Jump to content


Ariel's Content

There have been 114 items by Ariel (Search limited from 29-April 23)


By content type

See this member's


Sort by                Order  

#347495 Digme

Posted by Ariel on 01 October 2006 - 11:00 PM in Salon de publication principal

. .. ...



#346979 Crampe

Posted by Ariel on 29 September 2006 - 05:48 PM in Salon de publication principal

Citation (Raoul @ Sep 29 2006, 05:45 PM) <{POST_SNAPBACK}>
J’espère toujours qu’un paysage me transforme en pinceau


Je rêve d'un paysage qui devienne pinceau;
c'est très égocentrique.

Encore que, vu de l'écliptique ...

'lut !



#346953 De La Patience Dans L'arrosage Des Cyclamens

Posted by Ariel on 29 September 2006 - 03:07 PM in Nouvelles

Merci de ta lecture respectueuse (trop ?).

Il m'est arrivé de chercher des fossiles, ces petites merveilles ouvertes sur l'avant.
A Villers, ou ailleurs.

Ce texte me semble construit comme un bloc hétérogène de glaise, de sédiments, de cailloux plus ou moins précieux (en tout cas du prix qu'ils peuvent avoir pour moi), voire, peut-être, de fossiles.
Lire un texte a une part d'appropriation. Chacun peut en détacher ou en garder tout ou partie, chercher l'angle qui lui convient pour l'attaquer, le comprendre, l'habiter.

Voire le rejeter, tant il est vrai que cette hétérogénéité est ici une reconstruction artificielle.

'lut ...



#346430 Digme

Posted by Ariel on 27 September 2006 - 05:15 PM in Salon de publication principal

l’immobilité vers …

Mais je n’empruntai pas ce passage.

Pour autant qu’il avance, mon chemin n’était pas exempt d’une violence sourde d’être ainsi contenue. Où violence était le chemin.


Silhouette
dans une valse lente, où le temps s’éfrène

quand à minuit les coups pleuvent
le rideau se tire à lentes enjambées

s’affichent alors les visages de salpêtre
au Mur levé d’entre les langages

Blanche comme un matin
Dépeuplé d’épaules
Il restait sa robe, à la taille si juste

Et toute autre heure ne serait que l’écho d’une fêlure



Musique . .. ...

Cor.
On inaugurait le premier temps.
A l’orchestre, l’orée des bois menait au pupitre des cuivres, et le pavillon– toujours cette alchimie …-, appelait à plus précisément s’appesantir – oh, à peine …- sur celui des cors plutôt que sur l’Or de Mishima.

Prémices d’un dialogue entre la gravité des cors et la légèreté des cordes, j'avais en tête le mouvement lent du 2ème Concerto de Richard Strauss – où disparaît le duel habituel entre orchestre et soliste. Très peu pour lui : le cor entre en toute discrétion, comme enveloppé dans la foule du thème principal, dramatique de suranné ; les violons s'accordent une petite valse lente, et le cor répond par un appel très simple, très digne; tout rentre en harmonie. Pas une couture où poser son petit doigt, un passage en douceur.

Bon, chacun ses goûts, mais je pensais qu'il y avait un message posé, là, à l'encontre de ma violence.

.. ?



#346421 Digme

Posted by Ariel on 27 September 2006 - 04:07 PM in Salon de publication principal

L’orée des bois aurait pu définir le passage, tout buissonnier, vers le Pavillon.

« Ma seule source d’intérêt, mon seul problème, c’était la Beauté », affirmait le jeune bonze, avant d’ajouter : « Quand on concentre son esprit sur la Beauté, on est, sans s’en rendre compte, aux prises avec ce qu’il y a de plus noir en fait d’idées noires ».

Curieuse alchimie que celle du noir et de l’or. Riche, pauvre.
La beauté ; et l’étrange relation entretenue avec elle. Serait-ce l’idée qu’irrémédiablement hors d’atteinte elle nous échappe ?
Comme si la détruire devenait simulacre de possession, et tout autant action de la soustraire à toute possession.

Pour qui que ce fût, et en premier lieu pour soi-même.

Fukyo Mishima disait aimer "la destruction autant que l’équilibre. Plus exactement, le concept d’un équilibre contrôlé et construit dans le but exclusif de sa propre destruction. »
Dés lors ce n’était pas seulement l’individu qui se rendait maître – leurre d’une quelconque maîtrise …-, c’était aussi le moment choisi dans l’existence de cet individu. Le chemin vers l’instant est tout, dans toute sa lenteur, dans toute la force contractée par les antagonismes mis en jeu.

La conscience ralentit l’action,
jusqu’à parodier l’immobilité, vers …



#346174 Digme

Posted by Ariel on 26 September 2006 - 05:08 PM in Salon de publication principal

Emettre de confuses paroles


(- mais quelle étrange musique
dans l'exactitude de l'apposition scellée du bout de la langue,
mutité chargée de bavardages promis à la déchirure)


Valse
. .. ...



A l'orée des bois on devine, grave, l'appel du pavillon
Fente où le chevalet regarde s'appuyer les tympans de l'âme
Y trouver l'issue d'une vie, enclose, et la soumettre à la fissure



#345042 De La Patience Dans L'arrosage Des Cyclamens

Posted by Ariel on 20 September 2006 - 11:36 AM in Nouvelles

De la patience dans l’arrosage des cyclamens


Le musée paléontologique est ouvert en février de 10h à 12h30 et de 14h30 à 17h sauf le dimanche après-midi, 2ème étage, salle Abel Ranson.

Quelques marches, encore. Une pièce toute en longueur. Parquet de chêne, vitrines, fenêtres à petits carreaux où la pluie a laissé ses empreintes.
Tout au fond, un homme regarde une galerie de portraits.

En 1924, Toussaint Querpennes-Marchovent est nommé secrétaire de mairie à Villers sur Mer. Avec l’aide du doyen de la Faculté des Sciences de Caen, le professeur Alexandre Bagot, il remet en ordre les collections paléontologiques, les entretient et les enrichit.
Suit sur le mur la photographie de Toussaint. Impersonnelle. Est-ce vraiment un trait de caractère que de remonter le col de son pardessus sur une gorge que l’on sait fragile ?

Comme chaque matin il en a vissé le dernier bouton, refermé la porte d’une chambre meublée qui depuis qu’il la loue ne connaît plus trace du moindre désordre. Il traverse maintenant le vestibule. Arrivé sur le perron de la villa, il donne un tour de clé, et dépose celle-ci devant la jardinière. Là siège un arrosoir de zinc dont l’ostensible fonction est de masquer aux passants l’emplacement du sésame partagé par les locataires. C’est l’hiver, il est le seul occupant mais c’est l’usage.

Une plaque de tôle bleutée indique la raison sociale de la propriétaire, Mme Lesueur, sage-femme diplômée d’état, appelée comme souvent au beau milieu de cette nuit pour participer à l’alevinage des campagnes dépeuplées par l’hécatombe des tranchées et de la grippe espagnole. Tout à l’heure Toussaint inscrira le nouvel arrivant sur les registres municipaux.

Rien ne le presse mais il hâte le pas le long du front de mer. Il a pris l’habitude de ces dix minutes d’avance à son travail, pendant lesquelles il ne réfléchira à rien. Sur la digue, il ne rompra la régularité de son pas qu’au passage du méridien. A l’endroit ou celui-ci met pied à terre, la municipalité a figuré une ligne virtuelle de clous métalliques. Il évitera soigneusement de les piétiner. Il n’y voit aucun symbole. Une habitude, une de plus.

Qui peut prétendre qu’il n’attache aucune importance à cette négativation de la longitude. Qui sait s’il ne voit pas comme une sorte de frontière entre la certitude et le doute originel dans ce passage entre l’est et l’où est … Toussaint ? Non … Pas un vulgaire joueur de mots, un scribe dans la plus pure tradition. Lira-t-il seulement ce matin l’article paru le 14 janvier 1924 dans l’Eclair du Pays d’Auge sur Maximilien Sens. Certainement pas. Il se contentera d’en découper le contour et de glisser l’extrait dans la chemise Biographies du tiroir Géologie et Paléontologie, puis de référencer cette nouvelle pièce à la page 38 du registre de l’inventaire du Musée, d’une scrupuleuse calligraphie en italiques.

Aucune chance qu’il n’ait jamais été sensible au lyrisme poétique mis par Paul Lechevallier dans son allocution nécrologique auprès de la Société de Géologie de Langue Française, oeuvre monumentale, statue épique caressée par les ailes de la science et de l’inspiration littéraire, et que l’on ne saurait omettre ici de citer :

Allocution de Paul Lechevallier lors de la séance générale annuelle du 22 avril 1918 de la Société Géologique de France, en souvenir de Maximilien Sens. *

La mémoire de nos malheureux confrères morts au champ d'honneur doit être célébrée dans les annales de la Société géologique avec toute l'ampleur dont ils sont dignes. On ne saurait en effet assez témoigner aux familles éprouvées, aux jeunes générations qui viennent, au monde savant, combien vif est notre culte pour les défenseurs de notre sol.

Maximilien Sens naquit le 26 juillet 1881 à Lunéville (Meurthe et Moselle). Henri, son père que nous vénérons tous et dont tout éloge en ce lieu serait superflu, était, à cette époque professeur à l'Ecole des Mines. Il lui apprit, dès l'enfance, à observer les choses de la nature et c'est surtout, au bord de la mer, à Villers, où la famille Sens passait l'été, que la vocation de Maximilien commença à s'affirmer. Tout gamin, il suivait déjà son père dans ses promenades géologiques le long des falaises ou sur la plage. Chelon-Berger, le regretté savant dont le souvenir est encore bien vivant parmi beaucoup d'entre nous a aussi beaucoup contribué à orienter les goûts du jeune Maximilien vers l'histoire naturelle en recueillant sur la plage des fossiles, des algues et des animaux vivants abandonnés par la marée.

Le chalet Chelon-Berger était un véritable jardin botanique et zoologique où se trouvaient réunies à côté de plantes alpines la plupart des fougères du pays et une petite ménagerie où des Caméléons, des Tortues exotiques et des Souris valseuses attiraient la curiosité de Maximilien. Mais la recherche des fossiles jurassiques dont il devait un jour décrire de nombreux spécimens le passionnait par-dessus tout.

Après de solides études au Lycée Condorcet, il avait déjà conquis à 20 ans et avec la plus grande facilité, son diplôme de licencié ès sciences naturelles. Il n'hésita pas à préparer les certificats de minéralogie et de physique générale afin de parfaire sa culture générale. D'autre part, il s'instruisait régulièrement des choses de la géologie au laboratoire et dans les collections de l'Ecole des Mines, guidé par la haute expérience et la science inépuisable de son père et aussi par les idées qui s'échangent entre savants venus de partout dans ce sanctuaire de la paléontologie.

Ainsi admirablement préparé à entreprendre des travaux personnels, Maximilien, déjà confiant en lui-même, se met en quête d'un sujet de thèse. L'Esquisse géologique des Préalpes subbétiques, sous son titre modeste, est un chapitre des plus importants de la géologie de la Péninsule Ibérique et de l'histoire de la Méditerranée occidentale. Ecrite dans une langue sobre et claire, artistiquement illustrée de nombreux croquis, de vues panoramiques, et de photographies accompagnées de profils explicatifs, son auteur, paléontologue averti et tectonicien prudent, y fait honneur à l'Ecole française et entraîne favorablement la conviction du lecteur.

Tous les étages secondaires et tertiaires étudiés par l'auteur lui fournissent matière à de nouvelles découvertes paléontologiques. Il signale des faunules d'Ammonites pyriteuses dans divers étages éocrétacés et mésocrétacés, semblables à celles étudiées par Nicklès dans la province de Valence ; il démontre que les calcaires à Orhitolincs et à Rudistes de Jodar sont bien de l'Aptien supérieur comme beaucoup de ceux d'Algérie ou des Pyrénées.

Ses découvertes paléontologiques mettent en évidence des lacunes considérables dans le détroit nordbétique, entre le Maestrichtien et le Nummulitique seulement représenté par le Lutétien, puis entre celui-ci et l'Aquitanien supérieur. Au Miocène supérieur le détroit est exondé. L'Aquitanien remarquablement transgressif y est formé de dépôts bathyaux où les Globigérmes voisinent avec les Radiolaires et les Diatomées et par quelques sédiments néritiques à Lépidocyclines.

Rapidement les honneurs vinrent à lui sans qu'il s'en souciât. Secrétaire de la Société en 1906, il ne tarda pas à en être lauréat (1910) et puis, en 1914, vice-président, en la bonne compagnie de son camarade et ami Jean Boussac. N'est-ce pas là une satisfaction pour nous tous de voir leurs deux noms à la tête du bureau de la Société à la veille du jour où ils devaient mourir pour la France ! Quand la paix sereine sera revenue, nous resterons longtemps encore en deuil et tout au regret de ces morts affreuses.

Mais que ces sentiments qui m'oppressent au souvenir de nos chers disparus ne me fassent point oublier que j'ai le devoir de vous donner un aperçu de l'oeuvre paléontologique du regretté Maximilien Sens .

Elle a trait à deux groupes zoologiques : les Foraminifères et les Ammonoïdés.

Parmi les premiers, il s'est particulièrement attaché à l'étude des Lépidocyclines en collaboration avec son ami Paul Lemoine. Suivant l'exemple de Chelon-Berger, les auteurs ont largement utilisé les caractères tirés des préparations en lames minces et c'est ainsi qu'ils ont reconnu l'importance de la constitution de l'appareil embryonnaire mégasphérique et qu'ils ont pu en faire le fondement de leur classification. Ils ont pu ainsi distinguer trois groupes suivant que cet appareil est en forme de haricot, ou bien à loges tangentes intérieurement ou enfin formé de deux loges demi-circulaires accolées. Il faut signaler aussi l'importance, pour la distinction des espèces, des caractères tirés de la disposition et de la forme des piliers latéraux.

Ses travaux sur les Ammonoïdés sont encore plus importants que ces derniers. Les Céphalopodes jurassiques de Dives et de Villers avec lesquels il s'était familiarisé dès l'enfance l'ont aussi particulièrement intéressé. Les deux travaux qu'il a publiés dans les Mémoires de la Société, l'un sur les Cardiocératidés, l'autre sur les Oppeliidés sont parmi les meilleurs de sa production.Le développement ontologique des genres Stepheoceras et Pachyceras lui permet de croire que le second n'est qu'une mutation du premier. L'une des dernières oeuvres de Maximilien Sens parue en 1914 concerne les Oppeliidés du Calvados. Les genres Hecticoceras, Oppelia, Lissoccras et ceux de position systématique douteuse comme Creniccras et Taramelliceras y sont décrits et discutés avec autant de mesure que les précédents.

Au moment de la mobilisation, en 1914, Maximilien Sens avait rédigé un long mémoire sur les Cosmocératidés. Il constate dans la forme de la coquille et dans la ligne suturale des variations brusques qu'il explique par des changements du mode de vie de l'animal, celui-ci ayant pu habiter la haute mer ou sur les rivages. Enfin, il observe que les caractères de quelques formes anciennes persistent dans le stade népionique de certaines formes récentes et cite quelques cas curieux de parallélisme entre tontogénie et phylogénie. Ce mémoire est accompagné de 24 planches en héliogravure remarquablement exécutées d'après les photographies de l'auteur.

L'Ecole des Mines, reconnaissante des services rendus par lui, allait se l'attacher définitivement en qualité de conservateur des collections de paléontologie ; le directeur du Service de la Carte géologique lui avait confié la révision de la feuille au 80 000e de Besançon. Quelques jours avant le 4 août 1914, il rédigeait un bon article paru depuis dans La Géographie où il résume avec beaucoup de clairvoyance les explications variées émises sur l'origine des sols polygonaux ou réticulés observés au Spitzberg.
Après cet article, il devait poser sa plume alerte et diligente pour prendre le fusil et gagner la frontière, en sa qualité de sergent d'infanterie. Hélas ! Il n'en devait plus revenir. Le 4 novembre 1914, il arrive sur le front à Sapigneul, près Berry-au-Bac. A proximité de son poste, un obus de gros calibre vint éclater sur un arbre voisin. Maximilien est tué sur le coup par un éclat de bois.

Sa mort ouvrit à la Société la liste de nos confrères tombés à l'ennemi ; elle y a causé parmi nous tous de poignants regrets qui ne cessent encore de nous étreindre. Depuis lors, la géologie française a été durement éprouvée, et plus particulièrement la paléontologie dont les pionniers les plus savants viennent de disparaître : Zeiller, Grand'Eury, Boussac, Thevenin. Pertes irréparables dans le présent dont le souvenir nous guidera pour préparer l'avenir.

Maximilien Sens , quoique mort tout jeune, à trente-trois ans, laisse une oeuvre solide, érudite, consciencieuse, copieuse, tout entière à l'honneur de notre pays et bien digne du nom qu'il porte. C’est à l'heure où il commençait à entrevoir une première synthèse qu'il disparaît. C'est au moment où il allait avoir les plus belles satisfactions de carrière et de famille qu'il est tombé dans la mêlée.

Que ceux qui le pleurent se raidissent avec fierté. Il n'a pas succombé en vain. Il est mort pour son pays, pour la défense du droit, de la justice, de la liberté dans le monde qu'il souhaitait ardemment devenir meilleur. Il laisse une femme dévouée, qui stoïquement, en vaillante Française, supporte la cruelle séparation. Puissent notre vive affliction et le souvenir que nous gardons de la belle carrière de son mari alléger le poids de sa douleur ! Que son vénéré père, qui nous est devenu doublement cher, veuille bien accepter ici, pour eux tous, l'hommage du chagrin de la Société tout entière !



Un soir d’octobre 1924

Il est tard, et la mise à jour des bases de taxes d’imposition sur les propriétés foncières bâties et non bâties dont le relevé doit parvenir dés lundi en trois exemplaires à la sous-préfecture de Lisieux (Calvados) l’a mené bien au-delà de la nuit tombée. Ses yeux sont à rude contribution. Geste très inhabituel, Toussaint se masse doucement le front de ses dix doigts.

Il y a un contentieux sur la villa Chelon-Berger. D’une surface officielle de 6 hectares et 38 ares, inscrite sur la parcelle Q-323 du registre cadastral entre le chemin dit de Marie-Louise et la falaise, elle demeure inhabitée depuis l’éboulement de mars 1923 qui a emporté le chalet, le kiosque, et toutes les terres jusqu’à la coursive du rez de jardin. Notoirement inoccupée depuis la guerre, et faute de légataire identifié, la propriété fait l’objet d’une procédure d’intégration aux biens communaux. Un arrêté municipal du 31 août 1924 a déclaré son accès dangereux, et interdit au public. Evacuée de son mobilier, les entrées en ont été murées.

Il n’en reste pas moins qu’il a fallu en urgence faire réévaluer contradictoirement les superficies devant huissier et géomètre, déductions faites des surfaces concernées par le sinistre, jusqu’au droit de la nouvelle ligne de crête.

Chose faite.

Paul Marie Lucien Lahaul est né le 23 octobre 1924 à six heures trente, de Jeanne-Marie Hardouin née à Saint-Pierre Azif (Calvados) le 3 janvier 1891, veuve sans enfant de Pascal Henri Mathieu Vesque, décédé le 3 août 1916 à Péronne (Somme), remariée à Lucien Charles Albert Lahaul, né à Gonneville (Calvados), le 6 avril 1901.
Déclaration en mairie le 27 octobre 1924.


Chose faite.

Au fond du couloir où seuls les employés de mairie ont accès, il y a un réduit où sont rangés pêle-mêle les fournitures administratives, les seaux, les balais et les wassingues, le pupitre pour les discours officiels sur la place de la Mairie, une vieille paire de bottes en caoutchouc appartenant au premier adjoint, adepte de la pêche à pied. Et une armoire à clés.

Toussaint a refait jeudi dernier l’étiquette du jeu ouvrant les accès non condamnés de la villa Chelon-Berger. Il dégage de l’anneau métallique une des clés, plus lourde, plus noire. Il regagne son bureau. Il met un peu d’eau dans la soucoupe du cyclamen, (chose curieuse -car ce n’est pas le jour habituellement désigné pour cette opération-, mais chose faite).

Il enfile son pardessus, glisse dans la poche droite la clé et un morceau de bougie qu’il conserve dans le tiroir de son bureau pour les pannes de courant.
Il quitte la mairie et s’engage vers le chemin Marie-Louise.

La porte de la lingerie est restée accessible, en contournant la villa par l’Ouest. En cherchant la clé dans sa poche, il racle machinalement sur le paillasson l’excédent de boue qu’il a entraîné sous ses semelles en traversant le jardin détrempé par les pluies de ces derniers jours. De cette glaise, les habitants disent que c’est une terre amoureuse.

La maison est vide. Peut-être est-ce ce retour à l’ordre primitif de la poussière qui a attiré Toussaint ici ce soir, si loin de l’atmosphère gaie des jours d’été. Les taches claires sur les murs disent les meubles, les tableaux, presque les cris d’enfants qui remontent de la plage. Ici s’est construit l’histoire d’une famille. Une histoire, des histoires. Dans le petit salon du rez-de-chaussée une fenêtre donne sur l’ouest. On n’a pas jugé utile de refermer les volets. L’affleurement de l’à-pic lors de l’effondrement d’un pan de falaise l’an dernier l’a rendue inaccessible.

Posée sur l’allège, Toussaint a trouvé une photographie. Au verso, au crayon : Max. S. Un gosse encore. Treize, quatorze ans. On reconnaît en arrière-plan les terrasses de l’hôtel Brise de Mer. Max dessine sur la plage, des yeux, un immense regard, à même le sable.

A côté, une lettre, qu’il lui prendra la curiosité inattendue de lire.



∏ (la lettre)

Il y eut une histoire, ceux-là que nous avons été. Il y eut un monde, théâtre où le mouvement de chaque particule me relisait la pièce.
Il y eut un creux dans lequel se compléterait la minéralité du partage.

Les lanières entourent sans serrer, d’un bras le geste, et de la poitrine le souffle.
Huit mesures de sel. Pour un crescendo où se perdre la tête, ex favilla le songe qui enchaîne encore la conscience, sans que l’on ne sache si les entraves la retiennent ici ou ailleurs, vers cette grande voie ouverte sur la contrainte et la liberté extrêmes, l’entrave de soi à soi, l’affranchissement vers de supposés absolus qui comme le zéro n’existent pas en deçà de –273° Celsius.

Qu’y a-t il encore d’humain à entendre ?

La main se pose sur l’épaule de l’ébauche, elle allonge le souvenir dans le courant des marnes à venir et c’est à même l’argile qui te vit naître.

Dans quelle main a fui mon insouciance, ma belle et généreuse insouciance plate, comme des années-sédiments de vie, périodes coquillages…
Un vent pur, et froid - beau ce vent qui séchait les varechs - a balayé les dessins des ères de sable.

Mais tu écris encore toute ta suffocation…

« Je suis la terre et l’eau … »

Où est la vraie surface, toi qui te terres dans un réseau affleurant la profondeur, toi qui sculptes le dessous comme le dessus sans laisser la moindre flaque apparente là où je croyais voir le ciel.
Comme la mer effacée mais omniprésente dans le laconisme du calcaire, tout ici t’est lointainement du.

Instant pauvre, humble et inachevé, richesse dans la seconde dépossédée où toute mémoire sitôt tenue se perd. Juste conservés, une impression pénétrante, un flou, un estompé mental dans un esprit devenu trop léger, vidé, volé de quelque chose,

Il n’y a plus de surface, ciel et profondeur d’une eau disparue, le vertige du volume ré-inventé. Toute craie dispersée quand l’énigme trouve son chiffre, quand l’histoire trouve son terme, feuille, entre les feuilles, empreinte de longtemps et de loin

Sable, écoute le temps, qui passe à ton oreille …

Tout en elle était longueur. Les cheveux, les bras et les jambes. Légèreté, aussi.
Que de regards échangés,
que de têtes qui se retournent, en oubliant les jeux,
pour voir. Si.

J’ai vite appris le chemin de la digue vers sa maison, le prénom de ses frères,
les fleurs rouges sur un maillot un peu plus blanc chaque jour.

Elle est passée, tout près.

Je suis resté au pied de cette chambre d’écume,
Attendant son regard pour un soir triste et grave.

Jamais, non, jamais.

Le souvenir est donc intact dans la mémoire,
comme la plus précieuse promesse.

Tout en elle était longueur.
Les yeux, surtout.

La passion reliait l’écriture en une histoire. Quand la passion a réalisé qu’elle était passion, elle a rejoint l’enfance, au moment où l’enfance éprouvait que l’été était arrivé.

Un soleil
posé sur la table de l’horizon.
Fruit d’une saison
dont l’âme déshabille la peau

- te souviens-tu ce matin de mon regard, ce voile dont il t’enveloppait dans l’illusion d’une lumière d’espoir déjà si froide de ses intuitions.
(luminescence)
La voix prenait chair et force et équilibre quand je passai l’équateur du jour. L’aplomb de la croisée apprenait, déjà, le partage asymétrique de la raison vers la folie

Mais je ne sais d’où naquît ma révolte.

La spirale vint retourner sur elle-même les infiniment loin de l’avant et de l’après
la devenue sincérité dans l’extrême exactitude du reflet.
- A l’orée du Nautile, n’entends-tu pas l’écho des paroles premières dans le cycle des cycles ?
Empreinte fossile que l’histoire abandonne, feuille, entre les feuilles du longtemps et du loin, trace anonyme et profonde laissée à la curiosité des enfants accroupis,

- N’est-ce pas cela que tu cherchais ?

Dans la précision du point, toute la puissance des déserts qu’on abandonne.
Et dans ce creux, comme un silence de pierre, l’immobilité du partage.

M.




Il repliera la lettre, soigneusement, en quatre.
Il fera quelques pas,
puis il y reviendra.
Il remarquera que dehors la pluie redouble.
Il ouvrira la fenêtre,
la bougie s’éteindra.
Il y aura une violente bourrasque de vent.
Il posera ses mains sur le bord de la fenêtre,
et il ne les enlèvera jamais.



En cette fin d’octobre 1924, une spirale dépressionnaire minimum 915 mbar centrée sur la mer d’Irlande se déplace rapidement Sud Sud-Est. Vents de secteur Nord, échelle neuf Beaufort, localement dix sur la zone Antifer, forts cumuls de précipitations.
Coefficient de marée à Ouistreham 1,12.

L’Eclair du Pays d’Auge parle d’une violente tempête d’équinoxe et recense de nombreux dégâts, blessés ou disparus en mer. A Villers, une tourelle de l’Hôtel Brise de Mer s’écroule sur la verrière du restaurant. Document photographique à l’appui, en présence de Monsieur le maire de la commune, du propriétaire de l’établissement et de son épouse.

Nulle part il n’est fait mention d’un nouvel effondrement de la falaise.
Pourtant le dernier vendredi du mois toute l’aile ouest de la villa Chelon-Berger, jusqu’à la grande loggia de la salle à manger et le jardin d’hiver rejoignirent les étages du Callovien supérieur.

On perdit la trace de Toussaint Querpennes-Marchovent, employé sans histoire dont on regretta longtemps le sérieux et la ponctualité dans l’arrosage des cyclamens
.


F. le 31 mars 2006


...


* Cette nécrologie est le fruit d’un pillage en règle de la notice biographique de Robert Douvillé par J. Blayac, lue à la séance générale annuelle du 22 avril 1918 de la Société Géologique de France.



#344951 Indéfini

Posted by Ariel on 19 September 2006 - 04:58 PM in Salon de publication principal

Franc bien.

(pense à arroser le serveur de temps en temps)



#344457 Chant Pour Ceux De La Rivière

Posted by Ariel on 16 September 2006 - 11:23 AM in Salon de publication principal

Pas surpris de voir paraître l'Est (la Pologne) dans ce texte.
comme s'il y avait un peu de leu poésie,
Un peu de Marina Tsvetaïeva dans ton inspiration,
plus encore dans les ruptures de ton écriture.


Juste le Requiesca ... , qui me gêne un peu,
comme une irruption lamartinienne, trop visible,
alors que la suggestion des vers précédents semblait justement dosée.


Ceux de cette rivière aurait pu te répondre


Laconismes

La rivière et moi nous sommes dit
- La horde ne vient plus boire au point d’eau
Les cœurs se sont arrêtés de battre
entre l’espoir et le temps perdu

La rivière et moi nous sommes dit
- Midi répand un calme plat sur le méandre,
même au dessus du serpent l’air ne tremble plus
C’est le jour qui tient prisonnière la nuit de la nuit

La rivière et moi nous sommes dit
- La pluie laisse dans ses lointains détours
le courant entre le sec et la soif
Il nous faut regagner le lieu de la source

La rivière et moi nous sommes dit
- L’orage tonne sur la falaise
C’est l’aigle au dessus des gorges
qui garde le silence entre la serre et le bec

La rivière et moi nous sommes dit
- Il n’y a pas d’autre issue
entre la rive et la rive
Nous devons expier le temps perdu à descendre le temps

Et nous taire ….



...


PS : dommage que tu ais effacé tes textes anciens.
Donner c'est donner. Reprendre ... ?
- ...
- Oui ..., je sais, je sais



#344346 Creuset Viennois

Posted by Ariel on 15 September 2006 - 06:03 PM in Salon de publication principal

Il y a plein de choses dans ce texte que je ne sais pas voir,
peut-être en expliqueras-tu certaines, peut-être non.

Il y a une construction, travaillée,
qui intrigue, qui invite à se pencher un peu plus près.

A cause de Krumau,
j'ai pensé à Egon Schiele,
puis, en lisant,
encore plus à Egon Schiele.

Oui ...
il y a plein de choses dans ce texte que je n'ai pas su voir,
mais j'ai aimé les lire.

Très ...



#344047 AnaTerre

Posted by Ariel on 14 September 2006 - 12:06 PM in Salon de publication principal

et merci pour les ...,
d'avoir ressorti ce texte à une bretelle si éloignée de son origine.


Pour les voyageurs,
-presque- tout se trouve dans la villa d'Axel Munthe,
en sautant par dessus la clôture des sentiers battus.


Simple ........



#344043 Sangres Compartidos

Posted by Ariel on 14 September 2006 - 11:59 AM in Salon de publication principal

Merci aux baillements qui se répriment ......


Un voyage dis-tu ...

Tout à fait.

Aux confins de l'Estremadure et de la Castille.

Je reviens sur ton mot sublime, Je suis toujours méfiant vis à vis de l'extrapolation du sens premier, physique, de transformation directe si j'ai bonne mémoire - par endroits - du solide en gazeux.

De l'état tangible, à la représentation.

Je suis assis sur une roche bleue-verte, je regarde une eau couler à mes pieds, je l'écoute, je la sens.

Et il me prend de l'écrire ... puis de ne pas.
- sublimer, c'est déjà une sorte d'imposture, car aucune opération inverse ne pourra jamais offrir la moindre révélation du monde existant, perçu, senti, sensitivé, à celui à qui on offre l'écrit,
Ecrire est un ersatz, une manipulation habile d'un objet du décor qui se prend à vouloir un rôle dans la pièce. On masque cela en torturant un peu les mots
Mais c'est vite la sortie du théâtre, les trottoirs humides et froids.

Il y a une histoire chinoise, je crois. Le peintre échappe à son Maître en prenant le sentier qu'il a dessiné sur le mur...

...

Un petit mot, Valérie, sur ton dernier poème.
Je lis souvent ici ou là des textes où la douleur (sa, ou celle qu'on imagine) est mise en scène.
J'appelle ça la littérature des souffrants (au demeurant très respectable car elle prend sa source dans une tentative d'émotion sincère, même si à l'embouchure elle reste un peu convenue).

Tu as su passer au dessus de ça, comme on saute par dessus un feu.
Ce n'est pas un prêté, ni un rendu entre nous, qui nous connaissons bien.

C'est une lecture, je la prends pour ce jour,
comme un ciel qui dégringole.



#343605 En Cerclant L'abat-jour

Posted by Ariel on 11 September 2006 - 04:14 PM in Salon de publication principal

"...sous le jour dont tu me les montrais...",

me gêne un peu, mais il ne m'aurait pas gêné, et encore moins fait répondre,
s'il n'était pas inscrit dans un texte, plein de petits détails proches, qu'on croit deviner,
ou de grandes choses moins bien perceptibles, mais que l'on sent là; poétiquement.

Et texte que j'ai aimé relire.

'lut.



#339683 Manière D'être à La Vie

Posted by Ariel on 18 August 2006 - 04:58 PM in Salon de publication principal

Cette autre, si lisible en toi,
que votre différence est indéchiffrable.

Je lisais, de loin.

Puis quand il a quitté la meute
- va savoir ...
je me suis rapproché.

...

Je suis venu troubler un peu ce sable.
Ce n'est pas tout à fait le désert,
que pourtant je respecte tant.

Le fallait-il ?



#338911 Une énigme

Posted by Ariel on 11 August 2006 - 03:00 PM in Salon de publication principal

Paradeisos



#338644 Vingtieme siecle

Posted by Ariel on 09 August 2006 - 11:40 AM in Salon de publication principal

Citation
un an apres la montee, la meme vision de la decadence frileuse, mais pas seulement,
l'instant et la fuite en avant, collective et individuelle.
cette longue descente a l'occidentale.




Et 18 mois après, ça tient, ça ne redescend pas


Bien monté,

au fouet.



#338643 Un Autre Monde

Posted by Ariel on 09 August 2006 - 11:33 AM in Salon de publication principal

Je ne ferai pas de remarque sur la prosodie stricte,
j'ai une incapacité à marcher au pas,
et je me perds dans les arcanes de la réglementation.

Ceci dit il y a un décalage-recalage des mots et des images
qui apporte beaucoup à ce texte,
une impression de passer et repasser là où on est déjà passé
de tourner en rond dans l'attente
qui met la lecture dans le juste ton du thème

Ma lecture du jour.



#338105 Les Mots...le Malheur Arrive

Posted by Ariel on 04 August 2006 - 02:04 PM in Salon de publication principal

ca depend
comment on les jette
les mots
du hasard
comment ils tombent
s'ils vont rallumer des malefices
ou des etoiles


Oui.

Commes les allumettes ...



#338092 Octobre

Posted by Ariel on 04 August 2006 - 11:27 AM in Salon de publication principal

One pill makes you larger
And one pill makes you small,
And the ones that mother gives you
Don't do anything at all.
Go ask Alice
When she's ten feet tall.
And if you go chasing rabbits
And you know you're going to fall,
Tell 'em a hookah smoking caterpillar
Has given you the call.
Call Alice
When she was just small.
When the men on the chessboard
Get up and tell you where to go
And you've just had some kind of mushroom
And your mind is moving low.
Go ask Alice
I think she'll know.
When logic and proportion
Have fallen sloppy dead,
And the White Knight is talking backwards
And the Red Queen's "off with her head!"
Remember what the dormouse said;
"Keep your head! Keep your head!"


De la part d'Alice Hargreaves et de Grace Slick.

Moi ?
- Je passais par là,
(sûrement pas par hasard)



#337979 Une énigme

Posted by Ariel on 03 August 2006 - 11:41 AM in Salon de publication principal

Merci de ton passage ...



#337893 Une énigme

Posted by Ariel on 02 August 2006 - 05:52 PM in Salon de publication principal

Hmmm,

d'accord ...

Mais plutôt qu'un tissu de mensonges, un costume d'Eve

...


(grat grat grat)



#337883 Une énigme

Posted by Ariel on 02 August 2006 - 04:33 PM in Salon de publication principal

Dans l’esprit volant sur les tapis de ceux qui le conçurent,
Ce fut une vraie cour de re-création,

On en mesura les quatre côtés.

Dans le sens ou dans l’autre où l’on suivit le premier, ce fut une avancée dans le vide
- comme si l’enclos était construit au bord de l’abîme, ainsi le rêve côtoyait la chute.

Le deuxième offrit par contre l’abri sûr d’un mouillage salé.

Le suivant imagina l’Autre, englobé dans une enveloppe dative, ainsi ceux à qui l’on promet le repos au-delà de toute fatigue, donnant donnant.

Et on refermerait l’espace d’une forme d’être, dense, appeler à durer au-delà de l’été.



#337845 Al Cant Del Oseils

Posted by Ariel on 02 August 2006 - 12:25 PM in Salon de publication principal

Je mets la fin de côté,
parce que c'est une histoire entre toi et toi.

Mais pour ce texte,
et quelques autres,
il y a vraiment chez toi une science de la phrase courte
et qui vise juste.

Voilà, c'est dit.
Etait-ce important ?

Savoir ....



#337598 Hors Cham

Posted by Ariel on 31 July 2006 - 05:39 PM in Le petit salon...

Bonjour, toi.

Relire,
c'est déjà une forme de respect.

Si tu savais ma bibliothèque de relectures,
ce passé et cette présence
que tu as justement lus et le miroir qui les sépare comme le goulot d'un sablier.

J'ai noté le judicieux "s", de Miroirs
Je crois avoir lu il y a peu, que quelque soit la disposition d'un jeu de miroirs,
il était impossible pour un peintre de reproduire son profil,
... et celui qui écrit ?

Quel Je de représentation utilise-t-il ?

...

Sur la Cham des Bondons
- une des racines du monde doit circuler par ici,
je me suis retrouvé - ou était-ce s'éperdre -
à contre-vent et contre-souffle à croiser le chemin de Marthe Dupeyron.

Il y a une stèle de style néo-dictatorial,
mais gravée de générosité à son intention.
Ce qui est resté un mystère pour moi,
tout le temps de l'ascension, et maintenant encore
c'est ce qui a pu susciter une telle détermination
au delà de ce qui pourrait n'être qu'une éventuelle idée confortablement reçue.

Quel geste que quoiqu'il en résulte,
on saurait ne jamais regretter.



#337042 Hors Cham

Posted by Ariel on 26 July 2006 - 04:24 PM in Le petit salon...

Hors cham



Quelque chose semblait s’enfuir des yeux fermés comme on repose un instant l’histoire qui vous subjugue, pour chercher une perspective où se perdre, l’âme desperada.
Mais c’était encore le grand déni du vent.

Le circulaire du regard sur les rancs les puechs, le faîte des sapinières, mendiant les dents serrées, où pouvait-on rêver d’une plus grande couronne ? Ou si haut hissé le souffle court, la prunelle arbalète posée sur les meurtrières de la folie, deviner le spectre de ses propres pas croiser d’autres errances, invisibles gerçures dans ce paysage nu de tout.



1941.

- Tu as froid.
Là où les enfants jouaient - ils te disaient « - Maîtresse », la bouche emperlée rouge des fruits de leurs batailles- s'est élevée une chapelle nommée brouillard, la porte frappée des mots « tu ne me trouveras pas », et de grands cercles fermés sur les chemins oubliés par la neige.

- Tu as froid.
et tu ré-ouvres ton livre d’histoire.
Ils ont tiré une ligne de pierres plantées sur l’horizon. L’aurais-tu suivie si ta voie ne s’était perdue dans les champs de coton et de brumes. Que cherchais-tu, étrangère, comme étrange ici admise, mais devant se soumettre à l’ordre instinctif du découvrir, ceinte dans une enveloppe n’ayant pour objet que de séparer subrepticement avant de fondre - une peau qui ne révèlerait que l’en deçà de l’autre, et celui-là te dirait
« - Tu as existé ».

Avancer jusqu’au doute. Tomber, sans le savoir
.  
Si froid,
De cette main gelée tendue à ton inconscience …



Avance-t-on, dans une action de vivre, et c’est un pas vers la mort.
Se met-on à l’arrêt de la paix imposée, va-t-on jusqu’à tendre sa joue à la terre, dont le rien vibre sous la main, ouvre-t-on des yeux les portes pâles du jour, et c’est une naissance.

La tête blottie dans la doline des herbes sages on regardait entre échines et dômes aréolés de pierres s’étioler des mers oubliées, des os parmi les ossements, toutes colères absoutes par le bleuissement des champs d’avoine.

Ainsi ce qui sépare relie. Témoignage d’eau et de sel. Rise un miroitement et c’est le vent, la lumière, écrits, page à l’infini recommencée.

Des cailloux que nous semons, naissent d’autres déserts - mais que j’aime ces mains cicatricielles, tiennes dans leurs coutures lentes, tumulte où j’aimais à ensevelir mes désordres. J’y apporterai jusqu’au jamais plus le bouquet de renouées et de silences à la grande fraîcheur où tu te mis hors d’atteinte.



Naître, d’une étincelle.

Hésiter un premier pas, s’illuminer du suivant.
… avancer jusqu’au doute. Tomber, sans le savoir.

Ce qu’on a ramassé, ces poussières au sol, savait-on ces morceaux de l’étoile, cette lumineuse inconscience, avant que le vivant ne réalise à la fois le vivre et le vécu ?
Dés lors ce n’est plus qu’un questionnement. Continuer, ne pas continuer. Quand tant la poursuite que l’arrêt ne signifient rien, ne justifient rien, quand il n’y a pas de réponse.

Quelque part n’a-t-on pas entendu parler du mot « Fin ».

Mais c’était au delà de notre entendement.