Maxime 40

SI J’ETAIS…


Si j’étais le zéphyr,
De mon souffle ténu je te caresserais
Et je ferais danser, de mes tièdes soupirs
Le voilage gracieux de tes mèches de jais.

Si j’étais un torrent,
J’emporterais ton cœur dans mes flots écumants
Et je l’entraînerais au gré de mon errance,
Mêlant à sa douceur ma lascive violence.

Si j’étais une fleur,
J’exhalerais pour toi mes parfums capiteux
Et tu t’enivrerais des suaves senteurs
Qui embaument les soirs doux et voluptueux.

Si j’étais un cocon,
Tu pourrais te blottir dans les replis douillets
De mes soies opalines et mon tendre giron
Te garderait de tout en son frêle corset.

Si j’étais courageux,
Je te dirais « je t’aime » et nous irions tous deux
Par les chemins du monde où fleurit l’espérance,
Nos âmes rassasiées fredonnant leur romance.

PLUIE

            Dans la terre bourbeuse où s’impriment nos pas,
            Mille petits geysers naissent fugacement
            Et leur chant cristallin, clapotis délicat,
            Sur notre âme attendrie crépite doucement.

           Il flotte dans les airs comme un parfum sucré
           De glèbe originelle et de bonheur nouveau ;
           La pluie, dame d’atour, a vêtu de joyaux
           Les rameaux affadis d’un hiver suranné.

           Alors nos cœurs transis recommencent à battre
           Au rythme étourdissant de ces larmes d’argent
           Qui martèlent les toits de leur éclat folâtre.

           Ainsi, dans le vallon, palpite le printemps ;
           L’humide pulsation de la vie frémissante
           Célèbre avec ferveur sa marche triomphante !