comme l’appétit de toi…





1 user(s) are reading this topic

0 members, 1 guests, 0 anonymous users