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Sonorité hivernale


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#1 sellatvn

sellatvn

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  • TLPsien
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Posted 14 December 2005 - 01:02 AM

-SONONORITE HIVERNALE-


La douce pluie chute aux lignes fulgurantes de la mer qui se détourne de sa propre marche. Une odeur de boue se mêle puis transperce les relents de sel dévorant la digue. Sous la brume, en deux piliers précis, s’érige l’ossature blanchâtre d’une prison ; mais déjà de ses fenêtres fuyantes, aux barreaux têtus comme une résolution gamine, des rubans et des chapeaux, aux couleurs flamboyantes, s’envolent vers la crête des tapis de soie que forment les nuages. Et d’aventure, un bras s’en mêle, souligne la tempête, et détaché de son corps, part à la suite du bleu, du vert, du jaune et du rouge enivrés sur la brèche des moissons hivernales.

Chaudement contre ma poitrine, je tiens les boules armatures de tes doigts, et ton autre main dessine, au revers de l’air marin, l’enfance au spectacle qui croît. Nous ne sommes ni la mort, ni les jouets avertis de la sensation. Nous sommes la fougue que nos yeux guettent, les voiles déchirées sur la proue des navires, et qui, plongeants leurres nez dans les vagues, caressent le dos de l’écume, les fils des méduses. Roses et gonflées, comme le sont nos cœurs à ces instants d’aube écrue. Tu n’ignorais rien de l’épineuse larme de la forêt, je tapais faiblement sur tes cotes et sentais jaillir ton sang, fougueux et éclatant , aux contours bleus de tes veines. Et sous la brise, l’arche et son sillage d’astres enjôleurs, traînaient le fil des rubans et l’âme rouillée de la rive. Les poissons étirés et sauteurs, labouraient la chape plombée des limites de l’horizon.

Froidement, le froid n’est rien, et le dis, mon amour, à ce cloître feutré, ton visage sera toujours l’unique destin que le ciel me présage. Pourtant les bribes de dentelles, les haillons de folie, n’ont raison de ton courage. Chaque jour, dans le vent, je vois la feuille frémir, mais de son mouvement métronome, je n’effeuille point la densité. Follement brisée dans l’herbe et limitée par l’écho de ta voix, elle s’en ira cueillir la mer, plus sûrement s’y blottir, et flotter ça et là, parchemin d’or passé.

Chaudement contre ma poitrine, tu lèves la raison du destin, plongées tes mains à l’aigue-marine, dévoilant la fosse à tes reins.




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