Un petit gars aux cheveux gras
Gribouillait sur les murs du monde.
A la craie, au crayon, au charbon,
Sur les murs de béton des cités grises,
sur le platre vierge des chambres d’hôtes,
Ou bien du bout d’un doigt sur le sable blond d’une île perdue,
Le petit gars laissait sa trace, comme un défi à l’éternité.
Parfois c’était un gros visage rond, avec des traits pour les yeux,
Parfois un corps de femme, long, en robe flottante.
Souvent tout au dessus un soleil rayonnant.
Et la mer, toujours présente, en vagues ondulantes, tout au dessous.
Jamais de nuages.
Le petit gars n’aimait pas les nuages, ni la pluie.
Il gribouillait, puis signait d’un signe étrange,
Comme un point d’interrogation raplapla.
Et puis il s’enfuyait, presque ventre à terre,
Sans demander son reste, sans dire au-revoir aux passants ni à sa logeuse ni aux crabes qui creusaient des trous dans le sable.
Il prenait un train ou un avion, vers une autre ville, vers une autre île.
Le monde était sa toile.
C’est ainsi que je l’ai croisé, un matin d’octobre 2006,
Dans le hall étouffant d’une gare exotique.
Je ne sais pas son nom.
Et la face joviale qu’il avait dessinée sur la porte en bois craquelé d’un placard à balais
A disparu, d’un coup d’éponge, quelques heures plus tard.
Le petit gars court toujours.
Le Petit Gars
Started by Mojo, Oct 10 2006 08:16 AM
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