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HALLUCINATIONS SPIRITUELLES (I) JERUSALEM


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4 replies to this topic

#1 Caliban

Caliban

    Caliban

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  • Interests:Le grand Hoche-sa-Poire

Posted 09 June 2005 - 02:36 PM

Hallucinations spirituelles (I) - Jerusalem

Jérusalem,
Le soleil des calvaires.

Que personne ne prie
Sa foi stridente
dans Tes collines de lumière


Jérusalem :
Maîtresse,
Glose de Dieu incomparable.

Tu oublies
L'hymne fier.

Tu ne brandies plus
Le drapeau fervent

Tu noues
Le chœur des exilés

Tu signes
l'éternité
Dans le tracé majestueux
De ton écriture

Tu te raidis,
Charnelle,
Organique,
Physique,
irréelle
dans l'hiver,
dans l'enfer,
dans l'embrasure du dernier asile.

Tu n’abdiques
Pas ta sainteté
Au duel fratricide

Regarde moi :
Je suis ici
Déclamant
Dans mon égarement
Une litanie
Au fond de ma tranchée.

Je n’appartiens pas au peuple des favoris de Dieu,
Je ne suis pas de ses martyrs,
Ni de ses victimes,
Ni ange,
Ni démon,
Je suis une chair et une semence,
Divisée et corrompue.

Je fonde des rêves à la couleur ineffable sur cette grande douleur sans patrie.

Cette Intifada court en moi comme le caillou qui roule au sein d'une rivière transparente.

Une force balance entre mon cœur et mes viscères

Dans cette obscurité la vie me répète :
« n'écoute pas, ne touche, pas ne regarde pas d’où proviens la compassion »

Jérusalem

Où Tu es,
la route tourne le dos
au désert

#2 Ariel

Ariel

    .............................

  • TLPsien
  • 538 posts

Posted 10 June 2005 - 10:39 AM

J'ai relu plusieurs fois hier, et aujourd'hui encore, ce texte fort,
à l'exaltation contenue, qui interroge - et ne répond pas toujours, laissant sa part à l'incertitude -, entre la beauté de ses lignes.

J'ai pensé aussi au syndrome du voyageur. Celui de Stendhal à Florence, ou celui des touristes de Jerusalem, bouffée délirante liée pour certain à l'extase d'une sorte d'immersion.

Je suis allé relire, surfer - j'adore - et j'ai trouvé cet extrait. Le sujet n'est pas si éloigné. Cela s'appelle le syndrome du Kleenex. J'ai aimé, je partage :


Passé les premiers temps d’euphorie, tout trekkeur se trouve confronté à l’idée de la rupture. Rupture culturelle, temporelle et matérielle. Ce passage marque la vraie confrontation entre l’idée que l’on se fait du voyage et le voyage lui-même. Avant, on tient sur l’imaginaire (voire le fantasme) en préservant, peu ou prou autour de nous un environnement très proche de celui que l’on croit pourtant avoir laissé à la maison. La preuve ? On a toujours un paquet de Kleenex à portée de main. Et d’autres détails aussi, comme le rangement des affaires dans son sac, la propreté de ses vêtements ou la capacité à se regarder dans un miroir sans être trop surpris. Je ne suis pas en train de dire qu’un « vrai » trekkeur se reconnaît à son potentiel de clochardisation, mais plutôt que chacun porte en lui une certaine propension à maintenir un lien sécurisant et symbolique avec son univers familier au travers de multiples détails personnels. Et je suis intimement convaincu que la force de tout voyage, sa capacité à nous marquer profondément, réside pour beaucoup dans la façon dont céderont ces liens, les uns après les autres. Au cours des treks que j’ai pu parcourir, j’ai vu bien des façons d’exprimer ces ruptures – passages à vide, coups de blues ou au contraire euphories, voire d’authentiques « pétages de plomb – toutes avaient, au final, la même signification : Je lâche les amarres. De façon un peu symbolique, il s’agit aussi de briser une apnée, d’accepter enfin de respirer l’air qui nous entoure, pour remplacer celui, familier et rassurant que, par réflexe, on maintient « à l’intérieur ». Qu’il y ait résistance ou pas, qu’il soit douloureux ou harmonieux, ce processus aboutit à un état de perception et de disponibilité qui constitue la véritable alchimie du voyage. Difficile à soupçonner avant le départ, essentielle au retour.

...

... prenez le temps de briser cette apnée. Imaginez. Au milieu de nulle part, après une petite semaine de marche, une étape annoncée pourtant comme facile, mais il y a cette foutue montée, interminable, insupportable et vous vous dites « je n’y arriverai pas, c’est trop long, et demain et tous ces jours encore ». Alors vous vous asseyez seul, en silence et regardant les autres avancer, vous vous surprenez à versez une petite larme. Votre main cherche dans votre poche. En vain. Vous n’avez plus de Kleenex. Le voyage peut commencer…


...

Je me disperse ...

Pardonne ,Caliban, ton frère de servitudes, qui divague autour de tes paroles, elles ont le double mérite de la profondeur et de la beauté. Jerusalem oblige, sans doute.

#3 lacape

lacape

    .............................

  • TLPsien
  • 8,894 posts

Posted 10 June 2005 - 10:44 AM

MAGNIFIQUE TEXTE
amitié

#4 Serge L

Serge L

    Serge L

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Posted 11 June 2005 - 08:54 PM

Jerusalem dans laquellle j'ai vecu quelques mois de suite il y a 20 ans et dans laquelle je vais quelques fois par an ne laisse pas indifferent.
Le syndrome y est un effet connu, le lieu est riche de sensations.

A part ca, Dieu (s'il existe..) n'a pas de favoris.

#5 Caliban

Caliban

    Caliban

  • TLPsien
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Posted 14 June 2005 - 11:40 AM

Tres beau texte, Ariel, Merci de l'avoir inclus dans ce suijet.




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