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Désespoir floral


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4 replies to this topic

#1

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  • TLPsien
  • 30 posts

Posted 30 August 2005 - 06:51 PM

Sur la réalité anéantie, des pétales de néottie, des roses épineuses. Causes vénéneuses de folie, les pétales de mélancolie s’envolent vers une fatale destinée, une mort empoisonnée.
Dans mon univers imaginaire, des fleurs en verre dansent et pensent à l’infini, à une vie finie.
Des oaristys entre Séraphin et moi, existent dans l’insensé. Des myosotis d’un parfum d’hiver sur ma sépulture azurée, font concurrence aux pensées sidérées.
Sur la réalité mentie et anéantie, un collier de fleurs flétries et une auréole d’espoir meurtri, couronnent l’automne qui tonne.
Sur le calice de l’anémone monotone, le sacrifice d’une vie sans importance, sans jouissance intense. Le narcisse endormi dégage en sauvage, une jeunesse gâchée, une ivresse mâchée, une beauté ravagée et une fatalité engagée vers la voie de l’obscurité ténébreuse.
Narcisse des poètes, des printemps en fête, je fais couler le sang des fleurs cueillies pour orner les tombes solitaires dans la détresse.
Qui es-tu Séraphin bien aimé pour provoquer le décès de fleurs si naïves ?
Malgré l’hiver triste et autiste, des fleurs de neige survivent au froid des vents insensibles. Des fleurs bipennes s’envolent vers la peine en si bémol. Des fleurs de haine, convolent vers la fontaine des âmes folles.
Ames folles de chrysanthèmes qui clament une parole d’anathème.
Les saveurs du mépris, prix tant convoité de la réalité désespérée, assistent à une bataille entre l’hiver des ténèbres et les automnes funèbres…A mes funérailles.
L’agonie des tiges des fleurettes, me donne le vertige et fige une douleur muette. Le népenthès cruel d’Asie, me dévore de ses crocs carnivores et me jette un terrible sort : l’euthanasie douloureuse, une hypocrisie bienheureuse.
Sur le manège tourbillonnant, des nébuleuses solaires m’emportent vers la porte de l’oubli, de la folie.
Sur le manège détonnant, gravitent les tourments et les déments autour de la mort environnante qui invite les hivers insulaires et les printemps interstellaires à fusionner.
Sur les bourgeons des sortilèges, le manège des stratèges du vide, la neige en sang, les sanglots du suicide timide.
Dans le palais fleuri, des bruyères d’hier, des clématites envahissantes s’agrippent à ton image de doux visage, à ta beauté insignifiante toute puissante.
Les glaïeuls prétentieux plient devant l’insolence, la nonchalance envoûtante, séduisante, résidente des cieux féeriques et cyniques.
L’iris irrité devant le messie de l’inertie, le souci d’amour inutile et stérile, convoite la constellation intersidérale, l’aurore boréale, afin de mourir en beauté dans le sépulcre étoilé.
Les glaïeuls prétentieux, plient devant les douleurs intermittentes, l’attente d’amour illusoire, d’amour miroir.
Les narcisses contemplent en silence leur reflet dans l’eau, infligé par les soufflets des « va-t’en dans le temps des mécontents » ! L’ancolie de l’enfance appelle la mélancolie de l’offense, de la défense d’amour.
Les pivoines timides s’inclinent devant les visages pâles et de cristal, des tombeaux des beaux de l’éternité.
Les muguets de mai si gais avant, ne peuvent dire « mais » devant l’amour cristallisé, brisé, irréalisé.
L’Olivier iceberg, symbole de fécondité, soumet toutes les fleurs de soleil, de neige, à l’irréalité, à la réalité anéantie, à la réalité mentie.
Les lilas au son musical des « la », ont combattu les vertus médicales de l’amour platonique, romantique.
Les floraisons d’hiver dans leur manteau de cristaux, narguent la raison obstinée.
Perce-neige, lauriers vaincus, hortensias, magnolias, dahlias, colzas et mimosas, valsent dans le bois des abois et de l’émoi.
Et moi, j’incarne le bouquet final dans un pays de morosité, de velléité. Des fleurs épanouies, des fleurs évanouies…

#2 prométhée

prométhée

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  • TLPsien
  • 173 posts
  • Location:Casablanca - MAROC

Posted 30 August 2005 - 07:32 PM

Quelle fresque! Belle et envoûtante de l'accroche jusqu'à la chute.
Je ne comprends pas pouquoi il n'y a personne à commenter une aussi belle toile. J'imagine que la prose n'a pas ses lecteurs sur le site. J'estime qu'il est préférable de la publier en groupe réduit pour pouvoir l'apprécier et en débattre.
En tout cas, moi j'ai adoré, j'ai aimé ces passages en particulier:

"Sur la réalité mentie et anéantie, un collier de fleurs flétries et une auréole d’espoir meurtri, couronnent l’automne qui tonne"

"Le narcisse endormi dégage en sauvage, une jeunesse gâchée, une ivresse mâchée, une beauté ravagée et une fatalité engagée vers la voie de l’obscurité ténébreuse."

"Les glaïeuls prétentieux plient devant l’insolence, la nonchalance envoûtante, séduisante, résidente des cieux féeriques et cyniques."

"Les narcisses contemplent en silence leur reflet dans l’eau, infligé par les soufflets des « va-t’en dans le temps des mécontents » ! "

"Et moi, j’incarne le bouquet final dans un pays de morosité, de velléité. Des fleurs épanouies, des fleurs évanouies…"

Prose chargée d'émotions et d'enseignements de la vie. Si t'en as d'autres je les lirai avec un grand plaisir.

Chapeau!

Amicalement - PEACE

Amine - www.toutelapoesie.com/blog/Narcisse

#3

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  • TLPsien
  • 30 posts

Posted 30 August 2005 - 07:40 PM

Je viens de lire ton commentaire Prométhée qui me fait vraiment plaisir car ce poème sous une feinte prose fait partie d'un ensemble qui me tient vraiment à coeur. j'ai tout donné pour les réaliser et que quelqu'un prenne son temps pour lire ce texte un peu long je l'avoue, me touche beaucoup.
j'en ai d'autres dans ce style dont deux déjà publiés ici "ballade onirique" et "les calcaires dépressifs" toujours aussi tourmentés. j'attends un peu pour publier un poème qui s'intitule explosion orchestrale
Voilà un grand merci, amitiés et bises.

#4

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  • TLPsien
  • 4 posts
  • Location:Belgique

Posted 03 September 2005 - 09:24 AM

Je viens de lire Explosions orchestrales et je découvre Désespoir floral.
Comme la précédente, cette prose est sublime.
Je sens à présent, ton Moi, tourmenté, prêt à exploser en tableaux et fresques différents.

Bises Laly.


#5 prométhée

prométhée

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  • TLPsien
  • 173 posts
  • Location:Casablanca - MAROC

Posted 03 September 2005 - 03:44 PM

« Et moi, j’incarne le bouquet final dans un pays de morosité, de velléité. Des fleurs épanouies, des fleurs évanouies… »Ainsi s’achève ton poème, cette chansonnette bohême, cette prose au parfum de la rose, qui sent toutes les fleurs et sent, surtout, le talent.

Désespoir floral ou plutôt désespoir humain. Ne fallait-il pas appeler chaque chose par son nom ? Je ne pense pas ; tu as fait le bon choix, celui de faire de chaque être un bouquet, y compris toi-même. Mais pourquoi pas une fleur ? Question complexe ! Peut-être à cause de la complexité même de l’individu et des contrastes pouvant exister au sein d’une même personne. Peut-être pour faire de ta prose plus un chant d’espoir qu’une oraison funèbre où l’être se conjugue au passé, au remords et au désespoir. Là encore t’as fait le bon choix ; la diversité de l’être n’a de semblable que la diversité des fleurs. Du moins, c’est ce que je pense.
A ce titre, je ne sais si tu as lu un livre de Gibran. Excuse-moi, j’ai oublié le titre mais je vais chercher. Gibran, poète, écrivain et peintre d’origine libanaise, y traite de l’arrogance. Une violette en est l’héroïne. Drôle de coïncidence !

En tout cas, je trouve ta prose très complexe et trop profonde. D’ailleurs, c’est ce qui en fait le charme et ce qui en fait une œuvre réussie. Je t’en félicite !
Ton œuvre est, certes, lugubre, sinistre, où la destinée est fatale, la réalité anéantie, mentie et désespérée, où l’espoir est meurtri, la jeunesse gâchée et la beauté ravagée, où toutes les belles choses de l’existence sont peintes en noir comme par amertume, comme par deuil, mais cela ne fait qu’embellir ton texte et surtout laisse passer la pénombre, ce brin de lueur qui éclaire le chemin.
A ce propos, Lao Tseu – sage chinois, disait : « le chemin de la lumière paraît obscur ». N’a-t-il pas raison ?
Je me demande si tu penses à la Gramsci – linguiste italien, « Pessimisme de la raison, optimisme de la volonté ».
Quelles que soient tes convictions, ton texte a un caractère universel, où chacun peut trouver son compte, où chacun peut se retrouver. Et si tu es le bouquet, tu as vu, tu as vécu et je peux t’assurer que tu as vaincu (peut-être l’amertume, peut-être un passé douloureux, peut-être rien). Je ne te cache pas que je m’efforce de rester objectif, hélas, sans y parvenir. D’ailleurs, on ne peut être indifférent à un texte, où l’être humain, où ses sentiments, ses cris et ses rires, sont omniprésents. On ne peut même pas garder son objectivité.
Fine connaisseuse des fleurs, ces dernières sont à l’honneur dans ton poème. Je ne vais en dresser la liste, mais je tenais à signaler que les glaïeuls – prétentieuses comme tu dis – et les narcisses sortent du lot. La prétention et le narcissisme ne sont-ils pas des caractères purement humains ? Sûrement. Du moins, c’est ce que je crois.




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