Bonjour éventuel lecteur ou lectrice,
Début octobre 2006, ça fait moins de deux mois que j’ai réellement commencé à m’affirmer et à me réaliser en tant que Natacha, 29 ans, transexuelle en devenir.
J’ai commencé le traitement hormonal (ça ne se voit pas encore physiquement), j’ai fermement décidé et appliqué ma décision de m’habiller en femme et pas autrement.
Trop de choses pour te les raconter toutes, et puis j’aurais sûrement l’air de me plaindre alors qu’il y a plus mal loti que moi, donc je passe à l’essentiel : je débute le théâtre en tant qu’acteur/actrice (jouer c’est très unisexe, mais je préfère actrice) et comme j’ai toujours rêvé d’écrire, j’ai décidé de m’y remettre…N’est-ce pas d’ailleurs ce que je suis en train de faire à l’heure où je te parle, maintenant pour moi, dans le futur pour toi, ami lecteur ou lectrice ?
Je noircis donc une page pour t’écrire un petit mot de présentation, certes je ne suis qu’une fourmi à moitié morte d’avoir trop contemplé les étoiles du haut de son petit brin d’herbe personnel, mais je brûle de vous faire partager cette vision, ou plutôt ma propre vision sûrement très étriquée d’insecte séparé de l’intelligence collective de son nid, de la grouillante fourmilière humaine.
Je te remercie d’avance pour ton temps et ton indulgence, ami lecteur ou lectrice…que tes nuits soient douces.
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Suicide mode d’emploi
De tous poisons la mort-aux–rats
Est bien celui que je préfère,
C’est par lui que la mort aura
Ce petit avant-goût d’enfer.
Trouvez une poutre apparente,
Passez la corde, faites un nœud,
Puis une boucle coulissante,
La mort vous réjouira le nœud.
Trop facile je vous l’accorde,
Il y aussi les armes-à-feu,
Moins hygiéniques que la corde ;
Sautez du pont faute de mieux
Mais n’ayez de miséricorde
Envers ceux qui deviennent vieux.
(2003)
Suicide mode d’emploi (suite bio-logique)
Vers le mois d’août vous cueillerez
Cinq six bogues de Datura,
Dans du whisky mélangerez,
Croyez-moi cela vous tuera.
A son nom vous reconnaîtrez
Mon amie Pourpre Digitale,
Pour si souvent la rencontrer
J’éprouve son attrait fatal.
J’ai aussi fini par trouver
Où poussait la Grande Cigüe
Au port de carotte ambiguë,
Sur un sol d’argile et gravier
Voyant mon état s’aggraver
Un jour de vie trop exigüe.
(2003)
Le respect des vieux
Toi, ma cousine, qui juges ta grand-mère,
On ne t’a pas appris le respect des vieux ?
Sénile et méchante, c’est une commère,
Plus têtue qu’un âne, sourde quand elle veut,
A moitié folle, ce n’est rien de le dire,
Elle a tous ces défauts, bien d’autres encore,
Un sourire idiot à la joie de médire,
Puis de n’aimer pas cyprès et sycomores.
Mais qui seras-tu, arrivée à son âge,
Usée par les ans, les tracas quotidiens,
Après deux ou trois guerres et cent mille orages ?
Certes nous savons que la vie ne vaut rien,
Alors aie du respect devant son courage,
Car aujourd’hui ton père est un homme bien.
(2003)
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Délirium très mince
Je m'esseule
Si veule,
Le vent feule
Entre les meules
De foin.
Le vin
Coule à flot
Dans les veines
Du cerveau.
Rose
Cirrhose
Je t'arrose
Sans eau,
Que mon foie
Concurrence
Mes poumons
Ravagés,
Mon corps
A la science
Démontrera
Les effets
Scélérats
Des excès
En tout genre.
Le mauvais exemple
Se pose
Là.
Savonneuse
Est la pente
Mais j'aime
Ce qui glisse,
Je me ressers
Sans malice
Un sévère
Petit verre
Solitaire
De liqueur
De réglisse.
La synapse
Collapse,
La féline
Myéline,
Graisse
Phosphorée,
S'en fut forer
Un puit de mine
Dans la
Fausse forêt
De strass.
Mais la mine
Qu'on lamine
L'a mauvaise
Et se venge
En crachant
Des gerbes
De verbes méchants
Qui s’insinuent tel un essaim
Au sein d’une conscience
Ainsi nue.
La conscience retombe
Des nues
Sous une pluie
De bile
A peine nubile,
Les happeaux longs
Des apollons
La ramèneront
Sans faille,
Ou pas,
C’est selon,
Jusqu’au bercail…
(2003)
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Méprise
Les odeurs du cristal dépenaillent l'aurore,
L'horizon lointain devient une marée sombre,
Fébriles faussetés, illusions drôlatiques
Frisent allègrement les abords de l'horreur.
On ne sait rien mais on ressent les zones d'ombre
De cette marée sombre d'erreurs érotiques.
Puis la marée, miroir, quand vient l'heure du soir,
Les amers souvenirs réenfoncent leurs griffes
Au coeur du désespoir tels de grands escogriffes
Venus pour me punir d'avoir cru ces histoires.
Le lendemain si l'on me croise par hasard
Un peu hagard, blafard, dédaignant le caviar
Des sourires amicaux, il suffit qu'on se dise
Que le coup du miroir n'était qu'une méprise.
(2003)
Les mots
Obstinément me flouent tous ces mots superflus,
Synaptiques traumas, étiquettes gluantes,
Posées comme des tiques au dos de mes afflux,
Qui sont à la pensée éruptions virulentes.
A quoi bon définir le vécu, le senti
De ce vocabulaire si patibulaire,
Mais il faut en finir car on vous a menti
Il vaut mieux se taire et porter le scapulaire.
Aux dires de certains les mots sont nos vies,
Que nos vies soient des maux je ne mets pas en doute,
Depuis des temps lointains de savoir j'ai envie
Ce que seraient nos vies, ce que seraient les routes,
Sans qu'on les falsifie, ces routes qu'on redoute,
Ce que seraient nos vies sans ces mots qui dévient.
(2003)
Limpide
Des odeurs, des vapeurs, des essoufflements,
Redondances, sophismes et incontinence
De verbes peu acerbes, cache-misère
Qui manquent à l'appel quand tranquillement
Passe en cette impasse le sérieux silence
Etendant son ombre d'arbre millénaire.
C'est un choc au las sot sentant son dos chaud,
Au cachalot qui échoua sa chaloupe
Dans un verre d'eau et se crut au cachot
En y regardant au travers d’une loupe.
Et dans un blizzard de bizarres hasards
Elisa attisait un brasier timide
De cerisiers au grisant halo blafard
Dont le fard infime la rendait limpide.
(2003)
4/10/2006
Les deux Rois de mon cœur :
Deux hommes qui étaient des rois
Chacun dans son pays
Sont venus ici
Et se sont rencontrés
Et aimés,
Puis ils décidèrent
De bâtir un commun royaume
Qui dure encore aujourd’hui.
Ils étaient heureux
Mais toujours libertins,
Un jour je rencontrai l’un
Et l’autre le lendemain.
Je tombai amoureuse
Presque instantanément,
Et ce fût plus fort que moi,
Et ce fût éternel.
Si vous croisez deux rois,
Beaux comme des dieux
Des prophètes ou des anges,
Ce sera sûrement eux,
Alors s’il vous plait
Dites-leur
Que je les aimerai toujours.
Rosita la soltera
Rosita la rose morose
A l’aube fraîche est radïeuse,
Une hautaine note dièse
Si la rosée s’approche et ose.
Quand midi sonne Rose blanche
Se sent seule de soleil saoûle
Et la soie du calice penche
Sous le poids d’une libellule.
Lorsqu’au soir souffle par les branches
Des oliviers le vent furieux
Que Rosita soit toujours blanche,
Ouvre la nuit de tristes yeux
Tandis que Rose se dessèche
Et que s’éloignent les curieux.
(2003)
Natacha.
FIN PROVISOIRE...
merci d'avance pour vos commentaires, j'ai hâte de vous lire aussi.
Edited by Natacha2006, 04 October 2006 - 04:33 PM.