Elle irradie le noir. S'articule entre les fentes d'une robe serrée. Non, il n'y a pas que des sorties imaginaires après minuit. L'étincelle éclaire le noir, alors qu'elle profite d'un siège velours. Elle s'est allongée, laissant ses cheveux d'or s'éparpiller sur son visage. Il suffit de l'observer ; filament ondulant offert aux regards. Des lumières phosphorescentes s'agitent dans la foule mouvante. Elle prend un bain pendant que le monde autour d'elle s'efface. Elle voit des ombres humaines disparaître et revenir, de manière alternée. Ses mains déchirées sont trempées, ses membres ne tiennent plus debout. Elle ne connaît pas la suite, si ce n'est, vers où t'entraîner. Elle ne sait pas vraiment, qu'elle t'entraîne. C'est l'angoisse qui étrangle tes poumons. Le rythme est lent, sa progression langoureuse, il opère dans l'arrière tranchée des pensées. Elle s'agrippe à toutes les aspérités que tu as crues dissimuler. Les amants ne sont pas éternels, sauf dans le noir. Ses mains palpent ta peau, et tirent sur la nuque. Tu peux te voir allongé au-dessus d'elle, te voir dans le reflet de l'eau, amoureux de ses vagues dorées. L'étincelle éclaire un autre, et d'autres encore, mais tu es là, les yeux fixés aux siens. Lui souriant avec ce qu'il te reste de fragile. Le grain d'un film oscille légèrement, tu souris en continu sans connaître la scène. Ni celle qui suit ; l'étincelle s'est éteinte la seconde suivante, et, l'instant d'après, est irradié de noir.
NoMorgan - avril 2006