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DOMINIQUE PICCIOLI (nouvelle Episode 1)


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#1 D.GOLL

D.GOLL

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  • Location:Marseille France

Posted 04 October 2005 - 02:09 PM

IMPORTANT :

Les personnages de cette histoire ainsi que leur nom sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnes existantes ne serait que pure coïncidence.

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Comme Napoléon, Dominique Piccioli a quitté la Corse à l'âge de neuf ans. Son père avait réussi le concours d'entrée à la poste et dû partir pour faire un stage à Paris. A cette époque, Dominique n'avait aucune idée de ce que quitter la Corse signifiait.

Il n'oubliera jamais la soirée d'adieux. Toute la famille s'était réunie pour fêter leur départ sur la place de Bastelica. Il y avait la charcuterie préparée par l'oncle Ours-Antoine, le pain que le cousin Jules avait pétri, et le fromage que l'on avait fait à la maison. Pour l'occasion, la cousine Angèle était venue de Cuttoli avec son mari François le Bastiais. Chacun racontait son histoire ou chantait sa chanson. Le temps semblait s'être arrêté dans la douceur du soir d'été dont seule la Corse, son île natale a le secret.

S'il se souvient de son enfance à Bastelica, il n'a par contre aucun souvenir de la traversée vers le continent ni du voyage en train de Marseille jusqu'à Paris. Bien qu'à l'époque il n'était qu'un enfant, il a eu beaucoup de mal à s'adapter à la vie parisienne. Il trouvait les gens de la capitale aussi maussades que le temps qu'il y fait, et en plus, qu'ils n'avaient pas le sens de l'hospitalité. Cependant, Dominique a fini par y prendre des repères, s'y faire des amis, et s'y fabriquer des souvenirs au goût plus ou moins insipide. Aujourd'hui encore, plus d'un demi siècle plus tard, il s'y sent encore étranger ; son histoire n'est pas à Paris. Une certitude s'est ancrée en lui : c'est en Corse qu'il est né, c'est là qu'il mourra et reposera.

A chaque fois qu'il en a eu l'occasion, il est retourné sur l'île, et à chaque retour, ce fut le même déchirement.

Ces amis le trouvent bon conteur. Ils aiment qu'il leur raconte son enfance à Bastelica et ses différents périples sur l'île de Beauté. A chaque fois, c'est pour tous un instant magique. Dominique voit dans les yeux de ses amis, le rêve et l'envie d'aller sur l'île. Lui, le temps de son histoire, il est reparti dans son pays.

Ce soir, c'est la fête chez Pierre et Léa. Ils sont réaménagé leur jardin et profitent de la belle saison pour l'inaugurer en faisant une soirée barbecue. Tous les amis sont là, une cinquantaine de personnes en tout. La bonne humeur est au rendez-vous. Dans le jardin de Pierre et Léa, on sabre le champagne et on porte on toast à l'amitié et à la santé de tous. "Pace Salute !, c'est comme ça qu'on dit en Corse n'est-ce pas Doumé ? s'exclame l'ami Vincent en lui donnant une tape amicale sur l'épaule. "Dis, ce soir tu nous racontes encore la Corse s'il te plait ? demande-t-il avec beaucoup d'intérêt. – Ah oui ! approuve l'assemblée racontes nous ton île. – De quoi voulez vous que je vous parle ? demande-t-il - fait nous faire le tour de l'île lui répond Pierre en imitant l'accent corse".

Pour que Dominique parle de son île, il ne faut pas le supplier longtemps. Très vite, son visage s'illumine, il paraît que dans ces moments là, son accent corse se remarque davantage.

Ce soir, lorsque Dominique parle de la ville impériale, ces amis ne rêvent pas. Ils chuchotent, pouffent de rire. Habilement, il change de ville et leur parle de Bonifacio, de la ville haute, d'où par beau temps on voit la Sardaigne, des promenades en mer, des grottes marines, de l'ambiance du port. Valérie, une convive basque, compare Bonifacio avec Biarritz. Dans sa voix, il sent comme un défi, une certaine ironie et cela agace un peu Dominique.

Alors, pour changer de registre, il leur parle de la charcuterie que son oncle Ours-Antoine faisait jadis à Bastelica. C'est alors que Léa l'interromps pour lui dire que ce matin, elle a vu du figatelli au super marché et qu'elle a voulu en acheter. Cependant, n'étant pas experte dans la charcuterie Corse, elle a préféré ne pas en prendre. A ces mots, toute l'assemblée éclate de rire. Dominique est vexé. Sa fierté corse l'interdit de quitter l'assemblée, mais il en a très envie.

Voyant cela, Pierre, le maître de maison, dit : "Ecoutez, on a assez torturé ce pauvre Dominique comme ça". Puis d'un ton solennel, il dit "Si ce soir nous n'avons pas été bon public cher Doumé, c'est que nous sommes tous impatient de t'annoncer la nouvelle". Dominique ne comprend pas trop ce qui se passe. Il demande alors des explications, mais tout le monde rit, et personne ne semble vouloir rien dire.

Finalement Pierre, se décide : "Ca vous dirait d'aller en Corse avec Doumé ?" demande-t-il à l'assemblée. La réponse est alors immédiate et unanime : "Oh oui ! Tous en Corse avec Doumé, Tous en Corse avec Doumé ! "s'exclament les invités. "Cher Dominique, dit-il d'un ton solennel, tu nous parles si bien de la Corse, que nous avons tous décidé d'y programmer un voyage organisé et nous sommes tous cotisés pour t'y inviter". Les amis ont tout prévu. Cependant, l'itinéraire du voyage restera une surprise pour lui. Il le découvrira au fur et à mesure.

Dominique reste interdit. Lorsqu'on lui laisse la parole, il ne peut balbutier qu'un merci.

Dominique ne croira vraiment à ce cadeau que lorsqu'il recevra un courrier de l'agence de voyage l'invitant à venir retirer son billet.

Paris Ajaccio en avion. Dominique n'est jamais allé en Corse par ce moyen de locomotion. Là-bas un guide les conduira et ils visiteront l'île en autocar.

Très tôt il commence à préparer ses affaires, son appareil photo, sa caméra, répertorier les adresses pour envoyer les cartes postales.

Dans le hall d'Orly, le groupe de touristes se retrouve. Pour une fois Dominique n'a rien à dire. Rien à raconter. Ses amis l'ont bien eu. N'ayant jamais pris l'avion pour rejoindre l'île, il n'a rien à raconter. Une heure quarante plus tard, la voix de l'hôtesse dira : "Mesdames et Messieurs, il est 15h25, nous arrivons à l'aéroport de Campo dell'oro, la température extérieure est de vingt-quatre degré. Nous espérons que vous aurez fait un agréable voyage en notre compagnie et que nous aurons bientôt le plaisir de vous revoir sur nos lignes".

L'avion ne s'est pas encore posé sur le sol ajaccien, que l'on ressent une ambiance particulière. Chaque membre du groupe ressent cette sensation et se laisse bercer par cette certaine douceur de vivre.


A suivre...




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