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Chute au duvet


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#1 sellatvn

sellatvn

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  • TLPsien
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Posted 06 January 2006 - 12:05 AM

CHUTE AU DUVET-


Je courrais sur la fournaise de la ville, bouche ouverte, prêt à cueillir les flocons tourbillonnants, encerclant mes moulins accrocheurs de gravier. C’est une heure où toute distinction vivante déserte ma perception aux angles de pierres molles des rues que j’emprunte, c’est une heure d’errance suspendue aux filets d’ardoise de l’instabilité. Je courrais dans une boue tenace, fixant mes pieds aux goudrons, explosant en multiple directions à l’instant de l’extraction. Sur la double extrémité de mes points cardinaux, deux grandes boules de taille humaine roulaient vers moi, sur leurs poitrines, un mot inscrit en blanc à la structure d’ébène me fixait puis rentrait dans le mouvement circulaire, de nouveau me fixait, puis rentrait. Je courrais mais les deux boules emportées par leur élan et par la tentation polaire s’approchait de mes talons pourtant labourant la neige en béances portant ma marque. A présent, et la lune en porte les trous, les boules me laissent plus distinctement accrocher l’inscription terrassant leurs bustes : SILENCE OPTIQUE.

N’obéissant plus au flux nerveux de ma débordante terreur, mes jambes cessèrent leur martèlement creux. Les boule SILENCE OPTIQUE roulaient de plus en plus rapidement et, sentant l’impact, j’égrainais quelques mots, prière vaine à l’attention de ma chute : « Une urne de lait, un verre d’agrément, soupèses ma paupière dans son abri de brindille. Une langue de pierre, un paquet d’argent inutile. » Les boules roulaient, mes jambes infiniment fixes. A présent ma bouche se tord, les sons inhumains qui en sortent ne forment plus des mots, à peine des syllabes. Sacrement de mes funérailles, l’oraison égale à l’opacité de mon raisonnement devant la densité de mon impossibilité. SILENCE OPTIQUE, voici les fléaux sur la crête de ma résistance, mais, à la faveur d’une improbable inspiration, mon buste enfle, et les deux boules séparées l’une de l’autre par mes os SILENCE OPTIQUE.

L’impact éclata d’une gerbe de lumière d’or, formant un colonne du goudron jusqu’au ciel, dont je suis l’épicentre. Mon corps est d’une matière impalpable, lors du choc, de la rencontre des deux masses, j’étais hors de la pièce, ou alors j’y étais mais traversé d’innombrables gouttes d’eau, incroyablement transparent, de l’unique texture de la feuille. Quand tout fut fini, quand l’onde à la colonne n’était plus qu’une étoile au plafond des divinités, une page atterrit sur le sol. Je ne pus dans ce silence marin que me baisser pour la ramasser : SILENCE OPTIQUE.




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