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callinira

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Dune

21 August 2006 - 08:49 AM

Dune

Sur l’ocre détrempé de la dune venteuse,
Le jour, déjà figé, grisâtre crayonné,
Hâtif, un peu tremblé, dans le temps étonné,
Laisse entre les oyats une traînée laiteuse.

Une langue de mer, agile, velouteuse,
Dans le contre-jour blanc et noir a floconné.
Quand je me souviendrai de ce jour griffonné,
Que pourrai-je accrocher à sa vague écumeuse ?

La pluie vient s’écraser sur les carreaux salis,
Mon attente a brouillé la page que je lis,
Je regarde sans voir une cime qui bouge.

Nul n’entendra jamais notre cri bâillonné.
Le temps s’écoule, lent, et semblable à la vouge,
Élague, patient, ce long jour griffonné.

20 avr. 06
Les Piérides-2

Un Visage

15 August 2006 - 02:56 PM

Un visage

Vague et mouvante image au miroir embué,
Visage nébuleux qu’une lumière douce
Ceint et cajole là où le doigt fin repousse
Une mèche mouillée. Sur le col dénué

De grâce, de candeur, et presque asexué,
Le temps perfide et lent que la fraîcheur courrouce
A mis comme un lacis que la vapeur émousse,
Où pervers, sans pitié, les ans ont sinué.

Le regard a déjà la grave bleuité
De la mer, au couchant, sur les plages d’été,
Dans l’instant désolé où le soleil y plonge.

L’eau coule sur la glace en filets tortueux,
Hésite, se reprend, insolite s’allonge
Et vient frôler la bouche au souffle halitueux.

24 févr. 06
Les Piérides  2

La Nymphe Au Doigt Savant

04 July 2006 - 09:23 AM

Elle a, tout en riant, sacrifié l’onyx
Qui blesse et quand, là-haut, discret lampadophore,
Complice du désir -inassouvi phénix-
La lune, pâle hostie, vient caresser l’amphore

De sa croupe creusée, profonde comme un ptyx,
On peut entendre, rauque et gravement sonore
Une plainte venue comme des bords du Styx :
La nymphe au doigt savant, solitaire, s’honore.

Les rayons font briller sur ses lèvres un or
Dont la flaveur mouillée se perd au frais décor
Confusément discret où s’agite la nixe.

La lèvre dit « assez », la bouche dit « encor »
Et la note qui meurt est lascivement fixe,
Violon violenté au sein d’un septuor.

23-juin-06
Les Piérides 2


Cette Faille

13 May 2006 - 06:45 AM

Cette faille où la chair a l’éclat d’une mauve
Et dont le cœur suintant brille, je veux encore
Que ta langue qui brûle y fouisse et dévore
Ma chaude impatience et ta cruauté fauve.

Le gémir modulé qui monte de l’alcôve,
Dolemment se mourra lorsque viendra l’aurore
Et je songe au corbeau qui criait never more
Dans la nuit pâlissante où le rêve s’ensauve.

Ah ! qu’en adviendra-t-il de cette déchirure
Où tu lapais la vie ? La cruelle biffure
De ces temps éloignés où nous ne serons plus

Me fait peur. Au jardin, les fleurs de la guimauve
Mouillées offrent encore au revers du talus
Cette faille où la chair à l’éclat d’une mauve.

9 avr. 06
Les Piérides 2

La tragédie

14 December 2005 - 04:06 PM

La tragédie

« Dans ce malheur doré, la tragédie culmine. »
Camus


Le soleil en éclats intensément fourmille,
Dans un cliquetis muet ou presque. La beauté
De l'instant me foudroie. Ruisselle, diamanté,
Un jour d'ambre doré sur la mer qui pétille.

Le ciel blanc flambe encor, l'air vibrant qui vacille
Brûle les yeux. Cette poignante immensité
Me nie et je me noie dans le temps arrêté.
Je ne suis de la vie qu'une brève apostille.

Nous n'étions rien, vois-tu, rien, tout juste une trace,
L'herbe qui ploie, foulée sous le talon qui passe.
Rien, ces fleurs de montagne un jour cueillies, fanées,

Puis jetées un matin. Rien, ces mots que j'écris,
Que tu lis. Rien encor, ma vie embruinée,
Ce silence angoissant qui blesse comme un cri.

23-juil.-05
Le Calame 2005