Temps_de_saison
#1
Posted 13 December 2006 - 06:51 AM
Ploie, geins, sous l'été lourd, mais admire l'automne,
La saison aigre-douce où parfois l'on s'étonne
D'un rayon émoussé, jauni, intermittent.
Le vent souffle en bourrasque, enjôleur, affrétant
Dans son sillage fou des feuilles. Il plastronne !
On a dit qu'il tournait en ronde monotone,
Je le sens violent, vif. Un sacré sacripant.
Vive l'air qui surprend, va, secoue, virevolte,
Et la pluie saccadée qui crache comme un Colt !
Dans ma vie sans relief soudain l'instant advient...
Tonnerre et blancs éclairs au sein de journées d'or,
Dans d'âpres soubresauts la nature s'endort...
À ma cyclothymie répond ce temps de chien.
#2
Posted 13 December 2006 - 11:21 AM
Ploie, geins, sous l'été lourd, mais admire l'automne,
La saison aigre-douce où parfois l'on s'étonne
D'un rayon émoussé, jauni, intermittent.
Le vent souffle en bourrasque, enjôleur, affrétant
Dans son sillage fou des feuilles. Il plastronne !
On a dit qu'il tournait en ronde monotone,
Je le sens violent, vif. Un sacré sacripant.
Vive l'air qui surprend, va, secoue, virevolte,
Et la pluie saccadée qui crache comme un Colt !
Dans ma vie sans relief soudain l'instant advient...
Tonnerre et blancs éclairs au sein de journées d'or,
Dans d'âpres soubresauts la nature s'endort...
À ma cyclothymie répond ce temps de chien.
Très joli sonnet, socque !
Je mettrai un double dièse sur les deux derniers vers du premier quatrain, et sur le dernier tercet qui, du point de vue des images, me semblent forts et riches. Et sur l'ensemble, qui est très plaisant. Un simple dièse sur cet hardi "sacré sacripant" qui peut amuser.
S'il fallait mettre des bémols , ils iraient :
1. au 2e vers, 1er quatrain, où l'omission du pronom personnel ("je", je suppose), outre qu'elle manque de justification grammaticale, obscurcit un peu le sens (on cherche un peu qui peut ployer et geindre sous l'été lourd... "Je geins sous l'été lourd, mais j'admire l'automne " aurait peut-être suffi ?).
2. au vent qui souffle en "bourrasque" au sing. (mais je comprends bien que le pluriel mettrait en péril la métrique, et ajouterait un "bourrasque-z-en-douceur" peu gracieux - il faut savoir parfois faire des sacrifices...)
3. au Colt, bien trop masculin pour rimer régulièrement avec virevolte
4. à l'absence de rimes féminines au dernier tercet.
Mais tout cela n'est que broutilles au prix du plaisir que j'ai pris à lire ce sonnet, que je garde.
Jakolarime
#3
Posted 13 December 2006 - 12:44 PM
#4
Posted 13 December 2006 - 10:08 PM
Ploie, geins, sous l'été lourd, mais admire l'automne,
La saison aigre-douce où parfois l'on s'étonne
D'un rayon émoussé, jauni, intermittent.
Le vent souffle en bourrasque, enjôleur, affrétant
Dans son sillage fou des feuilles. Il plastronne !
On a dit qu'il tournait en ronde monotone,
Je le sens violent, vif. Un sacré sacripant.
Vive l'air qui surprend, va, secoue, virevolte,
Et la pluie saccadée qui crache comme un Colt !
Dans ma vie sans relief soudain l'instant advient...
Tonnerre et blancs éclairs au sein de journées d'or,
Dans d'âpres soubresauts la nature s'endort...
À ma cyclothymie répond ce temps de chien.
Oui, des mots simples qui évoque un sujet simple. Mais je ne sais comment, quelque chose dans la poésie soulève tout ça.
Ce que j'apprécie, dans ton texte, c'est la volonté d'aller au plus juste et pas forcément au plus compliqué. Comment dire... ton texte ne cherche pas la performance. Il ne cherche pas le mot le plus touchant ou le plus inédit. Il cherche par tout un tas de procédés, quelque chose d'immédiatement juste.
Bon... c'est pas pour ça que c'est parfait, mais cette recherche se sent et je me réjouis du jour où elle se sentira dans un de mes sonnets.
Peux-tu en dire plus sur "dans son sillage fou des feuilles". Parce que j'ai noté que tu uses de la ponctuation (moi, j'en use par réflexe, mais je voudrais essayer de m'en défaire). J'aurais bien vu une virgule "dans son sillage fou, des feuilles", mais ce n'est peut-être pas le sens que tu voulais transmettre.
Félice.
#5
Posted 13 December 2006 - 11:06 PM
Jakolarime, concernant les bémols, j'avais d'abord écrit en effet "Je geins sous l'été lourd", mais cela avait pour conséquence que les deux premiers vers commençaient par "Je", et on m'a déjà fait la remarque que ce que j'écrivais était franchement égocentrique. Et, oui, certes, je ne saurais le masquer complètement, mais les deux premiers vers commençant par "Je" ça faisait un peu trop. Je suis sensible à ta remarque et verrai s'il y a une formulation moins obscure.
Pour "bourrasque" au singulier, disons que je m'y suis autorisée. J'aurais dû me douter que cette licence n'échapperait pas à ton attention !
Pour le Colt, et d'une manière générale l'histoire des rimes féminines et masculines, je ne m'astreins pas à ces règles sur lesquelles je fais un blocage analogue à celui que j'éprouve face aux techniques de comptabilité en informatique (débit, crédit, équilibre). J'ai renoncé à écrire de la poésie entièrement classique, et c'est pourquoi d'ailleurs je n'intitule plus mes textes "sonnets" : j'ai réalisé qu'ils auraient été d'appellation non contrôlée !
Félice, si je mets en prose la partie en question, ça donne "Le vent souffle en bourrasque, enjôleur, affrétant dans son sillage fou des feuilles." Je pense que le français le plus correct serait "Le vent souffle en bourrasque, enjôleur, affrétant, dans son sillage fou, des feuilles.", mais à mon avis l'absence de ces deux virgules est acceptable bien que moins académique. Les virgules ont l'inconvénient de casser le mouvement de la phrase tel que je le souhaite. En tout cas, j'ai l'intime conviction (ce qui ne constitue pas une garantie !), que la solution "Le vent souffle en bourrasque, enjôleur, affrétant dans son sillage fou, des feuilles." est plus fautive que l'absence totale de virgule, mais je ne saurais te dire pourquoi...
Bonne soirée !
#6
Posted 13 December 2006 - 11:51 PM
Bonne soirée !
[/quote]
Tiens, c'est intriguant ce que tu dis sur ta perception des rimes féminines et masculines (au passage).
Je crois comprendre ce que tu dis concernant la ponctuation de ladite phrase, mais je suis encore un peu embrumée. C'est bien aussi quand on ne sait pas dire pourquoi : cela procède sans doute de ce que la poésie porte d'intuition.
Félice.
#7
Posted 14 December 2006 - 04:43 PM
Et geins sous l'été lourd, mais j'admire l'automne,
La saison aigre-douce où parfois l'on s'étonne
D'un rayon émoussé, jauni, intermittent.
Le vent souffle en bourrasque, enjôleur, affrétant
Dans son sillage fou des feuilles. Il plastronne !
On a dit qu'il tournait en ronde monotone,
Je le sens violent, vif. Un sacré sacripant.
Vive l'air qui surprend, va, secoue, virevolte,
Et la pluie saccadée qui crache comme un Colt !
Dans ma vie sans relief soudain l'instant advient...
Tonnerre et blancs éclairs au sein de journées d'or,
Dans d'âpres soubresauts la nature s'endort...
À ma cyclothymie répond ce temps de chien.
#8
Posted 18 December 2006 - 10:41 PM
Pour le reste j'adore.
Je te mets 27,5 sur 28.
Bisous.
#9
Posted 19 December 2006 - 02:04 PM
Bises à toi !
#10
Posted 19 December 2006 - 03:21 PM
app-même suggestion que Condor,
je sais que le présent appelle l'action, mais peut-être
une autre conjugaison pour "advenir"(mais une idée, comme ça de cassure...tu vois,)
Sinon beaucoup d' images parfumées dans un tableau, comme :
"La saison aigre-douce où parfois l'on s'étonne
D'un rayon émoussé, jauni, intermittent."
ou
"Tonnerre et blancs éclairs au sein de journées d'or,
Dans d'âpres soubresauts la nature s'endort..."
Bravo!
#11
Posted 20 December 2006 - 12:06 AM
Bises à toi !
1) la succession des semi-voyelles : ou in in an a ien
2) la succession des consonnes : s d st dv
3) le verbe advient
---
Je me suis amusé à déformer ton poème, j'espère que tu ne m'en voudras pas
Je préfère ta version, j'ai juste fait ça pour m'amuser.
Je n'aime pas l'hiver et je hais le printemps
Je déteste l'été. Mais lorsque vient l'automne,
Saison aigre-douçâtre où parfois l'on s'étonne
D'un rayon émoussé, j'ai de nouveau vingt ans.
Le vent souffle en bourrasque, enjôleur, affrétant
Dans son sillage flou des poussières par tonnes.
On a dit qu'il tournait en rondes monotones,
Mais je le sens violent, sournois, presque inquiétant.
J'aime l'air qui surprend, va, secoue, virevolte,
Et la pluie saccadée qui crache mille volts
Dans ma vie sans relief où se love l'ennui.
Le tonnerre et l'éclair après les journées d'or,
Dans d'âpres soubresauts viennent zébrer la nuit
Et bercent en douceur mon âme qui s'endort.
#12
Posted 20 December 2006 - 08:08 AM
#13
Posted 20 December 2006 - 08:30 PM
Non, il n'y avait pas de but. Ton poème m'a plu et je suis rentré dedans comme aspiré par lui, comme lorsque l'on a envie de plonger dans l'eau chaude d'une piscine bleue sous le soleil d'automne, et que ce plongeon déforme l'onde en faisant des remous.
A+
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