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vallée

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Les Poètes M'ennuient

10 September 2006 - 09:48 AM

les poètes m’ennuient ceux qui depuis leurs mots assemblés à la chaux
pensent définitif pensent que leur pensée pensent qu’ils croient penser
ils m’ennuient avec leurs façons de poètes leur attirail disciplinaire
l’œil fixé nulle part comme s’ils savaient déjà ce qu’ils n’apprendront pas
ils m’ennuient les poètes d’une manière inimitable parce qu’ils sont poètes
qu’ils alignent les mots et qu’ils les désunissent qu’ils triturent la langue
qu’ils l’arrachent aux tenailles comme on torture encore un peu partout
et qu’on la jette cette langue sanglante jette aux chiens comme un foie de poulet
ils m’ennuient avec la lune et les larmes parce que même si jamais et jamais
ils n’utilisent le mot lune ni les larmes les poètes justement cette absence
fait qu’ils sont les amants de la lune et des larmes et qu’ils font croire
qu’eux aiment et que les autres alors que font–ils de leur cœur aussi
sanglant et nu personne ne répond et personne ne répond parce qu’on ne répond pas
au poète on l’écoute et l’on ne répond pas parce que sa parole a usé la langue
déjà sanglante et arrachée et jetée aux chiens et que l’on ne peut pas répondre
avec un foie de poulet à la place du cœur que les poètes ont eux bien placé
au cœur de la poitrine chaque fois sous la langue et qu’ils usent la langue
et le cœur fatigué on les écoute encore parce qu’il n’y a rien d’autre à faire
rien qu’à les écouter et rien à faire d’autre et que l’on ne se moque pas du poète
parce que llorca est mort et que villon est disparu et personne n’ose dire
que les poètes ennuient autant qu’ils sont poètes et que les femmes les regardent
avec cet œil réservé aux poètes et que c’est peut-être ça le plus dur cet œil
cette façon qu’elles ont de regarder qui fait que et quoi jamais plus je n’oserai
ni dire ni rien ce que j’écris et que surtout jamais même si jamais est trop
je dis bien jamais on ne me soupçonne d’avoir voulu pas même un seul instant
et je jure que jamais et tant pis pour jamais je n’ai voulu qu’on me dise poète

Au Revoir Bernard Manciet

10 June 2006 - 09:27 PM

bernard manciet est parti ce matin
et je ne savais que j'avais déja écrit depuis longtemps
mon au revoir à cet homme
que je n'ai jamais rencontré

pour son voyage :

suite landaise

La fourche du chemin
le tas de bois
l’odeur humide des fougères
le ciel bas
les genêts écrasés
le sable noir
collé
les pins piqués en terre
le fossé
une vieille pancarte
un poteau électrique
le vol d’un geai
son cri
un trou dans la terre
de plus de un mètre de long
la route à deux pas
le soir
un tracteur qui démarre

http://www.mollat.co...19&imagebas=yes

Allez, Un Petit Dernier Et J'y Vais

19 April 2006 - 12:04 PM

et
oui
tout a une fin
je fais comme gaston
je vais un peu me recycler

un petit dernier :

libre exécution

texte compliqué pour soliste et choeur

les nuages se déchirent
le jeu tourne
    ma balle
à contresens
et vif dans ses habits qui se démènent
    a tout de même
car tout arrive enfin
les contresens et les écoulements
    fait un trou
bien à plat
avec les bords francs ourlés de reproche
et tout cela coule
à rougir la révolte
    dans le ciel
percée la laine
en boule pelotonnée
on joue avec le feu
    a-t-il dit
s’écrase et tombe
l’erreur commune
et le raccroc

Quartier De Lune

17 April 2006 - 06:44 PM

quartier de lune

c’est avec dans la poche un peu de pluie
que je suis revenu écouter le rire des amis

mais
je n’ai pas d’amis
là où la rivière est rouge
sous les arbres
je lisais jules lafforgue
lune

ô lune disait-il
je pensais à la lune

je pense encore à la lune
sur la mousse
trois cailloux

ô lune penchée à la fenêtre
ô lune
au goût de miel

je pense à la tendresse
ton croissant

ô lune ton reflet
dans le courant des chevreaux

sur la terrasse
viennent souffler par vagues mes montagnes

ô lune décroissante
les larmes se diluent – le miel a goût de l’eau

dans la rue plus personne n’écoute
je ferme la fenêtre
ô lune

que ceux
qui ont vu ta face cachée
se lèvent
et me racontent ô lune

je jure devant toi
que je les démolis

Soupirs D'anges

11 April 2006 - 06:02 PM

soupirs d’anges

poésie d'atelier

sur un coin de table
le curé sculpte les mots
pendant qu’au salon ciseaux en main
le coiffeur taille dans le vif
demain c’est foire aux bestiaux
les cheveux tombent sur le lino
ça sent fort la brillantine dans l’arrière-salle
où les femmes viennent voir le curé en dehors des heures de service
la boule à zéro a dit tonton
mais le coiffeur tendrement
m’a laissé un demi centimètre
le curé en civil s’entraîne à susurrer
pour le bal du lendemain
tonton le ramènera en moto
à l’autre bout du canton
si ça grouille trop on lui prête ma chambre
moi calé dans le lit entre tonton et tatie
j’essaie de dormir