13 replies to this topic

[Marygrange]

Il en faut bien du courage
Pour quitter le harceleur,
Pour sortir de l’engrenage
Où il broie votre douleur.

On ne sait à quoi s’attendre
Hors du toit de son foyer…
Mais il faut partir pour rendre
Vie à son cœur répudié !



Même si cela vous étonne, je suis passée par là. Je connais ce genre de situation.
J’ai quitté un studio de banlieue, voilà une quinzaine d’années, parce que j’y avais fait entrer un homme qui ne me convenait pas. Dans son genre, aussi un harceleur…
Il arrive parfois que, dans certains états de faiblesse morale ou physique, dans un ras-le-bol d’une existence familiale ou autre, ou après un échec amoureux, on s’appuie sur la première épaule venue pour vous soutenir, vous consoler, peut-être vous aimer croit-on. Et on se rend compte de son erreur, hélas, trop tard...

J’ai séjourné deux mois dans un centre de cure du Sud-Ouest pour traiter mon asthme débutant mais virulent à l’époque. C’est là que je l’ai connu.
Mon père m’y avait écrit une lettre me disant m’avoir trouvé un logement dans une grande ville-dortoir de la région parisienne où nous vivions. Sa vie à lui aussi avait pris un autre tournant et il fallait que je quitte le giron familial. Au fond, c’était bien normal à l’âge que j’avais… J’ai dû accepter cette nouvelle demeure toute mienne.
Puis l’homme est arrivé chez moi à son retour de cure. Il ne pouvait rejoindre son appart de P. près de Paris. Il ne payait plus son loyer depuis des mois et il était passible d’expulsion. J’ai eu pitié de lui et aussi de son fils qu’il devait voir un week-end sur deux. C’est le devoir de tout père divorcé, et c’était comme avoir un fils à moi aussi…
Ne vous en faites pas, je vous passe bien des détails inutiles et ennuyeux. Juste vous dire que j’ignorais qu’il était un alcoolique et dangereux, notamment en voiture… Mais je m’en suis vite rendue compte. C’est moi qui faisais les courses et les payais la plupart du temps. Je devais lui acheter une bouteille de pastis tous les deux jours entre autres choses. Je peux vous dire que l’odeur de l’anis plus son tabac cela n’arrangeait pas non plus mes crises d’asthme. Mais passons…
Juste dire encore que c’était un jaloux maladif, du passé de mes relations amoureuses mais aussi de mes activités, mes lectures et musiques, de mes conversations avec les gens du quartier quand je sortais ma chienne. Peut-être même de cette dernière, allez savoir !
Il avait ramené de son appart de P. des armes à feu. Il les avait rangées sur une étagère haute d’un meuble dans les toilettes. A mon retour de ma seconde cure pour l’asthme, un an après et cette fois dans les Hautes-Alpes, il m’a fait des scènes terribles.
J’étais rentrée un vendredi, et c’est là qu’elles ont commencé jusqu’au dimanche suivant en milieu d’après-midi. Il s’est levé du lit où il était assis. Il a dit « Tu vas voir comment je règle ça ! », puis il est parti aux toilettes.
Cela lui était déjà arrivé de sortir son révolver pour jouer à me le mettre sous le nez sans balle, mais cela suffisait à m’effrayer. Et si jamais… D’autres fois, il s’en prenait aux pigeons et aux étourneaux par la fenêtre, toujours en jouant avec l’arme. J’avais peur qu’il leur tire dessus et que les voisins rappliquent pour savoir pourquoi ces coups de feu. Oui, j’avais la trouille de ça. Mais, dites, n’est-ce pas un peu normal ? Je hais ce genre de comportement, c’est tout…
Alors, oui, ce dimanche-là, j’ai paniqué. Et quand il était aux WC, j’ai appelé mon père pour lui raconter et son harcèlement et sa menace. Quand j’ai raccroché le téléphone, il est revenu après avoir tiré la chasse d’eau. Il m’a dit qu’il avait dit ça pour me faire peur, rien d’autre… Il n’empêche que mon père s’est ramené avec des Flics.
Ils m’ont demandé si je voulais me tirer, dit qu’ils avaient pris des dispositions pour m’emmener dans une cache, en fait un hôtel genre Formule 1. J’ai accepté. Craignant que l’homme s’en prenne à sa vie cette fois, j’ai demandé qu’ils lui prennent ses armes. Mais ils m’ont répliqué qu’ils n’en avaient pas le droit, mais les balles oui. Alors je leur ai demandé de les ramasser.

La suite, je vous la tairai. Seulement vous dire que depuis je vis à Paris dans un autre studio et que mon téléphone est sur liste rouge au cas où cet individu chercherait à me retrouver un jour…
Cette histoire est véridique. Et je ne suis très certainement pas la seule à en avoir vécu une pareille, et je m’en suis plutôt bien sortie. Vraiment c’aurait pu être pire ! Pour terminer, vous ajouter que ce n’est pas l’homme dont je parle dans mes poèmes d’amour, bien sûr. Lui c’est un autre cas…

Alors oui, je connais le sujet du poème que j’ai arrangé depuis sa première publication et qui m’a été durement critiqué, sans doute à juste titre d’ailleurs pour la dernière strophe retirée depuis… Il relate réellement quelque chose qui va se passer dans peu de temps dans mon entourage. Je ne dispose pas de tous les tenants et aboutissants des faits, mais je sais qu’une femme de ma connaissance va quitter son mari et perdre un logement et une situation professionnelle. Cela étant, ce sera sans doute un mieux pour elle. Je le lui souhaite de tout mon cœur. Elle pourra enfin exister par elle-même, en harmonie avec ses goûts et ses valeurs, et non sous l’emprise d’une personne dominatrice qui la rabaisse sans cesse et qui n’a jamais su l’aimer. Elle n’aura plus sur elle un regard accusateur dans tous ses faits et gestes. Moi j’ai réussi à me récupérer, malgré les apparences. Pourquoi pas elle ? Mais vous savez, c’est vrai qu’il en faut du courage pour fuir une telle situation. Ces gens, ces harceleurs, ont l’art et la manière pour vous faire payer le mal qui possède leurs âmes, pour que vous vous culpabilisiez à leur place, pour que vous remettiez sans arrêt votre projet de séparation. Alors, courage à elle et qu’elle tienne bon !

[lacape]

bonjour béa !
triste réalité !
je t'embrasse.

[Marygrange]

Bonjour Domi!

Merci de ta lecture...

Je t'embrasse aussi,
Béa

[bohemia]

J'espère que ton amie ne perdra pas son travail et son logement. Il y a de nombreuses personnes qui peuvent lui venir en secours. Le harcèlement est une vraie plaie de nos sociétés modernes.

Je me rend compte que ma critique était bénéfique, car tu avais surement faussement intégré ce jugement de la société sur les "victimes" toujours "victimisées". On s'en sort pas armé d'intelligence contre le harcèlement. Faut que quelqu'un, excuse moi du terme, prenne le harceleur par les couilles, pour l'empêcher de nuire.

Amitiés
Bohémia

[Marygrange]

J'espère que ton amie ne perdra pas son travail et son logement. Il y a de nombreuses personnes qui peuvent lui venir en secours. Le harcèlement est une vraie plaie de nos sociétés modernes.

Je me rend compte que ma critique était bénéfique, car tu avais surement faussement intégré ce jugement de la société sur les "victimes" toujours "victimisées". On s'en sort pas armé d'intelligence contre le harcèlement. Faut que quelqu'un, excuse moi du terme, prenne le harceleur par les couilles, pour l'empêcher de nuire.

Amitiés
Bohémia

Merci Bohémia pour ta réponse. Ce que je voulais dire par "armée d'intelligence" c'est qu'elle puisse tomber dans une meilleure existence, c'est-à-dire ne pas se retrouver démunie en quittant sa maison et son métier, comme certains SDF. Ce n'est pas contre le harcèlement que je m'exprimais par ces mots maladroits, mais contre les difficultés de la vie s'annonçant à perdre des biens, une situation professionnelle etc. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Mais si elle a bien calculé son coup, si elle a trouvé de nouvelles ressources, un autre logement, alors tout va bien et tout ira pour le mieux, j'en suis sûre. Je crois que la rime m'avait empêchée de le dire correctement et la pudeur aussi... Me fais-je mieux comprendre maintenant? Je l'espère.


Amitiés,
Béa

[lacape]

béa qu'est-ce que c'est que ton avatar ? on dirait un big mac ?

[Marygrange]

béa qu'est-ce que c'est que ton avatar ? on dirait un big mac ?

Que nenni, Domi! C'est une photo arrangée, mais avec la réduction des pixels on ne voit pas bien. Le big mac, si tu veux, c'est la grand-plage de Biarritz. La photo était vieille et abîmée, alors je l'ai trafiquée avec un scanner C'est sûr, on ne reconnaît pas

Bonsoir si tu passes ce soir!

Bisous,
Béa

[Michouhibou]

Témoignage poignant. Puisqu'il est écrit et publié, on peut penser que déjà tu es sur la voie du coeur où souvent tes poèmes nous amènent. Merci, et tellement désolé de ne pouvoir proposer d'autre réconfort qu'un doux baiser du soir
Amicalment
Michel

[Marygrange]

Bonsoir Michel, Tu sais ça fait quinze ans déjà, c'était pour souligner le poème que j'ai fait sur cette personne à qui la même expérience est en train d'arriver, afin de démontrer que je connais le sujet aussi. Je ne peux en dire davantage... Merci de ton soutien! Mais oui, pour moi c'est passé depuis le temps. Cela dit, le souvenir reste bien sûr, mais attenué.


Je t'embrasse également,
Béa

[Henri.]

Bisou,

[Erre]

Chère Béa,

Je t'ai lue avec émotion. Comment font les femmes pour s'aliéner ainsi ? Ont-elles donc besoin d'une épaule à tout prix ?
Le courage, dans ces situations-là, c'est de rester ! Rompre est très difficile, puis vient une merveilleuse sensation de liberté, plus forte que toutes les peurs...Je la souhaite à ton amie.
Amitiés

Erre

[Mary14]

Bravo à elle d'avoir enfin pu reprendre sa liberté, bravo à toi d'avoir sur l'écrire ! On ne peut que lui souhiaiter d'enfin trouver la paix

Bisous ma Béa

[Marygrange]

Bisou,

Merci Henri! Je t'en envoie aussi

Béa

[Marygrange]

Chère Béa,

Je t'ai lue avec émotion. Comment font les femmes pour s'aliéner ainsi ? Ont-elles donc besoin d'une épaule à tout prix ?
Le courage, dans ces situations-là, c'est de rester ! Rompre est très difficile, puis vient une merveilleuse sensation de liberté, plus forte que toutes les peurs...Je la souhaite à ton amie.
Amitiés

Erre

Comment elles font? Elles se marient sans bien savoir avec qui. Ils font des enfants. Elles décident (certaines) de rester à la maison pour les élever tout en apprenant qui sont leurs maris au fur et à mesure. Au début, elles pensent pouvoir le changer, mais ce sont eux qui tiennent les cordons de la bourse. Les années passent, la connaissance de l'autre s'amplifie et la désillusion avec, mais la séparation se fait de plus en plus difficile quand l'argent s'en mêle. Quand les enfants sont grands, quand le raz-le-bol s'atteint, alors elles finissent par agir, surtout si la santé craque... C'est un peu ça parfois d'après ce que j'en sais. Moi, j'ai craqué très vite, mais j'avais les soutiens extérieurs, ceux de ma famille et mes petits revenus d'allocataire.
Pour l'épaule, c'est juste avoir envie d'être aimée quand on manque de ça, c'est croire au mariage, à l'union, la vie à deux. Quand on se met en couple, je pense qu'on ne sait pas bien qui est l'autre. C'est la vie ensemble qui l'enseigne. On n'apprend pas toujours aux gens à s'assembler bien. On ne peut pas toujours compter sur le physique ou un compte en banque, un statut social etc. Il faut aussi que les âmes puissent s'accrocher. Il faut une bonne capacité d'aimer...
Elle doit le quitter, mais j'espère avec tous les moyens pour le faire, et pas que les psychologiques. Il ne faut pas oublier les matériels pour se payer une vie décente quand même....

Amitiés Erre,
Béa

Bravo à elle d'avoir enfin pu reprendre sa liberté, bravo à toi d'avoir sur l'écrire ! On ne peut que lui souhiaiter d'enfin trouver la paix

Bisous ma Béa

Elle ne l'a pas reprise, mais elle est en voie de le faire. Merci à toi Mary !

Bises,
Béa