J'ai donc su oublier. Monte sur les orgues
Ma seule complainte. De cet unique son,
Je fais ma réponse et que l'on me nargue,
Qu'on en rit ou sourit, ce sera ma façon
De dire, encore, que ceux de ma race
Vivent pour cet instant, un spasme. Ce frisson
Qui abolit le temps et emplit l'espace,
Est notre châtiment. Quel crime, mon Dieu ...
Non, tu n'existes pas, n'entends, ni menaces ...
Quel crime est-ce donc que d'être sans lieu,
Ni foi ? Et pour aimer, faudrait-il renoncer,
Sous contrainte d'une qui brandit l'adieu,
A quêter au sourcil que l'on voit se froncer,
A la moue de plaisir, aux soupirs des autres
Qui savent murmurer mieux que prononcer
Ces délices de mots. Puisque l'épeautre
Ne vaut le meilleur blé, que me reproche-t-on ?
Cette trahison où, dit-on, je me vautre,
Ou plutôt cet orgueil plus armé qu'un béton,
Et qui ne souffre pas d'être d'amour-propre
Frustré ? Jolie dame, veuillez baisser d'un ton.
A force de hurler, votre teint s'empourpre,
Vos traits se déforment, coule votre rimmel
Sur ce si laid rictus, pire qu'une lépre,
Que je crains ne pouvoir, au sens le plus formel,
Goûter sur vos lèvres la tendresse d'amour
Qui m'est, vous le savez, plus doux qu'un hydromel.
C'est fait, vous me lassez. A me parler d'amour
Le couteau à vos dents, à me couiner l'amour
Entre vos deux mouchoirs, à me haïr d'amour,
Ne le voyez vous ? La rime en amour
A la longue s'use si on en abuse
Et je vous quitte là, tout écoeuré d'amour.
Crise De Mauvaise Foi
Started by INFONTE, Apr 30 2006 11:50 AM
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