Lisange

Le stylo-feutre devait griffonner un trop gros monograme
J'empruntai donc le stylographe libérant une fine lame.
Le collectif de lettres libéra quelques mots impénétrables.
Les phrases bleues voilées fuyaient dans la bousculade.

Certains jours, la clarté du terme s'échappait bien.
Certains autres l'incertitude du sens prévalait en vain.
Je croyais m'enfoncer dans un clapier, une étroite case
Où chacun tour à tour change de place et se dépasse.

Puis je retrouvai ma propre essence
L'encre devint un carburant en puissance
Libérant une flamme que je voyais alors illusoire.
Pourtant cela devint au fil du temps...l'exutoire!

Je me suis dit en passant il y fait noir...
C'est si long et puis très noir.
Une mince lumière filtrait
Jaillissant d'un trait.

C'était si étroit
Mes épaules frottaient les paroies
D'un côté à l'autre
Rien d'autre!

Un couloir secret
Chaque pas recelaient
Un avancement certain
Vers l'incertain.

Je me suis dit sans évidence
Quand même avance
Jusqu'au prochain rayon
De quoi ont l'air mes petits démons.

Finalement pas si bête
Une bien belle tête
Puis le temps s'est éclairci
Et le mauvais rêve s'enfuit........

Le couloir du temps s'est agrandi
Filtant une plus grande lumière aussi.
Je vis plus loin que le couloir d'un temps
Je vis un passage plus indulgent.

Plus tard elle le remettra au monde...


Elle m'a si bien dit d'un air triste ce matin.
Cette nuit j'ai mis cet enfant au monde.
Hier, nous habitions le même corps, j'étais ronde
Nous ne faisions qu'un, sur un seul chemin.

J'ai entendu son cri quand il s'est approprié la vie.
J'ai sursautée d'où j'étais, tremblante et pâle sur le lit.
Heureuse tout de même qu'enfin on nous délivre.
Suivant ce moment on le posa sur moi en soif de vivre.

L'instant m'ébranla, je vit le regard d'un étranger
Cherchant son lange foetal, sa nouvelle mobilité.
Ma joie en mélange à l'inconnu étendu sur mon être
Je ne suis plus sûr d'être, mais son nom me vient en tête.


Elle m'a si bien dit d'un air plus triste ce matin.
Au-dedans de ma peau replié entre mes os
Nous semblions plus sécurisés et plus au chaud.
Mais ce matin, il sème l'étrange sur mon chemin.

Je viens de mettre un enfant au monde
Il est tout doux à la chaleur de mes bras.
J'aimerais ne jamais ouvrir les doigts
Pour le remettre au monde.


Qu'en fera-t-il de ce monde?
Que fera de lui ce monde?
Heureusement ce ne sera que plus tard
Mais plus tard à déjà allumé son phare.

Et je n'ai plus qu'à le remettre au monde........

Le souvenir de toi m'entraîne vers la joie.
Je t'avais laissé derrière un bon jour.
Et tu m'es revenu aujourd'hui
D'un sourire qui s'était doucement enfoui.

Pourquoi je m'en rappelle clairement?
Je ne sais, je ne sais pas vraiment.
Nos pensées se sont peut-être croisées.
Une pensée éclair, vive et spontannée.

S'il t'arrive de penser à moi
Rejoins-moi, rejoins-moi.
Le souvenir de toi
Est si doux crois-moi.

Puis ce rappel soudain
L'environnement,
Le réchauffement,
La guerre au loin.

Tant d'images
Peu confortables.
Des questions
Sans solution.

L'inaction
Coupable
En simultané
Projetté

Ton visage refait surface
Et prend la place
Au milieu du questionnement
Hilarant! Bizarrement!

Le souvenir de toi
Fut une joie!
Crois-moi,
Crois-moi!