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Silence


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5 replies to this topic

#1 .ds.

.ds.

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  • TLPsien
  • 7,512 posts
  • Location:Perpignan, France

Posted 10 September 2006 - 02:18 PM

Que se brise le mur du silence
Aux brumes livides sonnant le glas
En dépit de résumer quelques chapitres

J'écrirai ton ombre vascillante le jour
Abdiquant la nuit dans un élan
Aux tons d'Orient

Des berges de nuits meurtrières
Les -coûts- de pioches exténuées
La terre rendue se plie à nos corps fatigués

S'achève une page en automne vers les frontières
Soulevée par le vent et peuplée de longs fossés

A l'aube

Agenouillée sur la parure du temps
Je porte au lavoir
Les traces souriantes de ton sang

Seul
Miroir radieux du bonheur d'avoir
Blanc
Se balance
Dans ma chambre
Hors du cadre
L'émergence d'un deux-mains

#2 Silences...

Silences...

    Totor le rugueux

  • TLPsien
  • 3,310 posts
  • Parcours poétique:Depuis le "petit- rien" jusqu'au "Grand-Tout" mais je ne saurais pas vous en parler en 2 lignes

Posted 10 September 2006 - 02:31 PM

Il est urgent que je change mon pseudo d'affichage
comment ne pas devenir parano... Chère .D.S. (Douce Sarah ?)

#3 .ds.

.ds.

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  • TLPsien
  • 7,512 posts
  • Location:Perpignan, France

Posted 10 September 2006 - 06:04 PM

bah, ton pseudo n'était-il pas Victorugueux à l'origine ?
Nous pourrions en dire long sur la parano, mais,
j'attends une analyse de mon texte,
si tu le veux bien, merci.

#4 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
  • 2,179 posts

Posted 12 September 2006 - 11:38 AM

Ce forum sera un forum lent, si vous le voulez bien.

Lire un poème n'est pas, ne peut être l'affaire d'un quart d'heure vingt minutes. Même (ou surtout) un tien, Nath !

Lire ce poème me renvoie (fatalement) à tout ce que j'ai pu lire de toi ainsi qu'à nos échanges. Il me semble que quelque chose tourne autour de l'ouverture.

- Appel à l'autre, absent ou absenté
- Forme ouverte par le silence qui l'habite
- en sorte que les poèmes sont comme des vols planés, pour ainsi dire. Le système temporel joue un rôle majeur ici - ouvrant sur un futur pour le ramener au présent.

Le jeu de mots (deux cas ici au moins) me trouble, je dois dire. On a rarement vu jeux de mots aussi grave !

A très bientôt,

Pascal.

#5 .ds.

.ds.

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  • TLPsien
  • 7,512 posts
  • Location:Perpignan, France

Posted 12 September 2006 - 04:57 PM

Que ce salon soit "lent", me convient tout à fait Pascal, je n'en attendais pas moins, et suis d'autant plus enthousiaste !

Que dire de mieux, prendre le temps de lire, apprécier, dire...

Merci, et à très bientôt donc !

#6 serioscal

serioscal

    serioscal

  • TLPsien
  • 2,179 posts

Posted 27 September 2006 - 10:10 AM

Il n'y a pas qu'une froide réflexion d'esthète dans "mon" silence.

Il n'y a pas de critère distinctif pour dire qu'une écriture est vraie ou non. Emily Dickinson disait reconnaître la poésie au frisson glacial qui lui traversait l'épine dorsale. Elle était sans doute au plus près d'une "critique littéraire", la plus juste.

Parfois le poème vous vient, seul, comme une bouteille jetée à la mer. Le choc est immédiat. Le plus souvent, pourtant, la poésie est une fréquentation longue dans le temps et l'on n'apprend que progressivement à lire : les poèmes se lisent les uns à travers les autres.

Lire un poème de Nath, c'est donc lire Nath : ce que j'en connais en tout cas. Une poésie qui s'adresse à un tu absent. Ce n'est pas un appel, ni un portrait mais l'histoire d'une relation qui se poursuit au-delà de l'absence, à "contre-absence".

La réalité poétique du "tu" est complexe ; est-il nécessaire d'y ramener une personne définie ? Ce serait occulter le caractère magique de l'écriture :

Que se brise le mur du silence
Aux brumes livides sonnant le glas
En dépit de résumer quelques chapitres


Du "mur du silence" aux "brumes livides", de l'invocation "que se brise" à la syntaxe qui libère les relations entre les éléments, cette première strophe pose les jalons d'un espace immatériel, l'espace du poème, celui de la relation je-tu :

J'écrirai ton ombre vascillante le jour
Abdiquant la nuit dans un élan
Aux tons d'Orient


Cette relation est désormais soudée à l'opération de l'écriture : le je n'existant pas sans le tu, le tu sans le je, leur "commune présence" (R. Char) est consacrée par l'écriture. Le futur employé - un temps privilégié chez Nath - se fait présent, présence, possibilité même de la présence.

Des berges de nuits meurtrières
Les -coûts- de pioches exténuées
La terre rendue se plie à nos corps fatigués


J'évoque la notion de magie dans une acception très concrète, très loin des abracadabra... enfin, pas tant que ça. Mais le passage au présent témoigne de cette réalité de l'écriture : avons passé le cadre de l'invocation, passons à l'ordre de la tractation, de la transaction symbolique. Je me retrouve certes de trop dans cette description car j'ai envie de dire (me reprenant) : les existences fantomatiques sont les plus vives de nos jours.

Au risque de calquer sur ce poème des préoccupations qui me sont propres. Mais là est sans doute aussi une des "magies" du poème...

S'achève une page en automne vers les frontières
Soulevée par le vent et peuplée de longs fossés

A l'aube


Opération, tractation, transaction : l'aube est l'heure du départ de la nuit et du jour. e garde en tête la naïve et merveilleuse chanson : "le soleil a rendez-vous avec la lune". Obsédante complémentation, impossible équivalente, nécessaire co-présence : le jour et la nuit sont un je et un tu qui ne se frôlent qu'à l'aube et au crépuscule.


Agenouillée sur la parure du temps
Je porte au lavoir
Les traces souriantes de ton sang


L'espace symbolique est ritualisé. Toute invocation tient en quelque chose de la prière. On ne prie pas pour soi, pas que pour soi. Ni pour l'autre et seulement pour lui. Cette strophe dit, me semble-t-il : "je te porte en moi, je te chéris et je te choie". Le temps n'est qu'une "parure" : le temps du poème l'a rejeté, le temps destructeur n'a pas prise sue le plan de réalité où se noue, sans égard pour l'horloge, la relation qui est au coeur du poème. L'action rituelle a créé son entre-temps.

Seul
Miroir radieux du bonheur d'avoir
Blanc
Se balance
Dans ma chambre
Hors du cadre
L'émergence d'un deux-mains


Une des choses qui me troublent le plus dans ce poème, c'est le jeu de mots. "-coûts- de pioche", "émergence d'un deux-mains". Mais l'écriture de Nath a cette liberté exquise : elle si homogène et fluide, qui se déroule comme un tissu onirique, trouve à des heures des accents de violence, des distorsion, qui rappellent peut-être une chose, triviale peut-être. La visée esthétique n'est pas "purement esthétique". Elle est d'abord une inspection intime. Le jeu de mots n'a rien de trivial, quant à lui. "coûts de pioche" intervient dans la strophe de toutes les violences, de tous les déchirements. "Deux-mains", séparation et réintégration, nous ramène à ces deux réalités essentielles du poème :

- le présent-à venir, seul temps actuel, seule réalité possible
- le je, le tu, seules réalités significatives.




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