Il n'est point d'oraison qui me ramène à toi
indompté hasard tordu comme une mémoire
il plaît tant à l'océan
d'égaler le silence au fond de tes prémices
Quel espace saisir
quelles transhumances croire
pour apprivoiser le désert rugissant
pour dépecer la douceur de la mort
en transes orientées vers l'exil sans remords
Dans mes veines une liqueur détenue
telle une femme effarée
d'amours hypocrites
de violences mégères
Il s'agit d'appréhender les vestiges révolus
l'histoire qui se replie
dans des pages froissées par l'amertume du mensonge
Il s'agit d'entendre le pouls du sable écumé
pour comprendre le rituel des jours indifférents
Que de rêves sellés dans une danse équestre
au fond de chaque peur une aurore en otage
que les mains de l'aimée m'etreignent par cette
monture céleste et que notre galop renverse
les Vestres.
Il n'est point d'oraison pour croire en toi
le soleil ne se lève pas à l'Ouest
la mer réclame sa couleur d'yeux d'enfants
qui d'un ciel épris
sentent les sourires du jour se levant
racine des sommeils de neige
le soleil boit ce long hiver
le bel été déjà s'accroche à nous
Et nous vient en rappel
et la mer bleue monte à l'assaut du ciel
pour s'y confondre ce matin
à la rupture de ses glaces
Je sens dans le vent d'est
la subtilité des prochains jours
la tardive éclosion des mots
m'emporte au-dessus des villes
et la nuit plus furtivement chassera le jour
en déployant très lentement ses ailes
sans complicité ni regret
en un dépliement très lent de quatre vents
de quatre voiles et de nuages
N'être là
que pour voir ses yeux
Oui voir les yeux d'El Sahara
Depuis longtemps
le sol s'est mu sous nos pas
depuis longtemps
nous savons efficacement vivre
maintenant
privés de ces proches
qui n'entendent pas
et nous courons à la source
où l'oeil originel
n'est troublé de rien
Le Prince d'Omeyya
SALIM AL SABBAH