Francomano

ORAISON

Pour le vieux désormais seul qui se laisse mourir
Pour l’ami qui se change en ennemi
Parce que toi tu continues à sourire
Pour le poète n’ayant qu’une guitare en guise de fusil
Pour l’aliéné de la société qui se croit loin des sectes
Pour le rebelle qui est fier d’aller voter
Pour l’enfance ratée dont tu ne peux te remettre
Pour le Français « pure souche » mille fois croisé
Pour l’enfant qui devine les mensonges élégants
Pour le mépris qui ouvre les jambes des femmes
Pour ce plat de couleuvres qu’il faudrait avaler entièrement
Pour les vraies putains qui font crédit sur leur âme

Notre Père qui êtes aux cieux
Essayez d’être parmi nous… un p’tit peu

Pour le bourgeois vantant Baudelaire et Mozart
Pour la télévision qui nous fait son cinéma
Pour le vieil immigré raciste qui a perdu la mémoire
Pour tous ces mots anodins qui se retournent contre toi
Pour le désir qui s’allume dans le corps d’une pucelle
Lorsqu’elle croise un vieillard de quarante ans
Pour la fille hautaine qui se couchera quand même
Pour que ce siècle nouveau le soit vraiment
Pour cette liberté qui ne nous rend pas moins mauvais
Pour le mouton de trente ans qui pose son cartable
Pour ce monde religieux qui nous éloigne de la Paix
Pour le laissé-pour-compte qui danse avec le Diable

Notre Père qui êtes aux cieux
Essayez d’être parmi nous… un p’tit peu

Pour tout ce soleil qui ne nous coûte pas un sou
Pour ce petit bout de toi qui t’ « amour » la vie
Pour l’arbre centenaire qui se fout pas mal de nous
Pour cette passion qui te chasse l’ennui
Pour cette vie que j’use à faire des chansons
Pour la fille jolie de tendresse
Pour ta tendresse qui devient ma maison
Pour cet amour qui ne sait plus où donner de la fesse
Pour les jeunes amoureux de soixante quinze ans
Pour le poivrot qui te pleure du Ferré
Pour tous ces petits Dieux qui t’enchantent l’instant
Et pour le public qui te fait exister

Notre Père qui êtes aux cieux
Je sais que vous êtes parmi nous… un p’tit peu