Une sourde langueur emplissait le rivage, tandis que les sycomores semblaient se désaltérer du couchant. Les pas d’un cavalier se faisaient entendre et peu à peu apparaissait une silhouette, un cheval, harnaché, mais dont la selle était vide. Pourtant le cavalier était bien là, mais traîné sur le sol par un étrier. Mort peut-être il était. Ses yeux étaient fermés et son visage, couvert de sang. C’était là un combattant des croisades, un templier, reconnaissable à la croix rouge ornant sa tunique blanche. La fraîcheur du soir commençait à se faire sentir et notre homme reprenait ses esprits.
Qui suis-je ? Meurtrier ou l’arme de dieu ?
Les larmes m’ont quitté, depuis mon enfance
J'ai tué des sarrasins, ou vu tués de mes yeux,
Hérétiques brûlés, j’ai usé de violence.
Qui croire ? Dieu ? Non, il n’existe pas,
Sinon l’homme cruel tel qu’il est dans le monde,
N’aurait lieu d’exister, au moins d’être si bas.
Ici, rien que massacre et puis hécatombe.
Que fais-je ? Assassin, je tue les ennemis.
Ennemis de quoi ? Qui ? Et bien de la couronne.
Et du pape si saint, qui jamais ne s’étonne
D’être un faillible homme, une simple brebis.
Des bruits de galops se faisaient entendre. Apparaissait une troupe de sarrasins qui aussitôt chargèrent le templier et mirent fin à sa vie. La nuit maîtresse des lieux, éclairait par la Lune le corps gisant dans les vagues. Comme le symbole d’une éternité nouvelle, le cadavre semblait se fondre parmi les étoiles, et n’était plus qu’un astre.
Le Templier
Started by Escogriffe, Nov 20 2006 03:14 PM
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