Monsieur Lavant
#1
Posted 27 July 2006 - 10:18 PM
Ses doigts le caressent doucement. Le considèrent. Il n'y a aucune expression sur son visage. Il ne montre rien de ce qu'il ressent. Il le fait tourner. De l'autre côté, une inscription apparaît.
Ne pas oublier l'anniversaire de votre fille.
Il sait. Il l'a lu. Il l'a même relu. Il n'a rien dit. Il ne dira rien. Monsieur Lavant réfléchit. Il pense à sa vie d'avant. C'était, il n'y a pas si longtemps. Il ne sait pas si c'était le bon temps. Certainement que non. Sinon il ne serait jamais parti. Parti comme ça sans laisser d'adresse. A l'inconnu. Sans un mot. Comme avec des étrangers. Mais il croit bien qu'elles sont ça pour lui. Des étrangères.
Sa fille, il ne l'a jamais voulu. Elle est une erreur de parcours. Un trou minuscule dans un préservatif. Un spermatozoïde plus malin ou plus con que les autres. Trop d'orgies sexuelles avec sa mère. Avec cette belle garce qui vous retourne la tête et le cœur d'un battement de cils. Trop belle. Trop intelligente. Trop chieuse. Brune piquante. Un scorpion noir.
Ces femmes là sont les plaies de l'humanité. Il n'y en avait pourtant que 7. Il a fallu qu'il en attrape une. Et il l'a bien attrapée. Une vraie maladie insidieuse. Il ne s'en est jamais vraiment remis. Faut croire qu'il n'y a pas d'antidote à Juliette. C'est un poison qui se consomme à petites doses et qui vous garde en vie tant que vous l'ingurgitez. Quotidiennement. A vie.
Si vous l'oubliez, alors elle vous empoisonne. Et ça se répand tout doucement. Ca s'infiltre partout. Vous paralyse. Vous étouffe.
Pourtant le bon sens aurait voulu que cela marche entre eux.
C'étaient les mêmes. Egoïstes. Fous. Vicieux. Mal dans leurs peaux. Rancuniers. Il faut croire qu'ils n'auraient pas du.
De l'histoire d'amour, il y a eu de plus en plus d'histoires et de moins en moins d'amour. Des mauvaises histoires. Oui. De sales histoires.
Monsieur Lavant a les yeux dans le vague. Il semble regarder le bout de papier mais il ne le voit plus. Il voit au delà. Derrière le papier, il y a le jardin fleuri de roses, de camélias, de toutes ces merveilleuses espèces, espace si bien entretenu par ses soins. Derrière, il y a la porte blanche qui ouvre le seuil de son ancienne maison. Derrière, il y a, elles. Et puis, il y a lui.
Derrière, il y a aussi les cris, les pleurs, les gestes brutaux. Derrière, il y a aussi… Non. Non.
Sa main écrase le papier. Rageusement. Ses yeux se sont emplis de haine. De colère. Il le jette le plus loin possible de lui. Il frappe fort, avec le poing, son bureau. Puis il se lève. Et claque la porte en sortant.
#2
Posted 30 July 2006 - 11:20 AM
Quel spectacle merveilleux que cette cambrure de jambe. Que ces fesses si rondes qui apparaissaient. Ce corps sublime. Cette démarche envoûtante. Que cette main qui passait dans la longue chevelure brune. Que ces lunettes de soleil qui s'enlevait. Que ces magnifiques yeux bleu pâle qui subitement le regardait. Bonjour Madame Albini. Encore une belle journée ! Oui c'était une magnifique journée que de la croiser. Les fins de semaine pour lui étaient bien tristes. Là, il était heureux. C'était ses quelques secondes de bonheur journalières. Après tout, qui peut se vanter d'être chaque jour heureux ? Lui, il l'était.
Juliette lui sourit machinalement. Cela faisait bien longtemps qu'elle en avait oublié son nom et son existence. Il faisait parti du décor. Comme ses grands oliviers rempotés devant l'entrée. Une idée saugrenue de Jacques. A-t-on idée de mettre des oliviers devant l'entrée principale ? Tous les clients devaient nous confondre avec des producteurs d'huile d'olive. Il prétendait que cela mettait un parfum authentique. Tu parles, si elle l'écoutait, il se retrouverait également, des le lendemain, avec quelques chèvres broutant les feuilles.
Elle vit au soupir de soulagement, pas très discret, de l'hôtesse d'accueil, qu'elle était vivement attendue.
Madame Albini ! Monsieur Person vous attend avec les anglais dans la grande salle de conférence. Bon. C'était fichu pour son café. Elle en avait pourtant bien besoin. Elle se dirigea calmement vers la salle de conférence. En ouvrant la porte, elle vit 5 hommes assis devant l'immense table en acajou. Le dossier Alberson posé devant eux. Une tasse de café encore fumant. L'autre idiote de stagiaire et sa manie de toujours exagérer ! Elle n'était pas si en retard que ça. Elle vit aussi le regard agréablement surpris de ces messieurs. Elle s'y attendait. Elle faisait toujours cet effet là. C'est pour cela qu'elle pouvait se permettre, en dehors du fait qu'elle était la directrice adjointe, d'arriver toujours en retard. Et puis elle aimait les effets d'entrée. Ils se levèrent tous avant même que Jacques la présente. Elle leur serra la main en souriant. De ce petit sourire, qui laisse une chance à n'importe quel homme, même le plus affreux d'entre eux.
Ils tombaient tous immanquablement dans ses filets.
Ce dossier Alberson s'annonçait sous les meilleurs hospices.
#3
Posted 30 July 2006 - 11:56 AM
j'suis encore là; alors je suis toujours
avec intérêt...
Biz
Artemisia
#4
Posted 30 July 2006 - 05:00 PM
Tu devrais faire des épisodes pour "sex and the city"
#5
Posted 30 July 2006 - 05:12 PM
J'attends que ça d'ecrire à pleins temps! Et d'en vivre. La Femme de bohème.
#6
Posted 30 July 2006 - 05:24 PM
Merci de suivre mes personnages. Et d'apprécier mon écriture. Ecrire est un véritable plaisir. Etre lue un véritable bonheur.
Bonne semaine à toi.
Vasavoirsi
#7
Posted 30 July 2006 - 09:54 PM
Protoss
#8
Posted 30 July 2006 - 10:03 PM
que le début de celle ci coincidait avec mon anniversaire. Merci pour ce chouette cadeau
que je prends plaisirs à lire.
Ca me donne comme des envies de lui écrire une chanson à ce Monsieur Lavant...
Amicalement,
Sébastien.
#9
Posted 31 July 2006 - 08:55 AM
Ce serait chouette de lire un roman tout entier de toi... Puisses-tu en vivre, si tel est ton désir. (mais euh... pour y arriver... Tu fais le même effet aux hommes que Mme Albini ? Ou alors, t'as des relations... ? )
Continue à nous charmer...
Amicalement
Christophe
#10
Posted 01 August 2006 - 11:58 AM
Merci Protoss. Ma connexion étant enfin rétablie je vais pouvoir lire les textes de tout le monde.
que le début de celle ci coincidait avec mon anniversaire.
Alors joyeux anniversaire Sébastien. Une chanson à Monsieur Lavant cela serait une très bonne idée mais surtout cela me toucherait beaucoup. Monsieur Lavant est un des personnages les plus complexes de mon histoire
Merci vraiment pour ce magnifique compliment. Ce que je vous poste ce sont des extraits de mon nouveau manuscrit. Le roman existe oui. Il est en phase finale. C'est un roman série. A personnages récurrents. Mon monde particulier. J'aime y retourner chaque jour, chaque soir.
#11
Posted 01 August 2006 - 12:48 PM
Non, en fait je suis scotchée...
Une coquille, ou un effet d'annonce à la fin ? sinon c'est auspices, pas hospices.
Amitiés
Edited by Deirdre, 02 August 2006 - 12:34 PM.
#12
Posted 02 August 2006 - 10:49 AM
Tant mieux ! (Pense peut-être à le protéger... Copyright ? Parce que si la poésie ne vaut rien sur le marché, le roman peut éventuellement se dérober, et sur le net c'est hyperfacile... Ca serait malheureux qu'un voleur en fasse un best seller ; après, pour prouver sa paternité première... )
#13
Posted 02 August 2006 - 11:47 AM
Oui, je sais. Malheureusement, il y a quelques années, je me suis déjà fait voler une pièce de théatre par une ancienne amie. Amie que bien sur, je ne revois plus. Rires. Je ne risque pas de reproduire le schéma. Pour rester positive, la pièce a eu du succes. C'est déjà ça. Mon manuscrit est protégé. Je l'ai mis à la SACD. Tu connais ? Des qu'il est terminé, je le donnerais à lire à qui voudra. Comme cela vous me direz ce que vous en pensez.
Ma grand mère me disait toujours ne fait meme pas confiance à la semelle de tes chaussures, malheureusement je crois bien que c'est vrai. Une amie m'a dit hier, je t'ordonne d'être parano. A nous de choisir le bon milieu.
Corinne
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