9 Millimètres.
#1
Posted 06 October 2006 - 01:50 PM
J'ai vu tant de visages mourir. Il me semble ne jamais les avoir vus sourire. La mort parfois libère des souffrances, mais la vie jusqu'au bout s'accroche. Elle essaye de se maintenir coûte que coûte. Forcément. Après elle glace et elle fige, plus qu'aucun marbre d'Italie. Et puis ces statues vous regardent, du haut de leur autre temps. Et elles vous tendent à bout de bras le passage vers cet autre espace.
Ce sont des vivants qui ne mourront jamais. Ceux qui en quelque sorte, ont été épargnés. Des amours endormis. Des combattants vainqueurs. Des artistes. Des amants enlacés. Des vestiges du passé.
La statue demeure. Elle écoute les battements du cœur. Elle est un masque de mort, une empreinte de vie. Un sursaut de paroles psalmodiées. Retenues, interdites, dévoilées.
On n'entend bien qu'avec le cœur, fut-il de pierre.
Moi, je les entends. J’arpente les rues de ma ville pour tenter d’extraire, sous la médiocrité ordinaire des choses, les parcelles de beauté enfouies sous leur masque de poussière et de salissures.
Des fragments de seins, de bras ou de mains. Et des bouches de statues, jointes dans la volupté d’un baiser. L’atomisation. De l’espace, du temps. Et des corps.
Je suis ces vieux murs de pierre. Le soir tombe chez moi. Il y a encore cette voix insistante et tellement claire. Une voix dure. Qui n’a aucune pitié pour moi. Qui ne se soucie pas de ma blessure. Ni de ma douleur. Elle m’ordonne des choses. Celles d’arrêter cette atroce pluie sanguine, qui dans mon cœur et par chacune de ses gouttes me déchire. Sans merci.
Les cris, la peur, les pleurs. Tous mes souvenirs se déterrent devant moi. Mais là, debout, face au pouvoir, face à l’éternité, j’essaie de ne pas céder. Je retiens la déflagration dans ma tête. Elle tonne. Résonne. Ricoche dans tous les sens. Tente de me blesser pour que je laisse échapper l’ouverture où elle s’engouffrera. Pour combien de temps ? Encore tenir. Puis entendre. Une brutale explosion qui éclate dans l’air. Vous perce les tympans, vous met le corps en miettes. Et éparpillent aux vents tous vos morceaux de chair. Le doigt sur la gâchette appuyer ou attendre.
Devenir cette personne armée, programmée. Cette arme achetée pour détruire. Le détruire. Et qui le détruira ! Ce n’est qu’une simple question de temps. Qu’une question de choix. De moment. Que mes cris s'unissent, sortent et se libèrent !
Croyez-vous qu’il faille les laisser vivre ? Leur donner une dernière chance ? Ces ivres criminels. Non. Je ne les laisserai plus faire. Je suis ivre de leur sang. Ils sont à moi maintenant.
La destruction reflète une possession. Une douleur aussi. Ce n’est jamais un acte anodin et invisible. Il me faut blesser pour en ressentir le manque. J’ai usé mes mots et mes gestes, le vide est mon comparse. Je suis l’inutilité à l’état brut. Une apnée virtuelle. Rien de plus. Ma force reviendra dans la mort. Il n’est plus vraiment nécessaire de tuer. Mais bien d’achever. Cela suffit.
Tout à coup le coup part. Rougi le périmètre. J’ai joué de mon neuf millimètres.
Corinne
#2
Posted 06 October 2006 - 02:14 PM
UNE STATUE, C'EST LE VOL DE LA VIE
Je n'ai jamais pensé à définir cette attirance singulière
pour le visage des statues,
leurs mains si souvent expressives, leurs regards insondables.
Je n’ai jamais cherché pourtant c’est ancré en moi.
C’est inaliénable.
Elles font comme partie de moi.
Une statue, c'est le vol de la vie.
Une éternité.
J'ai vu tant de visages mourir.
Il me semble ne jamais les avoir vus sourire.
La mort parfois libère des souffrances,
mais la vie jusqu'au bout s'accroche.
Elle essaye de se maintenir coûte que coûte.
Forcément. Après elle glace et elle fige, plus qu'aucun marbre d'Italie.
Et puis ces statues vous regardent, du haut de leur autre temps.
Et elles vous tendent à bout de bras le passage vers cet autre espace.
Ce sont des vivants qui ne mourront jamais.
Ceux qui en quelque sorte, ont été épargnés.
Des amours endormis. Des combattants vainqueurs.
Des artistes. Des amants enlacés. Des vestiges du passé.
La statue demeure.
Elle écoute les battements du cœur.
Elle est un masque de mort, une empreinte de vie.
Un sursaut de paroles psalmodiées. Retenues, interdites, dévoilées.
On n'entend bien qu'avec le cœur, fut-il de pierre.
Moi, je les entends. J’arpente les rues de ma ville pour tenter d’extraire,
sous la médiocrité ordinaire des choses,
les parcelles de beauté enfouies sous leur masque de poussière et de salissures.
Des fragments de seins, de bras ou de mains.
Et des bouches de statues, jointes dans la volupté d’un baiser.
L’atomisation. De l’espace, du temps. Et des corps.
Je suis ces vieux murs de pierre. Le soir tombe chez moi.
Il y a encore cette voix insistante et tellement claire.
Une voix dure.
Qui n’a aucune pitié pour moi.
Qui ne se soucie pas de ma blessure. Ni de ma douleur.
Elle m’ordonne des choses.
Celles d’arrêter cette atroce pluie sanguine,
qui dans mon cœur et par chacune de ses gouttes me déchire. Sans merci.
Les cris, la peur, les pleurs.
Tous mes souvenirs se déterrent devant moi.
Mais là, debout, face au pouvoir, face à l’éternité,
j’essaie de ne pas céder.
Je retiens la déflagration dans ma tête.
Elle tonne. Résonne. Ricoche dans tous les sens.
Tente de me blesser pour que je laisse échapper
l’ouverture où elle s’engouffrera.
Pour combien de temps ?
Encore tenir. Puis entendre.
Une brutale explosion qui éclate dans l’air.
Vous perce les tympans, vous met le corps en miettes.
Et éparpillent aux vents tous vos morceaux de chair.
Le doigt sur la gâchette appuyer ou attendre.
Devenir cette personne armée, programmée.
Cette arme achetée pour détruire. Le détruire. Et qui le détruira !
Ce n’est qu’une simple question de temps.
Qu’une question de choix. De moment.
Que mes cris s'unissent, sortent et se libèrent !
Croyez-vous qu’il faille les laisser vivre ?
Leur donner une dernière chance ? Ces ivres criminels. Non.
Je ne les laisserai plus faire. Je suis ivre de leur sang.
Ils sont à moi maintenant.
La destruction reflète une possession. Une douleur aussi.
Ce n’est jamais un acte anodin et invisible.
Il me faut blesser pour en ressentir le manque.
J’ai usé mes mots et mes gestes, le vide est mon comparse.
Je suis l’inutilité à l’état brut.
Une apnée virtuelle. Rien de plus.
Ma force reviendra dans la mort.
Il n’est plus vraiment nécessaire de tuer.
Mais bien d’achever. Cela suffit.
Tout à coup le coup part. Rougi le périmètre.
J’ai joué de mon neuf millimètres.
Corinne
Mis en page pour une lecture plus aisée
par Med37
Ce systéme de découpe est utilisé par les Comédiens qui lisent des textes en scène.
Edited by Med37, 06 October 2006 - 02:25 PM.
#3
Posted 06 October 2006 - 03:59 PM
Je ne m'aperçus qu'après que le porc avait déjà éjaculé.
Bises
Manon
#4
Posted 06 October 2006 - 08:45 PM
#5
Posted 06 October 2006 - 11:20 PM
Attached Files
#6
Posted 07 October 2006 - 08:31 AM
Hélas je ne sais pas bien l'interpréter,
et cela me gène de pouvoir comprendre une chose et son contraire.
#7
Posted 07 October 2006 - 08:39 AM
Tu y mets de la mauvaise volonté, Harry.
#8
Posted 07 October 2006 - 04:28 PM
Tu y mets de la mauvaise volonté, Harry. (humour acide de serioscal)
Qui te dis qu'il a lu le texte découpé et non pas l'original, en effet très difficile à lire et par la même à comprendre. Et pour ce qui est de comprendre, combien de participants ici savent écrire un texte qui se veut poétique ou un poème compréhensible dès l'abord, très très peu.
Je suis certain qu'un certain nombre écrivent sans comprendre ce qu'ils expriment, c'est un peu l'inconvénient de la poésie dite moderne d'être obscure et paradoxale.
Edited by Med37, 07 October 2006 - 04:32 PM.
#9
Posted 07 October 2006 - 04:42 PM
Trop bien vasavoisi ! vui vui !
(pourquoi ne pas l'insérer dans le salon approprié ?) chuttt....
Bientôt +
#10
Posted 08 October 2006 - 07:05 PM
J'ai aimé son mystère, l'apparente non-relation entre le début et la fin.
Oui, il y a un mystère dans ce texte.
J'ai aimé l'écriture qui s'attarde, qui contourne les choses, l'écriture attentive au moindre signe, l'écriture qui soigne ce qu'elle décrit, comme une mère soigne son petit.
Les apparences sont trompeuses. Parfois même les nains sont des géants à l'envers, et les statues des êtres qui souffrent sous le silence de la pierre nue.
Un grand mystère.
C'est le mystère du regard des statues.
S'il regarde ou s'il voit, s'il est aveugle ou bien s'il ne veut pas voir.
Ou peut-être regarde-t-il simplement
vers l'intérieur.
les statues veulent-elles quelque chose?
Le mystère de la blancheur de leur visage de marbre,
Le mystère de leur apparente impassibilité.
Les statues souffrent-elles ?
Le mystère du coeur des statues, s'il bat ou s'il saigne.
Les statues aiment-elles ? ont-elles hérité des passions du sculpteur ?
Peuvent-elles nous haïr, peuvent-elles nous vouloir du mal ?
Nous tuer ?
Artemisia
#11
Posted 11 October 2006 - 03:16 PM
Hélas je ne sais pas bien l'interpréter,
et cela me gène de pouvoir comprendre une chose et son contraire.
Il s'agit juste d'un extrait de mon second roman. C'est la première approche du meurtrier en série. Je voulais commencer par un meurtre. Et faire ressentir les émotions du tueur. Une approche froide. Je fais des essais.
Pour ce manuscrit là je prends plus mon temps.
#12
Posted 11 October 2006 - 03:29 PM
Je ne vois pas très bien ton image Almador. C'est dommage, j'adore écrire sur les photographies. Les tableaux.
Tu ne l'as pas en plus grand ?
Trop bien vasavoisi ! vui vui !
(pourquoi ne pas l'insérer dans le salon approprié ?) chuttt....
Bientôt +
Merci Ds. L'insérer dans le salon approprié ? Hum non. Rires. J'aime bien ne pas respecter les cases. Et c'est dans le salon principal qu'il y a le plus de lecture.
J'aime beaucoup ta peinture. Vraiment.
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