Jump to content


Photo

La fuite d'argent.


  • Please log in to reply
1 reply to this topic

#1 sellatvn

sellatvn

    .............................

  • TLPsien
  • 163 posts

Posted 31 December 2005 - 04:04 AM

-LA FUITE D’ARGENT-


Comme une floraison de fourmis aux confins tamisés d’un tiroir mou et changeant, j’avance sur une rangée de fleurs pourpres, et, sentant à mes talons, le souffle d’une mygale, j’accélère les pierres sur mes sabots fendus. Portant sous son bras un petit panier filé de lierre, la femme qui me devance et que je suis, avait déposé dans son urne végétale les fagots découpés de mes doigts. Le ciel qui se changeait en gueule de loup à chacun de mes pas, enflait d’une rumeur sourde de toile frappée par les baguettes de l’obscur. Et moi, de quelle peur absurde étais-je l’enfant ? Pourtant les pattes fébriles de ma mygale sont les mêmes, la fuite identique que l’on oriente aux lignes blanches.

Et la lune, la mangeoire céleste des moutons d’étoile, sortait de la boite comme un diable qui se mort la queue. Sous une arche faite de deux saules joignant leurs branches en un cœur dissous d’absolu, j’avais posé mes pauvres jambes dans l’opacité du lac. J’enfonçais mes orteils dans la vase comme on le fait du sable, j’orientais mon destin au foyer de cristal que nul homme n’aurait su atteindre. Haut sur les rocs, ma tête –décomposition des bouches précieuses-, j’affrontais l’ombre stagnante arrimée au ciel et brandissant un poing ou la foudre tombait, je pointais du doigt la perfection divine, toujours cachée dans la lenteur des nuages parsemant la voûte.

Mais la femme étendue sur les traits tranchants de la falaise appelait mon sang. Telle la sirène, aux rides d’églantiers, je répand la moiteur de l’écume et la boule fumante de ma soumission. Aplati sous son cœur, je brodais des tables, je brodais les fils de mes jambes pour qu’à l’autre fureur, je puisse sans attendre courir, échapper aux mâchoires claquantes de la plaine verte perlée jaune. La vue de mon crâne répand des larmes à quiconque risque d’y étendre son front. La porte au milieu du champs ne sert à rien : on peut facilement la contourner, et mon âme –au fond qu’est-ce ?- si l’on en dépèce les broderies de cuivre la contenant, sera piétiner comme on le fait du vin de l’armoire aux songes.

#2 kékun

kékun

    .............................

  • TLPsien
  • 457 posts

Posted 01 January 2006 - 02:52 PM

Superbe prose
Je me suis laissé prendre à vos premières lignes
et j'ai lu et relu jusqu'à la dernière

Voeux amicaux




0 user(s) are reading this topic

0 members, 0 guests, 0 anonymous users