Le Bord Du Lac
#1
Posted 18 April 2006 - 05:19 PM
Une demie heure avant, j'avais compris et assimilé
ce qu'étaient les divertissements les plus sadiques.
D'autant qu'après cette accumulation de sévices,
je n'avais aucune raison de ménager cette barrière de peau.
En fermant les yeux mécaniquement,
j'éprouvai le besoin de sentir votre vie entière palpiter entre mes doigts,
de voir vos yeux se révulser et d'entendre le cri sans voix.
J'éprouvai donc le besoin de baiser et l'impression
que je ne puisse pas dire : « ouvrez les cuisse ».
Dans cette ville qui détient tout les pouvoirs sur les hommes,
qui nous a constamment ébloui, amputé, détruit, depuis des siècles,
Je suis nerveux et excité.
J'avais dit : « vous êtes toute les femmes ».
Alors vous avez ri. D'un rire froid, amer, carnassier.
La normalité est monstrueuse.
J'ai regardé le bord du lac et, ne comprenant pas votre abomination
vous avez recommencé votre rire froid, amer,carnassier. Banalement douloureux.
Au bord du lac, vous êtes morte.
J'ai effacé votre sourire ignoble à coup de pierre.
Vos dents brillaient sur le sol comme des étoiles ensanglantées.
Au loin la ville brillait des lumières malsaines
des téléviseurs et des néons agressifs, vide de gens.
Votre rire froid, amer carnassier résonnait encore dans ma tête.
L'obscurité magnifique emplit vos orbites
lorsque j'arrachai vos yeux immondes affreusement déçu
puis j'ai écrasé sous mes pieds leur matière visqueuse,
J'avais envie d'entendre la chair de vos seins gicler
pour moi c'était magique de voir votre corps s'éteindre
comme un jouet sans piles.
Au bord du lac,
je vous retrouve maintenant,
charogne pourrissant sous la terre.
#2
Posted 18 April 2006 - 06:02 PM
c'est le titre
qui coince
trop lamartinien
...
le texte est vraiment bien
#3
Posted 19 April 2006 - 10:37 AM
#4
Posted 19 April 2006 - 11:08 AM
#5
Posted 19 April 2006 - 11:23 AM
Un temps.
Henri
#6
Posted 19 April 2006 - 01:37 PM
très belle phrase !
Un temps.
Henri
l'usage des temps est mon grand défaut. Je les utilise de manière trop spontanée et peut être aproximative. Si tu as des corrections à proposer n'hésites pas (après je disposerai à mon bon vouloir hé hé).
#7
Posted 20 April 2006 - 11:02 AM
lui l'a fait !
Ce texte me hante depuis que je l'ai lu il y a quelques jours.
Les faits divers les plus horribles nous rappellent régulièrement qu'il traine dans notre société des individus frustrés qui passent parfois à l'acte.
Et dans ce texte il y a une piste intéressante :
"Dans cette ville qui détient tout les pouvoirs sur les hommes,
qui nous a constamment ébloui, amputé, détruit, depuis des siècles"
"Au loin la ville brillait des lumières malsaines
des téléviseurs et des néons agressifs, vide de gens."
C'est une réflexion que je me suis souvent faite.
Il y a plein de gens pas équilibrés dans notre monde et la société moderne appuie en permanence sur leurs frustrations.
Par exemple quand on ne peut marcher quelques centaines de mètres dans une ville sans voir plusieurs femmes dénudées sur des affiches pour vous vendre les attrraits de la société de consommation.
Anodin ? Oui si vous êtes bien dans votre peau.
Mais imaginez l'effet sur quelqu'un dont l'état d'esprit est décrit par ce texte !
Il n'y a pas que le sexe d'ailleurs.
Regardez l'image renvoyée par les pubs dans les programmes télé pour enfants :
Le bonheur c'est d'avoir pleins de trucs, au milieu des paillettes dans une grande maison.
Alors mettez vous à la place des enfants déboussolés des banlieues.
Ils ont certes accès aux trucs, mais pas à tout ce qui va avec, et donc il sont niés par la société de consommation qui les renvoit à leurs problèmes identitaires.
Alors ne nous étonnons pas si parfois ils pètent les plombs et descendent tout casser !
Oui notre monde médiatique sait entretenir la frustration et tout le monde n'a pas la capacité de pouvoir s'exprimer en écrivant.
D'ailleurs les lieux d'écoute véritable sont de plus en plus rare ....
Ben-du-Toit
#8
Posted 21 April 2006 - 08:11 AM
#9
Posted 21 April 2006 - 10:33 AM
je pense aussi que la saloperie est au coeur de l'homme
la société a peut-être bon dos
mais pas tant que ca
pas tant que ca
laissons cet homme si merveilleux
dans le rêve des "jean jacques roussotte"
#10
Posted 21 April 2006 - 01:01 PM
Mais je ne vois que trop bien que certains s'efforcent de faire croire que puisqu' il s'agit de poésie, la pensée n'aurait rien à y faire.
Il ne faudrait tout de même pas que comme lettres nous n'ayons que les trois qui forment le mot : sot.
Le constat et les exemples de edgar allan fred, qui pour le moins a une ecriture efficace, sur l'homme et sa barbarie sont pertinents.
J'aurais moi aussi à en ajouter , l'un des moindre exemple n'étant pas cette injonction de devoir se décoiffer aux Invalides devant le tombeau du « Grand Barbare ». Là c'est même de la barbarie institutionnalisée, avec pillages et viols à la clé.
Maintenant je ne pense pas qu'il soit particulièrement stupide de s'interroger sur le rôle de la société face à cette barbarie. Le rôle de la civilisation (et des arts !) ne devrait-il pas justement tendre à élever la conscience des foules vers plus d'esprit que de barbarie.
Or je redis que les médias et les firmes préfèrent flatter les envies simples et immédiatement rentables et que leur responsabilité dans un certain nombre de malheurs n'est pas nulle.
Quant à Jean-Jacques Rousseau, si j'avais, moi, écrit quelque chose comme « Le Contrat Social », j'en serais plutôt fier !
Ben-du-Toit
#11
Posted 22 April 2006 - 11:27 AM
Il y a aussi un autre poème de Baudelaire qui peut faire référence : "une charogne"
XXIX - Une Charogne
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux:
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Le ventre en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s'élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!
Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!
#12
Posted 22 April 2006 - 05:15 PM
On avait rendez vous au bord du lac Léman à minuit ce soir
Mais je pourrai pas venir
Tu m'en veux pas j'espère ?
#13
Posted 23 April 2006 - 12:59 AM
#14
Posted 23 April 2006 - 06:43 AM
Non
J'ai peur pour toi
#15
Posted 25 April 2006 - 12:55 AM
#16
Posted 25 April 2006 - 01:00 AM
Voudrais pas faire les maîtresse d'école
Dis donc ça devient dangereux les borsd du lac...
#17
Posted 25 April 2006 - 12:55 PM
merci pour la correction !
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