richard anne-marie

Rêve-moi quand la lune sourit aux embruns
Chus dans le verveux jauni d'étoiles vernales
Vénus végétale s'évente des parfums
D'algues dorées. Délitescence générale.

Rêve-moi de voler mon odeur éthérée
De flamber le plat chaud à l'entrée de mes lèvres
D'un doigt de saveur goûte le fondant sucré
Des couleurs censurées au passage de ta fièvre

Agglutine-moi dans l'enclos glissant de ta chair

Ivre et gaie comme un gonfanon flottant dans l'air
Fangeux comme la géhenne dans mes veines
Antre rouge de l'amour Entre mon amour
Et le trésor crashé des hydres noires autour

Je tourne, je tombe, je traîne,

Je suis la clepsydre qui tue les heures vaines.

Parfois je serai l'onde qui fraîchira sur les tombes de nos âmes spumescentes
L'embaumeur de nuages qu'un ciel abrite pour le ventre engrossé de la Terre
Je serai parfois l'arbre qui fleurira les lits blancs des cimetières
La feuille au verso que l'encre noire a bu en diabolo menthe
Je disparaîtrai...Puis je serai la fourrure féline sous tes caresses faciles
Le feu fragile parfumé aux essences volatiles
Je me disperserai...Parfois je serai seule à t'aimer, à te fuir,
Puisse la Mer de sel m'enfouir, me faire mourir.

Cérémonials

Amour comme le jour célébrant l'Universel Accord
l'Ouvreuse de Nuit qu'un drap de peaux d'ombres nacre
Et recouvre le croissant de ta nébuleuse chair,
L'armure spéculaire, l'alliance simulacre,
Sur nos corps amants l'écarlate électuaire
Sang versé pour le spectre bleuâtre dès l'aurore
Lorsque nous refermerons nos glissantes lèvres
Sur la rive des enfers, nous scellerons ton sort
Quand brûle le cierge prieur de mon rêve, dans son rêve
L'empoisonneuse saveur de feu qui emprisonne l'ardeur
Respire comme ma bouche
Désire les volutes vengeurs où couchent
L'Amour avec l'Amour sur un lit de fleurs
Mortes ou moires, rouvrantes fenêtres jumelles,
Que renaître m'éprouve m'éventre et te transperce
Nous renouerons avec l'eau, les Verseaux qui ensorcellent,
Sources liquoreuses aux ancolies que je renverse
Pour nos coeurs encore plus lisses et polis dans le verre
Délassés nous défairons l'amour immiscé en douceur
Amour comme tes yeux, cette nuit refermante jetée de pétales verts,
Recueille ces deux corps désunis par leurs infâmes peurs.

un jour, J

Juste un instant nous rassembler
Juste pour une fois te raconter
Les maux justes, l'amour injustifié
Juste à l'heure,
Justement te trouver-censure ajoutée-
Juste pour nous rêver, rajuster le vrai
Pour ne plus y croire, au Juste.

Terminus à l'appel...sus au premier passager...
Sangs déchus sous l'arc du ciel, doux stratus étalés sur le monde
Rouge hibiscus, sentez-vous l'onde de l'angelus qui s'agite?Terre hantée
Où coule en flux et reflux la marée torrentielle d'où l'angel gronde.
Mon coeur versus Ton coeur. Repliés,
En deux tresses, deux fichus, de pandanus séché.

Une pluie ronde adoucit l'ombre baissée
Que la douleur d'un adieu a dû laisser
Entre deux corps ciliaires distillant
Le doux alcool dans l'univers aux quatre vents.

Parce que l'océan n'est grand que pour ceux qui fuient
Puisque ton séjour se compte à rebours sur nos doigts
Puisses-tu pour toujours espérer ma voix en sursis
Se dissout sans recours dans le cri liquéfié des pourquoi

Et si tu entendais ce monde se réduire
Sur le sable gésir et périr

Intarissable Langue du désir.