Lettre à Monsieur D'a***
Started by Deirdre, Aug 01 2006 01:02 PM
8 replies to this topic
#1
Posted 01 August 2006 - 01:02 PM
Mon Ami,
Je cède encore une fois à l’envie de vous écrire, si futile soit-elle, et si improbable l’idée que ces quelques mots vous atteignent, dans ce lointain Ailleurs ou vous vivez.
Est-ce l’été qui, avec la lourde chaleur de ces derniers jours, m’a donné comme une envie de bouteilles à la mer ? Je ne sais.
J’aimerais, si vous lisez ces lignes un jour, d’abord vous rassurer. Je ne suis pas, vous le savez, de ces enfiévrées romantiques qui passent le temps à se languir ou soupirer.
Cependant, en dépit – ou peut-être à cause de cet éloignement où vous êtes, mes pensées reviennent vers vous bien régulièrement. C’est que, ne sachant rien de votre nouvelle vie loin de moi, je m’interroge.
L’inconnu recèle l’attrait certain du mystère tout autant qu’il effraie. Ce double mouvement d’attraction et de répulsion mêlées, n’est-ce pas ce qui nous lie aux choses et gens de notre vie ? ..Mais je digresse, comme toujours.
Ce soir le souvenir d’un vers tout simple, décasyllabe parfait, ingénu, me fait inexplicablement penser à vous. Simples mots tout de douceur féminine pourtant :
« Le jour est la main gauche de la nuit… » ..
Que ne feriez vous pas avec de telles prémisses, vous qui fûtes toujours meilleur poète que je serai jamais ?Vos vers,, au vrai, me manquent.
Sans nouvelles de vous, je m’inquiète de votre vie dans vos contrées océanes.
Vous demeurez près de la mer.Cela, du moins, je le sais.
Je peux donc vous imaginer dans le soir qui descend, silhouette imprécise –que vous ne manqueriez pas de qualifier de dérisoire- découpée devant l’immensité grise et sauvage, battue comme le sont les rocs par les vents indomptés.
« Homme libre, toujours tu chériras la mer… » Qu’avez-vous fait, mon ami, de votre liberté ? Vous qui ne m’apparaissez plus que comme une silhouette en contre-jour de mes ciels imaginaires,, à quoi ressemble désormais votre vie ?...
Je vous aimerais heureux, tranquille, serein. Je crains de vous savoir, en réalité, misérable et honteux. S’il est vrai que l’homme peut le pire comme le meilleur, vous n’avez eu que trop tendance à noircir le tableau, en ce qui vous concerne. Vous avez eu la bonté, par le passé, de ne jamais vous moquer de mes formules à l’emporte-pièce. Dans ma philosophie toute simple, vous le savez, car nous en discutâmes bien souvent, le bonheur n’est au fonds qu’un état d’esprit. Vous m’avez répété à l’envie ne pas vous sentir taillé pour le vivre, et je vous ai répété tout autant que cela aussi était un point de vue,...
Je prie pour que vous ayez trouvé les ressources qui sont, j’en suis persuadée, au fonds de vous.
Je prie, mon très cher ami, pour que vous affrontiez vos peurs et les vainquiez.
Si vous avez encore quelque amitié pour moi, faites-moi savoir ce qu’il en est de vous.
J’irai mon chemin, ainsi, l’âme allégée.
Votre, fidèlement,
M…
Je cède encore une fois à l’envie de vous écrire, si futile soit-elle, et si improbable l’idée que ces quelques mots vous atteignent, dans ce lointain Ailleurs ou vous vivez.
Est-ce l’été qui, avec la lourde chaleur de ces derniers jours, m’a donné comme une envie de bouteilles à la mer ? Je ne sais.
J’aimerais, si vous lisez ces lignes un jour, d’abord vous rassurer. Je ne suis pas, vous le savez, de ces enfiévrées romantiques qui passent le temps à se languir ou soupirer.
Cependant, en dépit – ou peut-être à cause de cet éloignement où vous êtes, mes pensées reviennent vers vous bien régulièrement. C’est que, ne sachant rien de votre nouvelle vie loin de moi, je m’interroge.
L’inconnu recèle l’attrait certain du mystère tout autant qu’il effraie. Ce double mouvement d’attraction et de répulsion mêlées, n’est-ce pas ce qui nous lie aux choses et gens de notre vie ? ..Mais je digresse, comme toujours.
Ce soir le souvenir d’un vers tout simple, décasyllabe parfait, ingénu, me fait inexplicablement penser à vous. Simples mots tout de douceur féminine pourtant :
« Le jour est la main gauche de la nuit… » ..
Que ne feriez vous pas avec de telles prémisses, vous qui fûtes toujours meilleur poète que je serai jamais ?Vos vers,, au vrai, me manquent.
Sans nouvelles de vous, je m’inquiète de votre vie dans vos contrées océanes.
Vous demeurez près de la mer.Cela, du moins, je le sais.
Je peux donc vous imaginer dans le soir qui descend, silhouette imprécise –que vous ne manqueriez pas de qualifier de dérisoire- découpée devant l’immensité grise et sauvage, battue comme le sont les rocs par les vents indomptés.
« Homme libre, toujours tu chériras la mer… » Qu’avez-vous fait, mon ami, de votre liberté ? Vous qui ne m’apparaissez plus que comme une silhouette en contre-jour de mes ciels imaginaires,, à quoi ressemble désormais votre vie ?...
Je vous aimerais heureux, tranquille, serein. Je crains de vous savoir, en réalité, misérable et honteux. S’il est vrai que l’homme peut le pire comme le meilleur, vous n’avez eu que trop tendance à noircir le tableau, en ce qui vous concerne. Vous avez eu la bonté, par le passé, de ne jamais vous moquer de mes formules à l’emporte-pièce. Dans ma philosophie toute simple, vous le savez, car nous en discutâmes bien souvent, le bonheur n’est au fonds qu’un état d’esprit. Vous m’avez répété à l’envie ne pas vous sentir taillé pour le vivre, et je vous ai répété tout autant que cela aussi était un point de vue,...
Je prie pour que vous ayez trouvé les ressources qui sont, j’en suis persuadée, au fonds de vous.
Je prie, mon très cher ami, pour que vous affrontiez vos peurs et les vainquiez.
Si vous avez encore quelque amitié pour moi, faites-moi savoir ce qu’il en est de vous.
J’irai mon chemin, ainsi, l’âme allégée.
Votre, fidèlement,
M…
#2
Posted 01 August 2006 - 01:10 PM
J'aime. C'est une bien belle lettre. Touchante. Et qui m'a fait m'évader par delà les mers pour essayer d'entrapercevoir celui qui la lisait. Celle qui l'écrivait.
Un très belle envol.
Un très belle envol.
#3
Posted 01 August 2006 - 01:44 PM
Une grande sincérité émouvant
Merci
Protoss
Merci
Protoss
#4
Posted 01 August 2006 - 07:14 PM
Il y eut l'été dernier, avec sept jours de réflexion. Et puis, cette magnifique lettre, Deirdre, qui me rappelle un texte que j'ai publié il y a peu "Des nouvelles du large".
Combien l'absence et le manque de nouvelles est difficile à vivre... Juste savoir, sans aller plus loin, que la vie va, juste ça... Je ressens très fort cela dans tes mots.
Je suis allée avec toi déposer cette bouteille à la mer, j'ai vu l'océan, la silhouette, je suis très émue de t'avoir lue.
(juste une petite faute à "fond" à la fin du texte)
balila
Combien l'absence et le manque de nouvelles est difficile à vivre... Juste savoir, sans aller plus loin, que la vie va, juste ça... Je ressens très fort cela dans tes mots.
Je suis allée avec toi déposer cette bouteille à la mer, j'ai vu l'océan, la silhouette, je suis très émue de t'avoir lue.
(juste une petite faute à "fond" à la fin du texte)
balila
#5
Posted 01 August 2006 - 08:04 PM
J'ai été aussi profondément émue. Dans le passé, quand je vivais en Espagne, j'ai perdu quelqu'un que j'ai dû perdre de vue à cause de changements d'adresse réciproques... C'était difficile à vivre.
J'ai beaucoup aimé ce texte bien écrit, Deirdre. Cependant, et excuse-moi de te le dire, je déploré la couleur de l'encre. Gris sur fond blanc, c'est dur pour ma vue de presbyte. Mais j'ai insisté à lire jusqu'au bout malgré la difficulté pour moi. Et je n'ai pas été déçue !
Amicalement,
Béa
J'ai beaucoup aimé ce texte bien écrit, Deirdre. Cependant, et excuse-moi de te le dire, je déploré la couleur de l'encre. Gris sur fond blanc, c'est dur pour ma vue de presbyte. Mais j'ai insisté à lire jusqu'au bout malgré la difficulté pour moi. Et je n'ai pas été déçue !
Amicalement,
Béa
#6
Posted 01 August 2006 - 09:54 PM
beaucoup de style, merci Deirdre.
Serge
Serge
Edited by Serge L, 02 August 2006 - 11:14 PM.
#7
Posted 02 August 2006 - 12:38 PM
merci.
Béa, désolée pour tes yeux, j'ai pas pu faire mieux. je voulais une police façon vieille écriture à la main, belles boucles tout ça.. et j'arrive pas à faire plus foncé.
Béa, désolée pour tes yeux, j'ai pas pu faire mieux. je voulais une police façon vieille écriture à la main, belles boucles tout ça.. et j'arrive pas à faire plus foncé.
#8
Posted 03 August 2006 - 12:21 PM
joli
#9
Posted 03 August 2006 - 05:35 PM
Citation (Deirdre @ Aug 2 2006, 01:38 PM) <{POST_SNAPBACK}>
merci.
Béa, désolée pour tes yeux, j'ai pas pu faire mieux. je voulais une police façon vieille écriture à la main, belles boucles tout ça.. et j'arrive pas à faire plus foncé.
Béa, désolée pour tes yeux, j'ai pas pu faire mieux. je voulais une police façon vieille écriture à la main, belles boucles tout ça.. et j'arrive pas à faire plus foncé.
C'est pas grave, Deirdre. Ce sont les aléas d'un écran d'ordinateur qui va pas toujours avec les défauts visuels. Les caractères sont de circonstance, ils vont bien avec le sujet fort beau
Amitiés,
Béa
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