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[Suave]

visions sauvages

“Il marchait, regardait ses pieds comme s’il eut été à quatre pattes. Sous le mirage luisant des chemins propres, le souffle des molasses étouffées faisait feu follet ; souvenir d’humus véreux et d’étreinte végétale.”

Les quelques pigeons autour de moi semblent profondément fous. Ils le sont, sûr qu’ils le sont. Nul par ailleurs qu’à Paris, les pigeons n’ont ces yeux là. Un regard tendu par la frénésie d’une survie, tendu vers le vide d’un crâne creux. Pour ne pas que le regard s’engouffre dans le squelette, les paupières se resserrent juste derrière les yeux, et laisse ainsi à l’air libre la majeure surface de deux petites perles noire et nacrées par la pollution. C’est l’impression de devoir survivre qui les maintient ainsi ; car cet état est permanent, même pour dormir les volatiles parisiens laissent sécher leurs yeux. Leur plumes sont brillamment lustrées par les huiles de poubelle, les mâles paradent ... Ils ne paradent plus et sûrement que l’espèce “pigeon parisien” ne tient le coup qu’a travers la culture du viol.
Les rats fuient toujours. Ils ne vont pas vite mais ils fuient. On peut les suivre sur plusieurs centaine de mètre, on peut en attraper à volonté, personne n’en a véritablement envie et jamais personne ne le fait mais eux ne s’arrêteront jamais d’essayer de fuir. On peut aussi ne pas les suivre, on peut aussi les ignorer, on peut même ne pas savoir leur présence, il en fuira quand même de tout les côtés.
Les gens sont beaux et leurs profils parfaits les camouflent dans l’angle droit des carrefours.
Voilà donc, avec les blattes, la pauvre biodiversité parisienne.