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Ambiance_celte


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20 replies to this topic

#1 socque

socque

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  • TLPsien
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Posted 07 August 2006 - 10:41 PM

Dans la forêt de Brocéliande,
Des arbres moussus, menaçants,
Surplombent l'honnête passant :
Il s'attend presque qu'on le pende !

Il eut tort de quitter la lande,
Guidé par un besoin pressant :
Près de lui s'approche en crissant
Une goule aux funestes glandes

Exsudant un poison cruel !
Les arbres sereins, éternels,
Assistent, massifs et placides,

À la fin de l'infortuné
Qui, pour avoir importuné
Ces lieux, meurt rongé par l'acide.

#2 Condor

Condor

    condor

  • TLPsien
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Posted 07 August 2006 - 10:53 PM

Comme je dis toujours : faux sonnet mais vrai poème wink.gif

#3 Ramiel

Ramiel

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  • TLPsien
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Posted 08 August 2006 - 04:05 AM

Elle l'a rongé par où, la goule, si c'était au moment où il satisfaisait un besoin pressant ?

Par ailleurs, d'habitude, une goule, c'est immatériel, et parler de glandes, à son sujet, est un peu étrange. Pas forcément d'acide, car les fantômes peuvent toujours en créer à volonté, et de leur sorte, mais de glandes, c'est bizarre. Car c'est propre aux êtres physiques, qui ont des organes visibles et palpables.

Sinon, l'idée de faire un sonnet à partir d'un conte fantastique est vraiment bonne. Peut-être faudrait-il juste soit éviter de parler de glandes pour une goule, soit parler d'un monstre organique mais inconnu qui a des glandes, bref, à mon avis, il faut tenir compte de ce qui entre dans une culture donnée, ou pas.

Je crois bien, sinon, qu'une goule vide les hommes de leur substance vitale immatérielle, d'habitude. On en meurt sans se dissoudre physiquement. C'est la tradition qui le dit.

#4 socque

socque

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  • TLPsien
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Posted 08 August 2006 - 07:14 AM

Ramiel, je suis d'accord, mais ce texte, dans mon esprit, constitue une parodie. Le rapprochement de "goule" et de "glandes" est ici purement pour la sonorité, de même qu'"acide" est là pour rimer avec "placides" (ou "placides" pour rimer avec "acide", au choix). Je n'ai pas cherché à écrire un conte dans la tradition celte ou orientale.

La définition de "goule" dans le Trésor de la Langue Française Informatisé :
"Vampire femelle qui, selon les superstitions orientales, dévore les cadavres dans les cimetières."

(...Et merci au rapace !)

#5 Ramiel

Ramiel

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  • TLPsien
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Posted 08 August 2006 - 12:49 PM

Oui, mais même la parodie ne peut pas, à mon avis, prendre les mots qu'on utilise dans un sens inattendu et bizarre. Que le mot ne corresponde pas à quelque chose qui existe n'y change en fait rien. La définition est claire. On ne comprend pas de quelles glandes une goule pourrait faire jaillir de l'acide : cela mériterait une explication (même burlesque). Car la langue n'est pas faite de choses qui existent qu'on désigne, mais de mots dont le sens est connu au sein d'une collectivité, qu'ils désignent des réalités ou de simples croyances.

Par ailleurs, une rime ne justifie pas, en théorie, une anomalie sémantique, surtout si on a annoncé qu'on a fait des rimes sérieuses. En tout cas, c'est mon avis.

Sinon, je crois que les Celtes et les Orientaux, quand on écrit un texte en français, n'ont en fait pas beaucoup d'importance. Les Français aussi ont cru aux démons, ou y croient encore, et cela ne vient pas forcément des Celtes et des Orientaux, car les Latins avaient aussi leurs vampires, en lesquels certains parmi eux croyaient, et le français vient du latin.

Edited by Ramiel, 08 August 2006 - 12:54 PM.


#6 socque

socque

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  • TLPsien
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Posted 08 August 2006 - 01:38 PM

"Oui, mais même la parodie ne peut pas, à mon avis, prendre les mots qu'on utilise dans un sens inattendu et bizarre. Que le mot ne corresponde pas à quelque chose qui existe n'y change en fait rien. La définition est claire. On ne comprend pas de quelles glandes une goule pourrait faire jaillir de l'acide : cela mériterait une explication (même burlesque). Car la langue n'est pas faite de choses qui existent qu'on désigne, mais de mots dont le sens est connu au sein d'une collectivité, qu'ils désignent des réalités ou de simples croyances.

Par ailleurs, une rime ne justifie pas, en théorie, une anomalie sémantique, surtout si on a annoncé qu'on a fait des rimes sérieuses. En tout cas, c'est mon avis.

Sinon, je crois que les Celtes et les Orientaux, quand on écrit un texte en français, n'ont en fait pas beaucoup d'importance. Les Français aussi ont cru aux démons, ou y croient encore, et cela ne vient pas forcément des Celtes et des Orientaux, car les Latins avaient aussi leurs vampires, en lesquels certains parmi eux croyaient, et le français vient du latin."

Sur cette partie :
"Oui, mais même la parodie ne peut pas, à mon avis, prendre les mots qu'on utilise dans un sens inattendu et bizarre. Que le mot ne corresponde pas à quelque chose qui existe n'y change en fait rien. La définition est claire. On ne comprend pas de quelles glandes une goule pourrait faire jaillir de l'acide : cela mériterait une explication (même burlesque). Car la langue n'est pas faite de choses qui existent qu'on désigne, mais de mots dont le sens est connu au sein d'une collectivité, qu'ils désignent des réalités ou de simples croyances." nous ne sommes pas d'accord. Je ne vois pas pourquoi une parodie ne pourrait pas prendre des conventions de genre et les tordre, les mélanger à d'autres. Des mots dont le sens est connu, oui, mais précisément il s'agit là d'une association nouvelle à partir de mots dont le sens est connu. D'habitude, une goule n'a pas de glandes (encore que ça pourrait se discuter : il s'agit d'un vampire femelle, et qui dit sexe dit hormones et glandes, non ?), ben là elle en a.

"Par ailleurs, une rime ne justifie pas, en théorie, une anomalie sémantique, surtout si on a annoncé qu'on a fait des rimes sérieuses. En tout cas, c'est mon avis." Je maintiens qu'attribuer des glandes à une goule ne constitue pas une anomalie sémantique, mais pousse au contraire la logique à son terme. Un être pourvu d'un sexe n'est de facto pas immatériel.

"Sinon, je crois que les Celtes et les Orientaux, quand on écrit un texte en français, n'ont en fait pas beaucoup d'importance. Les Français aussi ont cru aux démons, ou y croient encore, et cela ne vient pas forcément des Celtes et des Orientaux, car les Latins avaient aussi leurs vampires, en lesquels certains parmi eux croyaient, et le français vient du latin." Là, je ne vois pas le rapport. J'ai détourné les conventions d'un genre assez universel en effet, l'horreur, et j'ai écrit en français pour ce faire. La forêt de Brocéliande donne une ambiance celte, la goule provient du bestiaire oriental, mais elle me semble bien s'acclimater ici. En effet cela n'a pas beaucoup d'importance, et nous sommes d'accord.

Ouf, je peux éditer à nouveau. Pour illustrer mon propos : je suis en train de lire un livre de science-fiction extrêmement intrigant et bien écrit où, à la suite de la montée des eaux due à l'effet de serre qui a provoqué l'effondrement de la civilisation, toute une religion révélée s'est montée à partir des mémoires d'un chauffeur de taxi. Eh bien, les chapitres écrits du point de vue des sectateurs de cette religion désignent le soleil par "phare anti-brouillard", le ciel par "pare-brise", les heures par "plage tarifaire", etc. Une telle utilisation des mots ne correspond à rien dans notre contexte culturel actuel, mais cela fonctionne particulièrement bien pour ce que veut dire l'auteur. Je pense qu'il est légitime d'utiliser les mots à l'extrême tension de leurs significations et des images qu'ils évoquent. Mon propre texte est bien loin de ça ! Je ne le trouve absolument pas audacieux de ce point de vue, ni d'aucun d'ailleurs.

#7 Ramiel

Ramiel

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  • TLPsien
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Posted 08 August 2006 - 02:28 PM

Chère Socque, les glandes dont s'exsude le venin sont propres aux serpents, et non aux femmes, ni aux goules telles qu'elles sont connues par la tradition que recoupe le mot même. C'est comme si je disais : "Ce serpent, dont les pattes avant étaient un peu molles..." Il faut tout de suite expliquer, par une parenthèse : "(car c'était un serpent à pattes)", sinon, on a simplement l'impression que le mot a été utilisé à mauvais escient. Ou alors, c'est du surréalisme. Mais pas du fantastique, même burlesque.

Dans le fantastique, il y a un enchaînement de faits qu'on comprend. Si on comprend tout sauf un élément, c'est extrêmement bizarre. Dans le surréalisme, lorsqu'il y a récit, on ne comprend quasiment rien. C'est pareil pour la terminologie : si on montre que la modification du sens est récurrente, on comprend de quoi il s'agit ; si c'est une fois seulement, alors que le reste du temps, "lande" désigne une vraie lande, par exemple, on ne comprend plus. Car il est invraisemblable que le glissement de sens n'ait eu lieu que pour un mot, si c'est la perceptrion même des choses en général qui a changé.

Mais je te donne mon ressenti. Selon la tradition, un beau vers est un vers qui se comprend comme s'il était de la prose, et qui ne se ressent pas de sa contrainte formelle. On donne toujours l'exemple de Racine. Il est lisse. "Oui, je viens dans son temple adorer l'Eternel" ne se ressent pas de sa contrainte formelle. Sans la rime au vers suivant, on pourrait croire à de la prose.

#8 socque

socque

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  • TLPsien
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Posted 08 August 2006 - 03:46 PM

"Chère Socque, les glandes dont s'exsude le venin sont propres aux serpents, et non aux femmes, ni aux goules telles qu'elles sont connues par la tradition que recoupe le mot même. C'est comme si je disais : "Ce serpent, dont les pattes avant étaient un peu molles..." Il faut tout de suite expliquer, par une parenthèse : "(car c'était un serpent à pattes)", sinon, on a simplement l'impression que le mot a été utilisé à mauvais escient. Ou alors, c'est du surréalisme. Mais pas du fantastique, même burlesque.

Dans le fantastique, il y a un enchaînement de faits qu'on comprend. Si on comprend tout sauf un élément, c'est extrêmement bizarre. Dans le surréalisme, lorsqu'il y a récit, on ne comprend quasiment rien. C'est pareil pour la terminologie : si on montre que la modification du sens est récurrente, on comprend de quoi il s'agit ; si c'est une fois seulement, alors que le reste du temps, "lande" désigne une vraie lande, par exemple, on ne comprend plus. Car il est invraisemblable que le glissement de sens n'ait eu lieu que pour un mot, si c'est la perceptrion même des choses en général qui a changé."

Eh bien, je confirme : nous ne sommes pas d'accord. Je ne vois pas l'utilité de dire "c'était un serpent à pattes" si je viens de parler des pattes du serpent ! Si je décide que dans la forêt de Brocéliande se baladent des goules avec des glandes qui contiennent du poison à l'acidité telle qu'il peut ronger vivant un homme, ça me paraît parfaitement légitime de le dire...

#9 Ramiel

Ramiel

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  • TLPsien
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Posted 08 August 2006 - 03:55 PM

Et ça l'est, mais il faut savoir si on publie un poème en sachant parfaitement ce qu'on veut dire, ou en espérant que les autres le comprennent tout de suite, comme soi-même. Or, toi seule pouvais savoir que le serpent avait des pattes, si tu l'avais décidé. Car on décide bien de ce qu'est la chose dont on va parler avant d'en parler. En revanche, le lecteur ne peut la connaître qu'au moment où on en parle. C'est pourquoi on lui explique ce qu'on avait décidé avant qu'on ait commencé à lui parler : "en effet, j'ai décidé que ce serpent-là aurait des pattes". Du coup, c'est clair. Le lecteur n'est plus du tout perplexe. Il n'a plus l'impression que quelque chose lui échappe.

#10 Ramiel

Ramiel

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  • TLPsien
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Posted 08 August 2006 - 03:58 PM

-doublon-

Edited by moderateur, 08 August 2006 - 10:02 PM.


#11 socque

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  • TLPsien
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Posted 08 August 2006 - 04:05 PM

"Et ça l'est, mais il faut savoir si on publie un poème en sachant parfaitement ce qu'on veut dire, ou en espérant que les autres le comprennent tout de suite, comme soi-même. Or, toi seule pouvais savoir que le serpent avait des pattes, si tu l'avais décidé. Car on décide bien de ce qu'est la chose dont on va parler avant d'en parler. En revanche, le lecteur ne peut la connaître qu'au moment où on en parle. C'est pourquoi on lui explique ce qu'on avait décidé avant qu'on ait commencé à lui parler : "en effet, j'ai décidé que ce serpent-là aurait des pattes". Du coup, c'est clair. Le lecteur n'est plus du tout perplexe. Il n'a plus l'impression que quelque chose lui échappe."

Oui, si j'ai décidé que le serpent avait des pattes, et si je dis "les pattes du serpent", le lecteur en infère tout de suite que le serpent a des pattes, c'est presque lui faire insulte que de le lui répéter. Si dans la suite du récit se trouve une indication qui permet de comprendre l'origine de la pousse des pattes sur certains serpents (par exemple des serpents qui proviennent d'une zone irradiée), eh bien on avancera plus loin dans la compréhension. Pour moi on entre dans une histoire comme un tout jeune enfant découvre le monde : les règles ne sont pas forcément connues, par défaut on suppose que ce sont celles dont on a l'habitude, mais quelques mots (par exemple "les pattes du serpent") peuvent tout faire basculer...

#12 Goldmund

Goldmund

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Posted 08 August 2006 - 04:45 PM

Citation (Ramiel @ Aug 8 2006, 05:05 AM) <{POST_SNAPBACK}>
Elle l'a rongé par où, la goule, si c'était au moment où il satisfaisait un besoin pressant ?


Citation
Car c'est propre aux êtres physiques, qui ont des organes visibles et palpables.


Moi aussi j'aime bien la métaphysique
Oui c'est vrai ça, Socque, par où elle l'a rongé la goule ?
Si tu ne peux y répondre, c'est tout ton poème qui s'effondre.
Et si en fait c'était pas une goule, mais les arbres des mancenilliers

Palper ou pas palper, telle est la question ...

#13 socque

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Posted 08 August 2006 - 05:00 PM

Ramiel disait :
"Et ça l'est, mais il faut savoir si on publie un poème en sachant parfaitement ce qu'on veut dire, ou en espérant que les autres le comprennent tout de suite, comme soi-même. Or, toi seule pouvais savoir que le serpent avait des pattes, si tu l'avais décidé. Car on décide bien de ce qu'est la chose dont on va parler avant d'en parler. En revanche, le lecteur ne peut la connaître qu'au moment où on en parle. C'est pourquoi on lui explique ce qu'on avait décidé avant qu'on ait commencé à lui parler : "en effet, j'ai décidé que ce serpent-là aurait des pattes". Du coup, c'est clair. Le lecteur n'est plus du tout perplexe. Il n'a plus l'impression que quelque chose lui échappe."

Et je lui réponds que, si on lit "les pattes du serpent", on comprend qu'il s'agit ici d'un serpent qui a des pattes. C'est presque faire insulte au lecteur que de le lui répéter. Si par la suite dans l'histoire on a un récit permettant d'expliquer l'origine possible de cet état de fait (par exemple le serpent est originaire de Tchernobyl), le lecteur avancera dans la compréhension.

J'aime entrer dans une histoire comme un tout jeune enfant : on ne sait pas quelles règles vont s'appliquer. On suppose au départ qu'on est dans l'univers ordinaire, mais quelques mots (par exemple "les pattes du serpent") peuvent tout faire basculer, et on se retrouve dans un univers biscornu cher à des auteurs comme Sheckley. Un auteur dont j'ai oublié le nom parlait de la "suspension de l'incrédulité"...

#14 Goldmund

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Posted 08 August 2006 - 07:29 PM

Quoi, un serpent qui a des pattes !
Non mais qu'est-ce qui arrive.
Et puis merci à qui d'avoir déplacé quoi ?
De quel auteur parle-t-on ? Et de quel lecteur ?
Celui qui croit aux pattes du serpent ou celui qui n'y croit pas ?
Et qui a publié un poème en sachant parfaitement ce qu'il veut dire.
Quel poème d'ailleurs ? Et pour la prose, oui, la règle s'applique-t-elle à la prose aussi ?
Il parait que dans le fantastique il y a un enchainement de faits et c'est ça qui est bizarre.
Mais ce qui est bizarre ce sont les faits fantastisques dans le non fantastisque en fait, les autres le sont moins.
Qui a des glandes propres dont s'exsude du venin au serpent chère Socque que recoupe même la tradition ?
Ah c'est des serpents de zones irradiés et c'est pour ça qu'ils ont des pattes. Mais eux ou leurs enfants ? Avez-vous déjà vu un serpent enfant avec des pattes venant d'une zone irradiée ?
Peut-on décider d'une chose dont on va parler avant d'en parler même quand on a déjà commencé sa phrase ? Et pourquoi on lui explique ce qu'on avait décidé avant qu'on ait commencé à lui parler ?
Réponse : "en effet, j'ai décidé que ce serpent-là aurait des pattes".
Qui a osé insulter le lecteur en lui répétant, de manière réccurente et surréaliste, alors que "lande" désigne une vraie lande, et que dans la forêt de Brocéliande se baladent des goules avec des glandes qui contiennent du poison à l'acidité telle qu'il peut ronger vivant un homme et encore que de toute façon dans le surréalisme, lorsqu'il y a récit, on ne comprend quasiment rien, oui qui a osé insulter le lecteur en lui répétant que le serpent avait des pattes alors que le lecteur en infère tout de suite que le serpent a des pattes ?
Et j'espère que mes questions ne resteront pas sans réponse, comme tout lecteur intrigué par les serpents à pattes, j'ai le droit de savoir.

#15 socque

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Posted 08 August 2006 - 07:58 PM

Citation ("Goldmund")
Quoi, un serpent qui a des pattes !
Non mais qu'est-ce qui arrive.
Et puis merci à qui d'avoir déplacé quoi ?
De quel auteur parle-t-on ? Et de quel lecteur ?
Celui qui croit aux pattes du serpent ou celui qui n'y croit pas ?
Et qui a publié un poème en sachant parfaitement ce qu'il veut dire.
Quel poème d'ailleurs ? Et pour la prose, oui, la règle s'applique-t-elle à la prose aussi ?
Il parait que dans le fantastique il y a un enchainement de faits et c'est ça qui est bizarre.
Mais ce qui est bizarre ce sont les faits fantastisques dans le non fantastisque en fait, les autres le sont moins.
Qui a des glandes propres dont s'exsude du venin au serpent chère Socque que recoupe même la tradition ?
Ah c'est des serpents de zones irradiés et c'est pour ça qu'ils ont des pattes. Mais eux ou leurs enfants ? Avez-vous déjà vu un serpent enfant avec des pattes venant d'une zone irradiée ?
Peut-on décider d'une chose dont on va parler avant d'en parler même quand on a déjà commencé sa phrase ? Et pourquoi on lui explique ce qu'on avait décidé avant qu'on ait commencé à lui parler ?
Réponse : "en effet, j'ai décidé que ce serpent-là aurait des pattes".
Qui a osé insulter le lecteur en lui répétant, de manière réccurente et surréaliste, alors que "lande" désigne une vraie lande, et que dans la forêt de Brocéliande se baladent des goules avec des glandes qui contiennent du poison à l'acidité telle qu'il peut ronger vivant un homme et encore que de toute façon dans le surréalisme, lorsqu'il y a récit, on ne comprend quasiment rien, oui qui a osé insulter le lecteur en lui répétant que le serpent avait des pattes alors que le lecteur en infère tout de suite que le serpent a des pattes ?
Et j'espère que mes questions ne resteront pas sans réponse, comme tout lecteur intrigué par les serpents à pattes, j'ai le droit de savoir.


biggrin.gif biggrin.gif biggrin.gif biggrin.gif

Cela dit, étant donné que je suis obligée de reporter ma réponse ailleurs parce qu'on ne peut plus agir sur ses propres sujets, ce qui oblige à en ouvrir d'autres où on fait référence à ceux auxquels on répond, et puis après on doit encore en ouvrir pour répondre aux réponses concernant ses réponses aux réactions sur ses sujets, etc. et j'en suis où, d'ailleurs ? Bref, étant donné, tu n'es pas près d'avoir une réponse à tes interrogations, mon cher Goldmund !

Je tente une synthèse : Ramiel pense que, si on présente dans un récit un élément inhabituel, il faut le préciser au lecteur. En l'occurrence, à propos de la goule à glandes, j'aurais pu préciser, par exemple dans une note : "Les goules sont des vampires et, en tant que tels, n'ont pas de glandes [je me demande bien pourquoi], mais là on est dans un univers un peu fantasque, alors je prie le lecteur d'admettre qu'il s'agit ici d'une goule avec des glandes". Moi, je ne suis pas d'accord (je prie Ramiel de m'excuser d'avoir quelque peu caricaturé sa position) : je pense que si je dis "Une goule aux funestes glandes", le lecteur comprend tout seul qu'on parle d'une goule avec des glandes, et qu'en outre ces glandes ne doivent pas être super sympas.

Bon, si on veut poursuivre la discussion, il va falloir ouvrir plein plein de nouveaux sujets, et je me dis que heureusement qu'on n'abat pas des arbres pour ça. (Ah oui, au fait : je n'ai pas l'intention d'utiliser les messages privés ici ; les messages privés, c'est si on a des choses privées à dire, ici c'est un débat hacheté passionnant dont il serait dommage de priver les foules assoiffées de connaissance !)

Edited by socque, 08 August 2006 - 08:05 PM.


#16 Goldmund

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Posted 08 August 2006 - 10:38 PM

Bon merci Socque pour ces explications.
Tant qu'on ne me demande pas mon avis, je ne suis donc pas obligé
de répondre ingénument que j'ignore tout des goules à glandes et des
précisions qu'il faut en donner à un lecteur.

Enfin, il parait que tout ce qui se conçoit bien s'énonce clairement
Et que même les mots pour le dire arrivent aisément

Bon ça c'est Boileau, parce que Verlaine y disait :

Il faut que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Rien de plus cher que la chanon grise
Ou l'Indécis au Précis se joint

Tu peux aussi rajouter des notes et des renvois
mais ça va tout de suite faire très "Monde diplomatique"

Tu peux aussi remplacer par "poule à glandes"
car si les goules n'ont pas de glande
les poules en ont mais c'est à toi d'y rajouter du poison,
et fin du fin, ta métrique est intacte...

#17 Ramiel

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  • TLPsien
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Posted 09 August 2006 - 03:35 AM

Malheureusement, on peut tourner la chose dans tous les sens, et finalement juste avoir l'impression que le manque de clarté est venu des contraintes formelles, qui ont étriqué la pensée exprimée. Comme il ne va pas de soi qu'une goule a des glandes, commencer par dire qu'elles sont funestes apparaît comme prématuré. Car quand on dit : "aux funestes glandes", on parle comme si l'information première qu'on apportait était qu'elles étaient funestes ; or, en réalité, que la goule ait des glandes comparables à celles des serpents est plus important, à ce stade du poème, que sa façon de les utiliser. Il serait donc plus cohérent, à mon avis, d'en dire la fonction :

"Une goule aux venimeuses glandes"

Ou même la situation dans le corps :

"Une goule aux glandes enfouies dans sa bouche"

Ou la nature des glandes par comparaison avec l'animal dont on les a tirées, dans son esprit :

"Une goule qui avait des glandes comme un serpent"

Tout cela, bien avant, à mon avis, de qualifier moralement ces glandes, c'est-à-dire de dévoiler la façon dont la goule va les utiliser, ou ses intentions. Car avant de savoir ce qu'on dit de quelque chose, il faut bien savoir ce qu'est ce quelque chose : c'est le principe du thème et du prédicat. Principe pas métaphysique, en fait, mais plutôt grammatical, au fond. Cela dit, la grammaire est liée à l'esprit humain plus qu'on ne croit. Donc, on peut facilement penser que le problème est d'un ordre différent.

Edited by Ramiel, 09 August 2006 - 03:41 AM.


#18 socque

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  • TLPsien
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Posted 09 August 2006 - 07:05 AM

Je récuse l'idée que le texte de ce sujet comporte des fautes de grammaire. D'un point de vue formel, il est écrit en français correct.

Sur le fond, vous estimez que j'apporte une information prématurée : les glandes de la goule sont funestes, et que je devrais préparer d'abord le lecteur à l'idée qu'une goule a des glandes. Dans la tradition, dites-vous, les goules n'ont pas de glandes. Une fois de plus, je ne vois pas pourquoi un vampire devrait être dépourvu de glandes, puisqu'il s'agit d'un être a priori matériel. Dans la mesure où il dévore des cadavres, il faut bien qu'il soit pourvu d'un corps ! En fait, ce que vous contestez, c'est le fait que j'attire l'attention sur un aspect inhabituel de la goule : ses glandes. Comme effectivement rien dans la tradition ne nous parle des glandes de la goule, il est parfaitement légitime (bien qu'arbitraire) de supposer que ces glandes sont porteuses d'un poison très acide. L'adjectif "funeste" annonce cette nocivité des glandes de la goule.

Du fait des contraintes métriques de la forme que j'ai choisie, je suis amenée à condenser ce que j'ai à dire, oui. Mais le texte n'est pas confus pour autant, dans mon opinion.

#19 Ramiel

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  • TLPsien
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Posted 09 August 2006 - 08:07 AM

Ah non, je ne crois pas qu'il soit spécialement légitime de présupposer qu'une goule a des glandes venimeuses comme un serpent. Car sinon, il est légitime de présupposer tout ce qu'on veut. Mais il n'est pas illégitime, bien sûr, de lui en inventer. Simplement, il faut que le lecteur soit prévenu. Ce que même ne fait que supposer un écrivain n'est connu que de lui. Le lecteur n'a pas à essayer de le découvrir. Cela ne le concerne pas, en fait !

Le thème et le prédicat appartiennent à ce qu'on appelle la grammaire de texte, différente de la grammaire de phrase. En clair, il est normalement logique de préciser ce dont on parle avant de savoir ce qu'on en dit. Cela n'a d'ailleurs pas de lien avec le contenu du message, comme on dit. J'en ai vu beaucoup (je ne dis pas que c'est votre cas, Socque) qui croyaient qu'avec le fantastique, on pouvait faire autrement, mais ce n'est pas le cas : c'est une règle qui a trait à la langue, et non à la nature de ce qu'elle évoque.

C'est de la grammaire, en ce sens que c'est une règle qu'on applique pour être bien compris de son interlocuteur.

Edited by Ramiel, 09 August 2006 - 08:15 AM.


#20 socque

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  • TLPsien
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Posted 09 August 2006 - 09:02 AM

Vous et moi commençons à radoter, j'en ai peur.

Dites-moi si je résume bien nos positions respectives :
- dans la mesure où la notion de glandes n'est généralement pas associée à celle de goule, et où il s'agit d'une invention de ma part ne reposant sur aucune tradition antérieure (mais pas explicitement interdite par ladite tradition), vous pensez qu'il est nécessaire d'"annoncer la couleur" et de postuler que les goules ont des glandes avant de me mettre à les qualifier ;
- je ne suis pas d'accord et maintiens qu'en disant "Une goule aux funestes glandes", j'exprime en même temps que cette goule a des glandes et qu'elles sont funestes, et que ce raccourci est légitime et n'apporte pas de confusion au texte.

Je pense que ces positions sont et resteront inconciliables, néanmoins, si vous voulez poursuivre la discussion, je vous invite à le faire dans le forum de discussion qui est là pour ça. Je crains qu'en restant sur ce forum, nous ne nous engagions sur la voie traîtresse de la cuistrerie que je fais profession d'abhorrer.

Bien à vous.

#21 Ramiel

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  • TLPsien
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Posted 09 August 2006 - 09:14 AM

Je donnais mon sentiment de lecteur. Quand on est auteur, on ne se rend pas toujours bien compte de ce que peut ressentir un lecteur. En tout cas, c'est mon avis.




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