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moonage

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Le Retour

10 June 2006 - 10:54 PM

Un jour la porte s'ouvrira
Tu seras là, debout, et vivant devant moi.

Trop de temps et d'attente
Pèseront sur mes yeux

Tant
Que je ne pourrai regarder que tes pieds
Nus ils auront épousé la couleur de la terre
Notre terre rougie que tu auras foulée
Dieu sait combien d'années et dans quelles errances

Et puis j'apercevrai tes habits de misère
Epuisés ils auront dessiné le pays
Notre pays déchiré par la guerre et les crimes
Dieu sait combien d'années et dans quelle violence

Enfin j'oserai retrouver ton regard
Incrédule il parlera comme parle ce peuple
Notre peuple perdu qui n'a que trop pleuré
Dieu sait combien d'années et pour quels mensonges

Alors doucement la porte se refermera
Tu seras là, debout, et vivant contre moi

Mémoires D'un Video Clip

20 March 2006 - 08:50 PM

Le clown solarisé déambule sur la grève
Lentement inexpressif
Et sa mère qui lui parle et lui parle et lui parle

"Souviens toi que tu es poussière"

Des caterpillars chassent d'étranges rabbins
Ou des popes, ou des clubbeurs gothiques
Et la planète qui scintille et scintille et scintille

"Et que tu retourneras poussière"

Cette basse slappée, ces gouttes de synthé
Ces Japonaises de synthèse
Et le scaphandrier qui revient et revient et revient

"Je veux une hache pour briser la glace"

Décodage des images, décryptage des paroles
La magie demeure inaltérée
Et le clown qui se noie et se noie et se noie

"Je suis heureux, j'espère que vous l'êtes aussi "

Il Y A Longtemps Dans Dix Ans

10 March 2006 - 12:39 PM

Moiteur maximale, espace acoustique saturé du martèlement des basses, éclairs colorés dévoilant furtivement les visages de la transe, Martin n’arrivait pas à détourner son regard du nombril de la beauté brune qui dansait face à lui.
Trois heures du matin au cœur du volcan, la piste exiguë du plus hype des clubs de la capitale, il n’en revenait pas, le pauvre, pour sa première vraie soirée parmi l’élite artistico-culturelle, il n’en revenait pas mais il voulait s’en convaincre : le show essentiellement torride que donnait cette fille, une des plus désirables de la boîte, lui était bel et bien destiné.

Hier encore, elle n’était qu’un doux minois aperçu une fois ou deux, petite assistante dans la maison d’édition qui venait d’accepter le premier manuscrit de Martin. Réunion de travail informelle, cheveux et habillage informes, elle avait à peine eu un mot ni un regard pour lui. Rien qu'un beau visage de plus, le mépris ou tout au moins l’indifférence habituelle d’une belle jeune fille caparaçonnée sous son professionnalisme un peu surfait. Tout juste s’était elle contentée, en fin de réunion, de lui tendre une invitation à la fête privée du lendemain.

Et donc ce soir, un autre personnage.

Un corps, d’abord…Un petit corps parfait, une peau mate rendue luisante par la danse, un incroyable fuselage de jambes émergeant d’une à-peine jupe noire soulignant le nombril, ce nombril à l’envoûtante ondulation, un tout petit haut grandement échancré, des promesses de doux reliefs entre deux soubresauts rythmiques.

La techno, décidément, est une invention magique, se dit-il à la faveur d’un court break du beat, juste le temps pour elle de rejeter ses belles boucles en arrière, libérant un regard enflammé, un sourire essoufflé à faire croire au bonheur, vite une gorgée de vodka ramassée au hasard, peut être une pilule discrète, il n’a pas eu le temps de bien voir, et c’est déjà reparti.

Le noir à nouveau, et d’abord une phrase ondulante de basse synthétique, juste deux mesures en boucle, les talons se soulèvent, émeuvent les jambes félines qui se remettent à bouger, puis la boîte à rythme, tchic tchic et caisse claire, les hanches suivent, mouvement du désir, moment féminin, maintenant la délivrance du pied de batterie, énorme, compressé, qui fait aussitôt entrer le ventre en résonance, ce nombril, encore qui se remet à tournoyer, poussé dans sa furie par les graves les plus infras, et les nappes de synthés viennent enrober les petits seins furtifs, délicatement les emmener dans la ronde, d’abord douces arabesques puis violentes saccades, et la voix enfin, le chant déchirant l'air, vocodeur monosyllabique qui entraîne la tête, et la danse des boucles gifle son visage. Son et lumière extatique, le charme déchaîné comme une offrande.

"Quelle beauté que le mystère féminin, ou quel mystère que la beauté féminine, enfin je ne sais plus bien", essayait en dansant de penser Martin, à l'aide des rares neurones qui pouvaient lui rester encore exempts des sortilèges alcooliques ou érotiques de la nuit.

Quel mystère, oui! Et pourquoi lui? Rien ne pouvait justifier un tel changement dans l'attitude de cette fille. Il n'était qu'un petit écrivain débutant qui avait ramé pendant cinq ans depuis son arrivée dans la capitale avant de placer un manuscrit, et elle, furie insoupçonnée, côtoyait chaque jour des auteurs autrement plus renommés ou influents. Que lui restait-il pour la captiver?


(LA FIN DE CETTE NOUVELLE EST À LIRE SUR MON BLOG, adresse ci dessous...)

A Fleur D'écorce

05 March 2006 - 10:33 PM

À fleur d'écorce
Affleure la peau
Le toucher doux
D'un arbre nu

Lui mon miroir
Et moi sa sœur
Curieux reflet
De nos essences

Suis-je dentelle
Ou est-ce toi?
Es-tu la soie
Ou moi le bois?

Dans nos natures
Un tronc commun
De formes pleines
À effeuiller

Ainsi soie t-elle
De la dentelle
Ainsi fut-il
Rugueux pistil

Que l'on s'étreigne
Et s'émerveille
D'une caresse
À peau boisée

Des Larmes Sous Le Botox

03 February 2006 - 10:54 PM

Un endroit de peu d'amour
La vie sous ses mauvais jours
Béton brut et tristes trains
Piètre décor suburbain
Sur les quais la propagande
L'industrie veut son offrande
Entre les rames inox
Fil de trame de l'intox
Rêves vendus sur affiche
Mais personne ici n'est riche


Un endroit de peu d'amour
La vie n'a presque plus cours
Dépotoir de lendemains
Voies de garage aux matins
De désir, et la demande
D'une existence plus grande
Des larmes sous le botox
Chacun soigne dans son box
Les plaies d'un monde qui triche
Car personne ici n'est riche


Un endroit de peu d'amour
La vie en dernier recours
Le gris a glacé l'humain
Otage des magasins
Acheter le vert amande
Ou vendre le bleu lavande
Quel stupide paradoxe
Et quel vain combat de boxe
L'avenir n'est qu'une friche
Si personne ici n'est riche