Ce soir
Ce soir, l’arc de la lune s’est complété des lueurs vicieuses de la nuit, simples fumées aux dimensions perdues. Ce soir, le quartier a dévoré la voix et l’écho des chaînes, l’enveloppe pesante des bêtes citadines qui s’est rompue comme se déchire la feuille de l’automne passé. Ce soir, le tout s’attend invariablement dans la ritournelle crucifiée du carillon sans église, dans ce bombardement nos mains dégagent le sable d’une plage, le visage d’un paradis. Ce soir, les signes des souvenirs forment les vertiges de l’errante, la fine nuée du verger d’enfances où les bourgeons sourdent comme des fractales rousses de grappes minérales. Ce soir, les serfs des royaumes asséchés, les descendants de la fourmilière noyée et les pions mangent le même pain sec, ils marchent vers le disloquement du rivage à découvert ; là ou plus loin, la bouche du labyrinthe d’ombres reprend son murmure. Ce soir, nos mauvaises mères pleureront tendrement sur la fin et la naissance, le vice-versa de l’ombre et la lumière. Ce soir, encore une fois la reine mourra et la pleine lune sera grise et noire.
Ce soir
Started by Eden, Nov 14 2005 12:42 AM
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