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#362782 Tes Yeux

Posted by eucalion on 12 December 2006 - 11:49 PM in Salon de publication principal

Lacs de montagne aux eaux saphir
Traversés de mille truites
Eclairs d'argent
Enchâssés dans de l'ambre
Paupières de miel
Diaphanes
Serties de fils d'or
Profondeurs insondables
Portes de ton âme
Où je veux me dissoudre



#361822 Souvenir D’un Petit Matin à Aberdeen

Posted by eucalion on 06 December 2006 - 10:55 PM in Le petit salon...

Toute la ville est endormie.

Au loin s’éveillent quelques cris

Qui étonnent le silence rouillé

De ce petit matin mouillé.

Vieilles carcasses de fer alanguies

Qui balancent leurs flancs alourdis,

Gémissant aux intenses promesses

D’une mer qui leur caresse les fesses,

Les bateaux d’Aberdeen attendent

Que la marée enfin se rende.

Les rues du centre sont désertées

Par tous les bruits de la cité,

Livrées aux seuls oiseaux de mer

Que le vent d'Est pousse dans les terres,

Goélands repus de déchets

Récupérés dans les filets,

Véritables îles aux trésors

Dispersées sur les quais du port.

Le granite mouillé des façades

Est une invite à la ballade,

A errer le long des trottoirs,

Découvrir de nouveaux miroirs

Et jouir des reflets d’argent

Du jour qui se lève à l’Orient.

Quelques ombres comme moi se glissent

Sans attendre que la nuit palisse,

Soit pêcheurs regagnant leur bord

Pour affronter la Mer du Nord,

Soit vêtus de leur duffle-coat,

Quelques marins des supply-boats

Qui font la richesse de ce port

Enivré aux travaux offshore,

Au cœur des liaisons journalières

Avec les plateformes pétrolières.

J’aime sentir le parfum de mer

Qui accompagne ces hommes de fer,

Mélange d’iode et de gaz-oil

Accroché à leur sac de toile.

Ils portent une aura d’aventure

Comme d’autres une simple vêture

Et arborent de fiers tatouages

Comme on en voit peu à la plage.

Loin d’être nés à Aberdeen

Ils sont venus ancrer leur spleen

Apporter un supplément d’âme

D’Oslo ou encore d’Amsterdam.

Moteur ronflant, cornes brumant

Leurs navires quittent le port dormant

Tandis que la lumière du jour

S’étend enfin tout alentours

Révélant toutes les variétés

Des gris qui composent la cité.



Nulle part au monde, je n’ai pu voir,

Ni même en caresser l’espoir,

Un éclat bleu si rare de ciel

Où s’épanouit le soleil

Que les ardoises des toits reflètent

En se donnant un air de fête

Faisant oublier la grisaille

Qui toujours emporte la bataille.



#361001 Qu'elle était Belle

Posted by eucalion on 02 December 2006 - 06:30 PM in Chansonniers

Qu'elle était belle, qu'elle était chouette,
C'était une simple midinette
Qui avait traversé ma rue
Un jour où je me sentais nu.
Elle avait de grands yeux brillants,
Plein de facettes comme un diamant,
De longues jambes fuselées
Et une poitrine bien potelée,
Tout ce qu'il fallait pour rêver
Et pour me faire saliver.

Qu'elle était belle, qu'elle était chouette,
C'était une joueuse de clarinette
Qui avait enchanté ma vue
Avec ses jolis pieds menus.
Ses doigts couraient sur l'instrument
Encore plus vite que le vent,
Ses lèvres dorées suçaient la anche
Et elle faisait bouger ses hanches,
Tout ce qu'il fallait pour l'aimer
Et pour me faire déprimer.

Qu'elle était belle, qu'elle était chouette,
C'était une fleur de ciboulette
Comme on en voit dans les revues
Et qu'on voudrait porter aux nues.
Elle avait une odeur de rose
Qui vous donnait la couperose,
Qui promettait le goût du miel
Et le chemin du septième ciel,
Tout pour se trouver dérouté
Et me pousser à la goûter.

Qu'elle était belle, qu'elle était chouette,
Pour elle on aurait pris perpette
Et même accepté l'inconnu
Certains de ne pas être déçus.
Elle aimait rouler dans la paille
Se frotter à toutes les canailles
Toujours prête aux jeux interdits
Et à éteindre les incendies
Tout pour aller toujours plus loin
Et satisfaire tous les besoins.

Qu'elle était belle, qu'elle était chouette,
Quand on l'appelait Bernadette,
C'était la fille d'un cocu
Et tous les hommes étaient perdus.



#360988 Nost'alger

Posted by eucalion on 02 December 2006 - 05:55 PM in Salon de publication principal

Que sont-ils devenus tous mes vieux souvenirs
De cette ville blanche où dorment nos martyrs ?
Où sont-ils donc passés tous mes amis d'antan
Qui hantent tous mes rêves depuis plus de trente ans ?
J'ai voulu oublier, avoir une nouvelle vie
Mais malgré tout ce temps, le passé resurgit !
Je sens les capucines qui recouvraient la terre,
Les arômes du jardin que cultivait ma mère,
Tous ces doigts de sorcière que nous cassions en deux
Pour écrire sur la pierre la règle de nos jeux
Quand nous nous déguisions en tenue léopard
Pour faire comme les paras qui gardaient nos remparts.
Les maisons étaient blanches avec des toits terrasses
Où les filles rêvaient d'embrasser les bidasses,
Leurs murs étaient couverts par des bougainvilliers,
Elles regardaient la mer du haut de leurs piliers
Et gardaient leur fraîcheur à l'abri des volets.
C'est là que je suis né, sur les hauteurs d'Alger.
Sous les pins parasols, dans le bois de Boulogne,
Tapis dans les bosquets, nous faisions les guignols,
Sur la place d'Hydra, face au commissariat,
En patins à roulettes, jouions les fiers à bras,
Et au fond du ravin de la femme sauvage
Explorions les galeries, sans armes ni bagages.
C'était avant les bombes et les assassinats,
Mahmoud, Farid, Youssef et aussi Mustapha
Etaient les compagnons de toutes nos cabrioles
Et montaient avec nous sur les mêmes carrioles,
Faites de vieilles planches et de roulements à billes,
Pour descendre les rues et épater les filles.
Sous les eucalyptus, nous tirions au taouel
Des oiseaux qui n'avaient rien mérité de tel.
Le dimanche, nous allions à la plage du Chenoua
Où sur le sable fin dont rêvent toujours les rois
Nous faisions des châteaux entourés de fossés
Que l'eau venait baigner, tendrement enlacer.
A l'ombre d'une toile tendue sur des piquets,
La famille assemblée aimait pique-niquer
Et avec les voisins partager l'anisette,
De tous les plats pieds-noirs échanger les recettes.
Nous dégustions des prunes, abricots et raisins
Dont depuis je recherche partout le goût en vain.
Les voici qui remontent tous les vieux souvenirs
De cette ville blanche, qui vit tant de sourires,
Et où tous mes amis n'étaient que des enfants
Qui hantent tous mes rêves depuis plus de trente ans.
Impossible d'oublier, d'effacer toutes ces vies
Car quel que soit le temps, le bonheur resurgit.
C'est au Clos Salenbier que j'appris à nager
Piscine de la Croix Rouge, sur les hauteurs d'Alger.
Dans le petit bassin plongeait un toboggan
Qui faisait le bonheur des petits et des grands,
Autour du grand bassin, s'élevaient des gradins,
Avec la majesté d'un théâtre romain,
Surmontés d'une pelouse où nous nous étalions
Pour compter les capsules que nous collectionnions.
Je me souviens aussi du club de Badjarah,
Des longues parties de boules des cousins de Rouïba,
De la grande paella des plages d'Aïn-taya
Des premiers pas en ski sur les pentes de Chréa
Du goût rare des brochettes mangées à Fort de l'eau
Et du jardin d'Essai où j'allais au zoo.
C'était avant les bombes et tous les attentats
Quand nous pouvions encore, merci à Zoubida
Manger le bon couscous et les tendres gâteaux
Qu'elle avait préparés penchée sur nos fourneaux.
On trouvait nos bonbons échoppe du Mozabit
Où les tiges de réglisse étaient bien trop petites,
Mais dans les coquillages emplis de caramel
Nous pouvions découvrir le goût de l'éternel.
A l'heure du casse-croûte, on mangeait des cocas
Et après le lycée, j'achetais des zélabias
Dont je me régalais en attendant le bus
Pourléchant tous mes doigts pour en déguster plus.
Impossible de lutter contre ces souvenirs,
Ils sont beaucoup trop beaux pour se laisser mourir,
Et même s'il me faut passer encore trente ans
Loin de cette ville blanche où je fus un enfant,
Avant de disparaître ou d'être trop âgé,
J'aimerais y retourner, sur les hauteurs d'Alger.



#361009 Mon Chien

Posted by eucalion on 02 December 2006 - 07:09 PM in Le petit salon...

Assis sur le divan, juste à côté de moi,
Il attend c'est certain, qu'enfin je me déploie,
Pour prendre la place chaude et s'imprégner de moi,
Et qu'à son bon plaisir, ce soit moi qui m'emploie.


Ses yeux malins me fixent, la pupille éclairée
D'une passion sans limites, promesse d'éternité.
Son coeur ouvert dévoile tous les sens égarés
D'un abandon de soi, de toutes les libertés.


La chaleur qu'il dégage vient s'incruster en moi
Comme un terreau fertile où faire pousser sa loi,
A l'ombre de ses caprices et de tous ses émois,
Esclave de ses désirs qui n'ont rien de gaulois.


Toujours prêt à m'offrir plus de fidélité
Et donner en présent tous ses os déterrés,
Il apporte dans ma vie l'amour à satiété
Dont rêvent tous les enfants, par demain apeurés.



#360991 Ma Vieille

Posted by eucalion on 02 December 2006 - 06:03 PM in Salon de publication principal

Elle a au fond des yeux toute l'histoire du monde,
Au fond de sa mémoire, les souvenirs abondent
De tant de nuits passées à faire tant de veilles
Et tant de jours vécus à aimer ses pareils,
A faire des enfants et à les élever,
A tenir sa maison et souvent la laver.

Elle aimerait bien se reposer, la vieille !

Elle en a vu des guerres, faites pour sauver le monde,
Où l'on fit des horreurs et des actes immondes,
Des pays dépecés seulement pour des idées,
Des hommes assassinés pour avoir décidé
De ne pas se soumettre à la majorité
Et avoir préféré défendre leur liberté.

Elle voudrait bien tout oublier, la vieille !

Son coeur est fatigué pour avoir trop aimé
Et son corps épuisé pour avoir trop trimé,
Elle a le dos voûté par le poids des années,
Ses genoux sont noués pour avoir tant peiné,
Ses doigts sont tout tordus, déformés par l'arthrose,
Ses os fragilisés par l'ostéoporose.

Elle voudrait bien se redresser, la vieille !

Elle a tout vu changer sur la terre des hommes,
De la technologie à la couleur des pommes,
Elle a connu le monde sans électricité
Où l'on se déplaçait seulement sur ses deux pieds,
Où l'on soignait la fièvre avec des décoctions
Et l'on gardait ses vieux au chaud à la maison.

Elle aimerait bien tout retrouver, la vieille !

Une multitude de rides sillonnent son visage,
Qui donnent à sa beauté la force d'un paysage,
Ses lèvres desséchées conservent le sourire
Qu'elle ne quittera pas même au moment de mourir,
Et ses cheveux tout blancs ont cet éclat d'argent
Qui a toujours forcé l'amour de tous les gens.

J'aimerais toujours la garder, ma vieille !



#363972 Laissez Moi Mourir

Posted by eucalion on 22 December 2006 - 10:43 AM in Salon de publication principal

Ni amertume, ni colère, ni desespoir mais une révolte contre l'hypocrisie qui règne dans nos sociétés pour se mitonner une bonne conscience. Rien contre les médecins non plus qui font leur boulot et ne sont, dans cette circonstance précise que le bras armé - ou devrais-je dire désarmé - de la société. Il est sûr qu'il est horrible de mettre fin aux jours de quelqu'un. Mais il me paraît encore plus horrible de le refuser à celui qui le demande ardemment - avec souvent les très faibles moyens de communication qui lui restent - quand tout espoir d'amélioration est définitivement enterré. Se retrancher alors derrière des valeurs éthiques que ce soit au nom de la religion ou de tout autre position philosophique ou sociale nest qu'une forme de lâcheté qui mermet de préserver un confort intellectuel : qu'est ce que je suis bien, moi qui refuse d'attenter à la vie de quiconque !
J'admire, et le mot est faible, ce médecin français qui a aidé il y a quelques années une mère à mettre fin aux jours de souffrance de son fils, et ces jours ci ce médecin Italien qui a fait de même. Ceux-là sont des Hommes qui ont de la compassion et mettent en pratique leur discours de générosité. Même quand c'est moralement difficile.



#363744 Laissez Moi Mourir

Posted by eucalion on 20 December 2006 - 09:56 PM in Salon de publication principal

Qui êtes-vous donc pour me refuser ma mort,
Imposteurs de l'amour qui vous croyez plus forts ?
N'êtes-vous pas capables d'un peu de compassion,
Vous qui pouvez encore vivre toutes les passions ?
Ne voyez-vous donc pas que vivre m'est un enfer
Dont vous vous proclamez les plus grands des cerbères,
Et si étiez humains, si vous vouliez mon bien,
M'aideriez-vous enfin à finir mon destin ?


Qui êtes-vous donc pour me refuser ma mort,
Imposteurs de l'amour qui vous croyez plus forts ?
Faut-il que j'éternise et subisse mille maux
Sans espoir de pouvoir un jour trouver les mots
Qui pourraient vous convaincre de perdre ces certitudes
Et cette bonne conscience qui rendent vos vies moins rudes ?
Quand tous les sens du corps me restent interdits
L'idée de les quitter me semble le paradis.


Qui êtes-vous donc pour me refuser ma mort,
Imposteurs de l'amour qui vous croyez plus forts ?
Mon corps inanimé d'où sortent tous vos tuyaux
N'est qu'une pièce de prison empêtrée de boyaux
Dont je ne puis sortir sans votre permission,
Condamné à souffrir par votre démission !
Imaginez seulement, l'espace d'un instant,
De ne pouvoir pas même espérer le néant.



#361196 La Mouche

Posted by eucalion on 03 December 2006 - 09:37 PM in Le petit salon...

Citation (Gaston Kwizera @ Dec 2 2006, 07:19 PM) <{POST_SNAPBACK}>
ça c'est quand même bien trouvé

le reste moins
c'est une chanson ou bien ? parce que sinon, il faut taper toutes ses rimes


Ni une chanson, ni même la recherche d'une forme d'expression particulière.
Un simple essai de jonglerie avec les mots autour d'un vécu agaçant,
Un exutoire en quelque sorte.
De simples rimailles, j'en suis parfaitement conscient, mais n'en suis pas honteux.
Ceci dit, ouvert à tous conseils constructifs pour m'améliorer .
Mais merci pour le commentaire sur le premier vers.
Peut-être est-ce simplement dommage de l'avoir trouvé et utilisé pour une simple mouche.
Mais ma femme n'en est pas jalouse...



#361014 La Mouche

Posted by eucalion on 02 December 2006 - 07:15 PM in Le petit salon...

Quand elle est là, elle devient tout
Et sa présence me rend fou.
Eperdu, je cherche le silence
Disparu avec ma patience,
Car elle bataille tout le temps,
Ce qui m'agace tant et tant.

Quand elle est là, je deviens fou
Et sa présence occupe tout.
Ses yeux malins suivent les miens
Tandis qu'elle vibre le même refrain,
Devant, derrière, à droite, à gauche,
Elle m'entraîne dans sa débauche.

Quand elle est là, tout devient fou,
Même son silence occupe tout.
Elle vire, elle volte, elle est partout,
Quand elle se tait, c'est pire que tout,
Je cherche en vain à la trouver
Pour avec elle me dépraver.

Quand elle est là, tout devient louche,
Elle rend douteux tout ce qu'elle touche,
Et je cours après mes babouches
Pour l'écraser, putain de mouche !



#361824 La Couronne Africaine

Posted by eucalion on 06 December 2006 - 10:57 PM in Le petit salon...

Au loin, la côte d'Afrique s'étale sous les nuages
Comme la crête dentelée d'un serpent d'un autre âge
Dont le dos est vert bronze, le ventre couleur du sable
Sur lequel viennent mourir des moutons sans étable.
Il semble sommeiller, écrasé de chaleur,
Tandis que dans ses flancs, tenaillés par la peur,
Des hommes essayent de vivre sans rien que la misère
Compagne de tous les jours, seule maîtresse de ces terres.
Sur la flaque de plomb, océan qui la baigne,
Flotte une carcasse jaune qui couronne le règne
De cet or qu'on dit noir, qui fait tourner le monde,
Qui dévore les plages et qui irise l'onde,
Richesse convoitée mais jamais partagée
Avec ceux du pays que l'on a saccagé.
Tandis que dans la brousse, des enfants orphelins
Victimes d'une guerre qui tue tous ses témoins
Se nourrissent de singe mort porteur de l'Ebola
En rêvant de trouver une bouteille de cola,
Un immense pétrolier venu de l'Occident
Se dessine dans la brume tel un bateau géant
Avançant en aveugle au milieu des filets
Que de pauvres piroguiers ont fini de caler
Et contemplent horrifiés se faire déchiqueter
Par les hélices battantes qu'ils ne peuvent arrêter.
Le monstre aux murs d'acier, arrogant, sûr de soi,
Méprise ces ignorants qui n'ont même plus de roi,
Personne pour les défendre, ignorants des contrats
Qui vendent toutes leurs richesses à de plus grands Etats.
Comme un ogre affamé, il vient emplir son ventre
De cette huile fossile qui forme l'épicentre
De toute l'économie du monde occidental
Pour qui toute pénurie pourrait être fatale.
A la bouée couronne, symbole de son pouvoir,
Qui balance à la houle et marque son territoire,
Un cordon nourricier attend qu'il s'en saisisse
Pour vider dans ses cales gonflées aux bénéfices
Les milliers de barils de ce liquide précieux
Qui iront fructifier sous de plus lointains cieux.



#360997 L'éloge Des Sens

Posted by eucalion on 02 December 2006 - 06:17 PM in Le petit salon...

Aube naissante, brume chatoyante, bonheur de voir
Ondulations, tout l'or des blés que l'on moissonne
Rouges et jaunes, ocres et verts, feuillages d'Automne
Traits de lumière, ciel éclairé d'orage d'été
Cristaux de glace, éclats de feu, neiges des sommets
Jour naissant, flamboyant d'une mer incendiée
Triangles blancs, carrés de sable, couleurs, voiliers
Azur zébré, traversée de millions d'oiseaux
Voûtes des arbres, lits de rivière, canaux, ruisseaux
Toiles de maîtres, toute la nature représentée
Femmes sublimes, bijoux d'orfèvres, pierres sculptées
Tant de chefs d'oeuvre, comment peut-on vivre sans les voir ?

Cris des oiseaux, murmures de l'eau, plaisir d'entendre
Ondulations, soufflets du ressac sur la plage
Brame des cerfs, hennissements, amours sauvages
Vent dans les voiles, sifflets des haubans sur un port
Respiration, battements de coeur, bruits de l'effort
Chant d'un enfant, pureté d'une voix cristalline
Note envolée, croche, noire ou blanche, portée divine
Rythmes de samba, passions d'une vie envoûtante
Violons en pleurs, guitares en joie, fluttes savantes
Silences, divins ressorts d'une grande symphonie
Mozart, Mahler, Bizet, Beethoven ou Debussy
C'est toute la vie qui nous demande de les entendre.

Parfums de femmes, émanations, joies de sentir
Ondulations, toutes les essences assemblées
Champs de lavande, effluves de thym, ivresses mêlées
Collines en fleurs, déclencheurs de tous les émois
Sous-bois dormants, couvert de feuilles, champignons rois
Clairières d'automne, senteurs qui donnent envie d'aimer
Bord d'océan, rouleaux brisés, plages embrumées
Vents de marée, odeurs du large livrées à terre
Relents douceâtres, fond capiteux, fruit de Madère
Nez enchanteur qui satisfait tous les besoins
Events sublimes, fumets divins, arômes de vin
Tout l'air du monde, voilà ce qu'il nous faut sentir !

Papilles avides, sucré salé, bon à goûter
Ondulations, vagues de plaisir sur le palais
Fruits délicieux, pulpes juteuses, saveurs mêlées
Dons enchantés d'une nature généreuse
Verre de lait, fromages, laitages, crèmes onctueuses
Viandes et gibiers, coeurs de repas jubilatoires
Piment, cerfeuil, ail, basilic, épices du soir
Cuisines de toutes les cultures du monde
Tajine aux dattes, fejoada, cul d'une blonde
Arômes de fête qui diffusent dans tous les alcools
Bois, terre, banane, cuir, fraise, tanin, goûts sans bémols
Merci mon Dieu de me permettre de tout goûter !

Dos de velours, douceur satin, art du toucher
Ondulations, caresses qui nous font pâmoiser
Aciers coupants, rochers brûlants, marbres glacés
Signaux d'alarmes qui préviennent de bien des périls
Rondeurs sublimes, courbes généreuses, formes d'argile
Terres d'asile pour toutes les mains baladeuses
Baisers mouillés, câlins douillets, langue râpeuse
Même les chats font des discours avec le corps
Tendre fourrure, finesse du sable, soyeux de l'or
Contre la peau donnent une idée du paradis
Lèvres délicates, intimité, abris bénis
Plutôt mourir que de perdre le sens du toucher !



#363717 L'éloge Des Sens

Posted by eucalion on 20 December 2006 - 07:40 PM in Le petit salon...

Merci à tous les deux, Carla et Paname.
Le mieux est l'ennemi du bien dit-on.
Vous m'en donnez tous deux l'illustration.
Mais comment se freiner quand on est lancé sur un si beau sujet?
J'ai, je m'en doutais un peu, tendance à en rajouter.
Que garder, qu'enlever ? Il n'y a rien de plus difficile que de faire simple.
Mais la richesse et l'exagération ne peuvent elles dessiner un style ?
Avez vous été tentés d'abandonner la lecture avant la fin ?
C'est une question, pas un rejet de la critique.
Derrière le poème, j'espère toujours qu'un message passera,
et j'ai toujours peur que trop peu ne dise rien.
Je produis peu mais essaierai de tenir compte de votre critique constructive...
si j'y arrive.



#361842 L'enfant Soldat

Posted by eucalion on 06 December 2006 - 11:26 PM in Le petit salon...

Pas plus haut que trois pommes,
Ce tout petit des hommes
A le regard perdu
Des enfants de la rue,
Les frêles genoux cagneux
D'un pauvre miséreux
Et la poitrine creuse
D'une silhouette osseuse.
Pendant que ses parents
Vont cultiver des champs
Où même entre les pierres,
On ne trouve plus de terre,
Il erre comme un jeune chien
Qui a perdu les siens.
Il n'y a plus d'école,
Pas plus que de pétrole,
Dans ce pays sauvage
Où rien ne se partage,
Où l'on meure au matin
Pour un morceau de pain,
Où règne le pillage,
Où l'on brûle les villages,
Où il n'y a plus d'église,
Où Dieu n'est plus de mise.
Autour de lui s'étalent,
Pour lui c'est très banal,
Les corps déchiquetés
Avec férocité
Des soldats ennemis
Et ceux de ses amis.
Vêtu de ses guenilles
Et d'une simple béquille
Qu'il garde comme un trésor
Plus précieux que de l'or,
Il rejoint les soldats
Qui préparent les combats,
Car depuis qu'il est né,
Les armes sont ses jouets.
C'est sur un champ de tir
Qu'il a appris à lire,
Dans le vol des corbeaux
Et le bruit des roseaux,
D'où va venir la mort
Et quel sera son sort.
Pas plus haut que trois pommes,
Ce tout petit des hommes
Ne connaît de la vie
Que ce qu'on lui a dit,
Que pour être bon apôtre
Il faut tuer les autres,
Qu'il faut avoir la haine
Et que ça vaut la peine
De mourir au combat,
C'est un enfant soldat.
Prisonnier d'une guerre
Qui a détruit sa terre,
Il a perdu conscience
De toute son innocence
Et marche sur les traces
Que fuient même les rapaces,
D'une mort qui se cache
Encore mieux qu'un apache.
Toujours sur le qui-vive,
Il avance sur la rive
Où les derniers combats
Ont fait bien des dégâts,
Où des corps torturés,
Visages défigurés,
Gisent le ventre ouvert,
Parfois couverts de vers.
Le fleuve charrie du sang,
Le terrain est puant,
Les arbres eux-mêmes pleurent
La ruine de leur demeure,
Cette vision de l'enfer
Qu'est devenue leur terre.
Pourtant dans ce mouroir,
L'enfant garde un espoir,
Il a toujours au coeur
Une flamme de bonheur
Cherchant à s'allumer
Dès qu'il se sent aimé.
Une simple poupée brisée
Gît sur l'herbe rasée,
Il est seul à la voir
Dans tout ce désespoir
Et elle réveille en lui
L'enfance qu'il avait fuie.
Un sourire s'esquisse
Sur ses joues encore lisses,
Il s'écarte du chemin
Et de tous ses défunts,
Se penche sur le jouet
Dont un bras est cassé,
Et quand il s'en saisit
C'est la fin de la partie.
Cachée sous la poupée,
Dans le dos découpé,
Une mine était placée
A la poudre bien tassée
Qui lui saute au visage
Pour mieux faire ses ravages.
Dans ce monde bien blasé
Qu'on dit civilisé,
Où l'on fabrique des bombes
Pour mieux remplir les tombes,
Que l'on vend aux états
Aux chefs renégats,
C'est ainsi qu'on abat
Tous les enfants soldats.



#361821 L'amour Ex

Posted by eucalion on 06 December 2006 - 10:52 PM in Salon de publication principal

Tu es là, somnolente et gracile,
Bouche en coeur avec tes yeux de braise,
Etendue au soleil et tranquille,
Qu'attends-tu pour qu'enfin je te baise ?


Héroïne de tous mes cauchemars,
C'est en vain que toujours je t'espère,
Que pour me consoler, je me marre
D'une vie, avec toi, délétère.


Pour qui donc es-tu toujours si belle,
Toujours fraîche et toujours maquillée
Quand sur moi tu ne verses que du fiel,
Ravissante dans ton déshabillé ?


Oh cruelle, n'aimes-tu pas que l'on t'aime,
Qu'on t'admire et que l'on te respecte ?
Aux mots doux préfères-tu les blasphèmes,
Les mots durs, tout ce qui me débecte ?


Je suis là, amoureux et transi,
Comme un chien devant un os en marbre
Et toujours je me fais tout petit,
Humilié, à l'ombre de ton arbre.


Est-ce donc la faiblesse des hommes
De n'aimer que des coeurs de silex ?
Est-ce donc la destinée des hommes
De se perdre pour l'amour de leur ex ?



#361977 L'amour Ex

Posted by eucalion on 07 December 2006 - 06:06 PM in Salon de publication principal

Citation (Paname @ Dec 7 2006, 07:11 AM) <{POST_SNAPBACK}>
Je suis Pierre, et sur cette pierre...tu ne bâtiras pas ton désir...
Pathétique !
Et continuer d'aboyer devant une ex de marbre, qui serait de plus un sac d'os...vous êtes vraiment chien...et parangon de fidélité !
Mais c'est fini, mon vieux, elle ne peux plus vous avoir dans la peau ! Elle n'a plus que les os...
laugh.gif


Pathétique, peut-être, vue d'ailleurs.
C'est une vieille histoire de plus de 20 ans depuis longtemps guérie. Oserais-je dire ici aussi depuis plus de 20 ans.
Est-ce une raison pour renier ce que l'on a vécu, et pensé?
Pour l'enterrer comme si cela n'avait pas existé?
Je revendique mes erreurs, mes errances, mes echecs, c'est ce qui permet d'avancer.



#361003 Héritage

Posted by eucalion on 02 December 2006 - 06:35 PM in Chansonniers

Que laisserons-nous à nos enfants
De cette belle terre
Que nous ont léguée nos parents,
Sinon des cimetières.

On décime tous les animaux,
On abat tous les arbres,
On modifie les gênes des veaux,
On détruit même le marbre,
On vend les énergies fossiles,
On pollue les cours d'eau,
On joue de la matière fissile,
On pille même les tombeaux.

Que laisserons-nous à nos enfants
De cette belle terre
Que nous ont léguée nos parents,
Sinon des cimetières.

On démolit la couche d'ozone,
On laisse pourrir la mer,
On brûle la forêt Amazone,
On détourne les rivières ,
On fait fondre la calotte glaciaire,
On pêche tous les poissons,
On construit dans toutes les clairières,
On prêche la démission.

Que laisserons-nous à nos enfants
De cette belle terre
Que nous ont léguée nos parents,
Sinon des cimetières.

On abandonne nos résidus,
On viole les enfants,
On lance au ciel nos détritus,
On salit même le vent,
On tue pour voler des organes,
On lance des missiles,
On n'écoute plus Paco Rabane,
On met tout en péril.

Que laisserons-nous à nos enfants
De cette belle terre
Que nous ont léguée nos parents,
Sinon des cimetières.

On jette du mazout sur les plages,
On laisse des bombes partout,
On se moque de tous les présages,
On fait du fric de tout,
On modifie tous les microbes,
On fabrique des virus,
On fait fi de tous les opprobres,
On crache sur Horus.

Que laisserons-nous à nos enfants
De cette belle terre
Que nous ont léguée nos parents,
Sinon des cimetières.

On renie l'existence de Dieu,
On se croit les plus forts,
On crée la solitude des vieux,
On refuse tous les torts,
On épuise les ressources en eau,
On n'aime plus les gens,
On exploite tous les minéraux,
On n'aime plus que l'argent.

Que laisserons-nous à nos enfants
De cette belle terre
Que nous ont léguée nos parents,
Sinon des cimetières.



#361198 Grand Vent

Posted by eucalion on 03 December 2006 - 09:43 PM in Salon de publication principal

La lande est silencieuse,
Pas un cri, pas une gueuse,
Odeurs de thym fleuri,
Couleurs de paradis,
Traînées blanches dans les cieux,
Bleu azur plein les yeux,
Feu sanglant au couchant,
Absence de Grand Vent.


Une vigie au sommet
D'une tour de guet,
Tous les sens en alerte
Pour éviter la perte
De tout ce patrimoine
Par une veille idoine
De tous les feux naissants,
Dans la crainte de Grand Vent.


Au loin, des cheminées,
Panaches de fumée
Étirés vers l'Orient,
Collines montrant les dents,
Ruisselets assoupis,
Chênes kermesses en tapis
Qui murmurent en dansant,
Premiers signes de Grand Vent.


Grandes oreilles aux aguets,
Les lapins sont inquiets,
Les faisans lèvent la tête,
Interrompent leur fête,
Accrochées aux cimaises,
Les cigales se taisent,
Toute la faune va rampant,
Il arrive le Grand Vent.


La tension est palpable,
Plus personne n'est aimable
Et les nerfs sont à vif
Qui secouent les manifs,
Les plus doux jouent les durs
Pour des raisons obscures,
Les gens vont déprimant,
C'est le signe de Grand Vent.


Vois les hommes qui s'agitent,
Les rochers se délitent,
Les rivières se détournent,
Même les prés se retournent,
Les montagnes perdent la boule,
C'en est trop crie la foule,
Tout le monde est perdant
Quand souffle le Grand Vent.


Rosée blanche des pétales,
Chant strident des cigales,
Frais fumet des bosquets,
Air diaphane des sommets,
Vol tranquille des perdreaux,
Doux murmure des roseaux,
Renaissance des talents,
C'est la fin de Grand Vent.



#361819 Feu De Forêt

Posted by eucalion on 06 December 2006 - 10:49 PM in Salon de publication principal

Un feu sur la colline, c'est la vie que l'on brûle.
Volutes de fumée, c'est la forêt qui hurle
D'un sombre désespoir. N'avez-vous pas compris
Que quand les arbres éclatent, c'est Dieu lui-même qui crie ?
Un lapin calciné, un sanglier qui fuit,
Un oiseau asphyxié, un brasier dans la nuit,
Une maison incendiée, par le vent tisonnée,
C'est toute l'oeuvre de Dieu qui est assassinée.



#361187 Echouage 3

Posted by eucalion on 03 December 2006 - 09:15 PM in Le petit salon...

Echoué à la morgue, le corps sous un drap blanc,

Il attend que l’on vienne enfin le reconnaître

Après une vie passée à dormir sur des bancs,

Des quais et des trottoirs mais jamais de fenêtre.

Il n’a jamais voulu de ce monde bien rangé,

Des lendemains tracés aux horaires définis,

Des conventions qui disent comment il faut manger,

Ni des règles sociales, tout ce qu’il a honni.

Epris de liberté et d’espaces sans contraintes,

Il a abandonné famille et patrimoine,

Du confort matériel quitté toutes les craintes

Pour une errance choisie qu’il jugeait plus idoine.

Il a ainsi connu de nombreux égarés,

A partagé leurs nuits, leur pain et leurs bouteilles,

A squatté des péniches sur des quais amarrés,

Découvert des endroits à nul autre pareil,

Eu de vraies amitiés sans soupçon d’intérêt

Et surtout vécu sans chaînes, ni collier ni enclos,

Sans rien à rembourser, pas le plus petit prêt,

Ni charges ni impôts, même pas pour un falot.

La camarde cependant, son unique créancier,

L’a poursuivi sans cesse, avide et obstinée,

Sur toutes les routes du monde et sur tous les sentiers

Pour de toute cette richesse finir par le ruiner.

Par une nuit trop froide pour lutter sans abris,

Son organisme usé a fini par se rendre.

Il est mort au matin dans les rues de Paris,

Refusant jusqu’au bout tout ce qui peut se vendre.



#361186 Echouage 2

Posted by eucalion on 03 December 2006 - 09:14 PM in Le petit salon...

Echouée dans un bar, une clope à la bouche,

Elle a les yeux ridés de les avoir trop plissés

A la lumière criarde des endroits les plus louches

Jusque dans les recoins où les hommes vont pisser.

Elle s’accroche à son verre pour que personne n’y touche

Et erre de table en table chercher un réconfort,

Ignorée de chacun comme une simple mouche

Pourtant prête à offrir les reliefs de son corps.

Perchée sur des talons qui la font tituber,

Elle porte une jupe trop courte sur ses jambes variqueuses

Et un corsage trop large sur ses seins fatigués.

Il y a si longtemps qu’elle cherche à être heureuse

Qu’il en faudrait bien peu pour combler son attente :

Un regard amical, un peu de compassion

Un signe d’intérêt, de simple bonne entente,

Elle a abandonné tout espoir de passion.

Mais qui donc lui rendra ce geste d’humanité

En ce lieu où l’on vient chasser tous ses fantômes ?

Où l’on vient exposer toutes ses vanités

En laissant à la porte les valeurs qui font l’homme.



#361184 Echouage

Posted by eucalion on 03 December 2006 - 09:13 PM in Le petit salon...

Echouée sur le sable, couchée sur le côté,

Ballottée par les vagues, la mine dépitée,

Elle a l’air fatiguée d’avoir trop voyagé,

L’épiderme fissuré des personnes trop âgées.

Tous les haubans ballant tels des bras épuisés

Et les voiles faseyant par les vents lacérées,

La vieille goélette a tellement navigué,

Vécu tant de tempêtes, tant de mers déchaînées,

A vu tant de pays, de ports et de jetées

Et pour tant de marins servi leur volonté,

Evitant les écueils par ses seules qualités,

Qu’elle aurait mérité une autre destinée.

Quel est donc l’abruti qui l’a abandonnée

Telle une crotte sur la plage par un chien mal élevé ?

N’avait-elle pas le droit au bout de tant d’années

De terminer sa vie avec plus de beauté ?

C’est la honte des hommes d’ainsi laisser tomber

Une fois que c’est usé ce qu’ils ont tant aimé.



#360993 Dernier Hommage

Posted by eucalion on 02 December 2006 - 06:10 PM in Le petit salon...

Perdu dans cette foule venue te rendre hommage,
Derrière mes yeux fermés défilent toutes les images
De ces moments passés à croire à des mirages
Tandis que tu m'offrais ton plus joli visage.

Personne ne t'a aimé autant que je le fis,
Car être près de toi m'était un paradis
Et vivre en ton absence la pire des maladies
Ne pouvant être décrites par les plus érudits.

J'ai vécu dans ton ombre pendant toutes ces années
Où ton étoile brillait sans être détrônée,
Que tu me promettais sans jamais me donner,
Et je me contentais de ces succédanés.

Je n'ai jamais connu de formes plus parfaites
Que celles que tu montrais pour faire tourner les têtes,
Et l'éclat de tes yeux mettait le monde en fête
Beaucoup plus sûrement qu'une bouteille de clairette.

Les plus grands couturiers qui comptent dans le monde
Ne pouvaient pas rêver mannequin plus gironde
Et tu avais le chic pour entrer dans la ronde
Sans jamais oublier d'exercer ta faconde.

Ta beauté illustrait la une des magazines
Et faisait des jalouses jusque dans les cuisines
Tandis que toutes rêvaient de t'avoir pour copine
En espérant ainsi que tu les rendes divines.

Les années ont passé et tu as pris de l'âge
Tu as soumis ton corps au supplice des massages
Des rides sont apparues sur ton joli visage
Mais nul n'a oublié la joie de tes passages.

Des tas de jolies filles ont pris ta succession
Sans qu'aucune ne capte autant mon attention,
Pas plus ne déclenche comme toi toute ma passion,
Car tu étais unique, j'en ai la conviction.

Je suis resté dans l'ombre pendant toutes ces années
Où tu étais restée une belle étoile fanée
Que je me promettais sans jamais me donner,
Car je me contentais de ces succédanés.

Trop d'années ont passé sans jamais déclarer
A celle que toute une vie j'ai voulu admirer
Combien j'ai pu l'aimer sans jamais le montrer
Et je dois aujourd'hui cet amour enterrer.

Venu avec cette foule pour un dernier hommage,
Derrière mes yeux fermés se meurent toutes les images
De ces moments passés à croire à des mirages,
De ma mort, le dernier sera un bon présage.



#360992 Cimetières

Posted by eucalion on 02 December 2006 - 06:05 PM in Le petit salon...

Bordées par des cyprès, fleuries de chrysanthèmes,
Toutes les tombes alignées me parlent d'anathèmes.
Au fond de ces caveaux, scellés par le béton,
Résonnent les voix posthumes des morts et des tréfonds,
Et si nous écoutons, si nous sommes attentifs,
Si nous abandonnons l'heure de l'apéritif,
Nous entendrons leurs âmes, dont l'expérience abonde,
Nous raconter un jour toute l'histoire du monde.
Plus que dans les musées, plus que dans tous les livres,
Et plus que dans les cales de tous les bateaux ivres,
C'est dans les cimetières qu'on trouve la connaissance,
Pourvu que l'on s'attache à en chercher l'essence.
Il n'est pas une science, ou seulement une idée,
Qui ne soit née de ceux qui nous ont précédé,
Sans qui nous ne serions pas même civilisés,
Sûrement incapables de nous réaliser.
Ils sont tous réunis dans cet esprit suprême
Qui occupe le linceul de chaque être que l'on aime,
Toujours prêt à voler au secours des vivants
Pour que soit conservé tout l'héritage des ans.
Mais nous sommes ainsi faits, tellement orgueilleux,
Que nous prétendons être l'équivalent des dieux
Et que nous rejetons aux fins fonds de l'oubli
Tous les ancêtres passés qui ont fait notre vie.
Toutes ces tombes alignées me parlent d'anathèmes,
De toutes ces richesses dont nous faisons carême,
Alors que pour sauver la planète tout entière,
Il faut les écouter, les voix des cimetières.