Merci Gaston. Ca fait plaisir de trouver un défenseur de la lecture !

Bonjour à tous ! Cela fait un bail que je n'avais plus eu le temps d'écrire. En plus je n'ai plus Internet, alors je vais en bibliothèque tous les vendredis. Je me reconnecte au plutôt vendredi prochain...

Poème du livre

Profane ou grand savant, lecteur plein de promesses,
Garde-moi longtemps dans ta main
Et administre-moi tes plus vives caresses :
Le temps m'est peut-être incertain.

Je te veux pour amant dans les longues soirées
Et lendemains pleins de hasard;
Mon papier délicat, ses lettres consacrées
Te sortiront de ton blizzard.

Va ! Prends-moi, tel l'amant entraîne sa maîtresse
Jusque dessus son oreiller;
Effeuille-moi alors avec tact et tendresse
Puis pose-moi, va sommeiller.

Mais il te faut savoir tous les trous dans ta bourse
Que je ferai jour après jour,
Car, lecteur, je suis cher et fais faire la course
Comme tous les jeux de l'amour...

Surtout, sache, malgré ta volonté meilleure,
Que je me dédouble sans fin,
Pour mieux te divertir, et cela d'heure en heure,
Et assouvir ta grande faim...

Qu'enfin, si très souvent tu te montres fort brave
Pour apprendre à tous les moments,
Tu resteras toujours un esclave un peu grave
De mes plus riches monuments.

Tu ris donc ? Internet n'est pas le toit du monde
Malgré son grandissant succès...
Je reste une boussole, un sextant, une sonde,
Et on conseille mon accès.

Certaines gens ont dit par ailleurs ma vieillesse
Et comptent bien me rajeunir,
Substituant mon corps à un écran, ivresse
Au nom d'un certain avenir.

Moi qui ai tout hanté Médicis ou Ninive,
Je me trouverais malheureux
Si mon papier robuste - Oh ! Voilà ! J'y arrive ! -
Devenait un fond blanc vitreux.

Lecteur, choisis, choisis et mets-y de la peine,
- Sais-tu combien c'est important ! -
Papier ! écran ! demain exhibera ma traîne...
Ah ! M'offriras-tu le printemps ?...

Allez, viens, je t'attends, déposé dans ta chambre,
Sur la table, près de ton lit.
M'entends-tu ? Viens à moi, de janvier à décembre,
Et de de dimanche à lundi !

Fin du monde

Dieu regardait souvent le monde des humains
Et disait, inquiet, submergé de tristesse :
« Nous qui avons conçu l’univers de nos mains,
Mon vieux cœur, l’entends-tu ruminer sa détresse ?

Il est de tristes jours où j’aimerais brûler
A jamais ce trésor que j’espérais sans faille ;
Et toi, homme, mon fils, te désarticuler
Pour t’empêcher de lui faire encore une entaille.

Regardons-le mourir lentement dans l’horreur,
Mon cœur, ce paradis autrefois grandiose !
La chair de notre chair, l’homme, a commis l’erreur
De défier le froid du bougon Pluviôse,

De chasser l’animal jusqu’à l’extinction,
De toute la nature user trop de l’essence !
Mon cœur, n’avions-nous pas, dès sa conception,
Pourvu à ses besoin et à sa connaissance ? »

L’homme se moquait bien de ces mots préventifs,
Et lorsque le climat connut des pics intenses,
A aucun moment, il n’eut les yeux attentifs,
Sur un écran quelconque ou d’autres références ;

Et vint l’explosion, suffocante et sans fin !
L’homme hurla vers le ciel une chanson ignoble ;
Le Père, désolé, lui répondit : « Enfin !
Tu comprendras ainsi ce qu’était ton vignoble ! »