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La sorcière


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#1 sellatvn

sellatvn

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  • TLPsien
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Posted 02 January 2006 - 07:39 PM

-LA SORCIERE-


Avec des langues de crapauds, elle frappait sans vergogne l’arrête boisée de la table, les pauvres besogneux étaient reclus dans l’effrayante pièce d’où l’on ne s’échappe qu’après avoir embrassé trois fois le comptoir plein de cendres. Une voix de ferraille s’élève avec dans les bulles de suie qui en découlent, les mots les plus horribles qu’une identité pourrait connaître. Les plus nobles résumés dans une cage, redécouvraient la mort que l’on sabre sans honte et déflore les matins revenus sur des nappes blanches à carreaux rouges : c’est la haine qui monte ! Et venez vous y lover, cette mort sans rire, cette belle mort qu’il nous reste à inventer.

Le soir, aux feuilles de martin pêcheur, dans son cloître, elle avançait sur une dérangeante ligne d’épine, et pieds nus, elle s’enfonçait jusqu’à l’os de sa hargne. Il est clair que tout sentiment se tait lorsque, au loisir d’une bâtisse sûr, on entreprend d’en fragmenter la substance. Et comme le jour s’emporte, comme ma raison n’est plus qu’une pointe de pétale qui vole d’arbre en arbre sans ne plus s’assouvir, j’apprend cette nouvelle danse. Prendre deux par deux les iris d’un amour plein et serein pour effeuiller leur union dans un bol d’eau où surnage une lettre. Tu m’avais envoyé la pureté glaciaire sur des timbres d’argent portuaire, et si mes doigts déflore cette folle pulsation , je n’en déplore pas moins le courage qu’il me manque pour te bénir aux divagations de ton corps. Un carré de papier reste le carillon le plus familier de mon quotidien en lustre d’étourneau.

La femme chantait, à son nez de crochet la sorcière, mais sans porte d’attention à son pénible labeur, bien vite elle se tut. Seulement, pour en occulter parfaitement la résonance, il faut ouvrir les armoires de l’oubli, laisser miroiter dans cette cuve le spectacle de la rédemption factice et refermer les rabats quand, ivre de désir, la femme à croche s’y sera introduit. D’une avancée, la damnation bien pauvre tinte la cloche, l’arrière garde de la haine recluse dans les boiseries. La foule d’image qu’apporte la source prend l’écrin dans les rides les plus pénibles, et si leur vue reste insupportable, leur mention se tisse dans la matière même de notre salut.




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