shama

Jamme l’hiver passé
Nous avons tant parlé vous et moi
Je claquais les dents
Et toi les os au Parvis de Saint-Gilles
Les passants emmitouflés filaient
Te fusillaient des regards de goujats

Vieil homme tu n’as rien vu de tout ça !

Ton regard était profond et bleu
Mais que voyais-tu ?
Je ne sais plus ce que j’y ai lu

Tu as passé l’âge canonique
Voilà ton corps cambré
De tes défaillances et combats
Un peu comme tous les hommes
Tôt ou tard.

Vieil homme pris en assaut
Sur l’autel où traine ton être
Dans le flou de la réalité
Ton cri a fini dans la quiétude
Des ceux broyés dans la multitude

Mon vieil homme, la plus belle guerre
Que tu auras menée au front seul et,
Les ombres hostiles derrières, est
Celle de la subsistance. Comme tant d’autres.

Un jour peut être, tu auras fait ce que tu voulais
Comme tu me disais avec un demi-sourire.

Shama

Cigarette

Petite et fine
Elégante même
Dans la main
D’une femme
Ma dernière
Qui n’en est pas une
Futile et essentielle
Tu es présente
Si je m’ennui
Tu te consumes
Comme j’écris
De ton haleine
Je me parfume
Quand je tombe du lit
Pour une minute
On se retrouve
Et ma gorge sèche
A toi ces quelques mots
Pourtant un jour
De ce voyage à deux
Sur ce bateau
Il y aura cette odeur
Ce vent poissonneux
Là bas,
Je vais te noyer
D’une pierre au cou
Apres,
Je repartirai solitaire
Je songerai à notre amour
De nos années
Je ferais l’inventaire
Et je t’entendrai suffoquer
Du fond de la Mer.

Y. B

Quand il faut…

Quand il faut vieillir
Quand il faut oublier
Quand il faut partir
Quand on ne peut plus briller
Ni par sa jeunesse
Ni par sa sagesse
Cette vertu sans aucun sens
Quand tout a l’air
D’aller à contresens
Quand il faut se taire
Contempler le temps
Dans ce bal de la vie
Exécuter quelques pas de danse
Et se lever tout à coup
Pour se laisser guider par lui
Faire quelques tours vers la sortie
La foule qui acclame et pleure
Quand il me faudra tout laisser
Que vais-je laisser derrière ?
Il y aura sûrement vous
Les mots peut-être
Ferais-je une sortie magistrale ?
Quand l’âge funeste
Comme un amant m’attendra
Au pas de ma porte
Est-ce que je périrai poète ?

L’humanité… (Puis, une femme)

Il y avait cette femme
Qui comme venue du néant
Tout d’un coup, plantée à mon flanc
Elle est venue sauver mon âme
De ma fierté qui me conduisait
Droit à ma déchéance
Moi le solitaire méfiant
Avec amour,
Toi l’humanité je maudissais
Je ne savais pas comment te le dire
Avec haine,
C’est toi que je chérissais
Moi l’apprenti fidèle
Je ne crois plus en toi
Toi maîtresse infertile
Même sous les tourments infinis
Mais je crois en cette femme
Dont je garde anonyme
Ainsi je sais où aller
Si tu ressors tes griffes
Et que tu me transperces le ventre
J’irai vers elle, même mourant.

[size=7]D’abord un regard.
Puis, douloureusement un mot
Puis deux.
La suite, entremêlée,
Entrecoupée.
Les gestes suivent
Dans tous les sens.
L’index droit pointé.

Elle parle
Elle chasse de ses mots
Ses paroles.
Ses maux

Elle dit tous. Tous.
D’hier à aujourd’hui
Ça va durer toute la nuit,
Jusque à demain.
Les secrets, les non dits
Éternellement enfuis
Il ne dit rien,
Hésite et lui tend la main

Elle parle,
Elle chasse de ses mots
Ses paroles.
Ses maux

Une larme suspendue,
Sèche et ne tombe plus
Un soupir, elle se console,
Force de femme
Se retourne,
À trois mètre la porte qui se referme
Elle partie. Oui, partie.
Promesses inachevées, rompues

Elle part
Elle part enterrer ses vieux maux.
Elle part
Pour récolter des nouveaux