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[Nautrel]

J'étais à des années-lumière.
Le curé nous parlait d'agneaux,
De la campagne et de misère,
De Jésus marchant sur les eaux,
Du berger et des âmes chères.

Elle avait un sarrau de satinette noire,
Une frimousse ronde et des boutons d'ivoire.

A l'enterrement de Lucile
J'étais à des années-lumière
D'un prêche hélas! bien inutile
Et d'oraisons ou de prières
Qui n'étaient pas mon évangile.

Fillette si jolie! Et moi, naïf et doux,
J'ai touché le tissu et gentiment la joue.

Je laisse à la mort son mystère
Et doute de tout paradis.
J'étais à des années-lumière:
Lucile, un éclair dans ma vie,
Allait retourner en poussière.

Dans ses yeux grand ouverts il se fit un sourire
Lumineux et très bref. J'ai cru l'amour y lire.

"L'étoile diffère en éclat
De telle autre étoile, mes frères."
De tous ces discours j'étais las,
J'étais à des années-lumière
De la mort et de ses débats.

Aujourd'hui, cependant, renaît cette lueur
Au seul nom d'une étoile, un relent de bonheur:

Tu étais petite écolière
Et nous avions le même âge.
Le maître parlait de grammaire.
Enfants patoisants du bocage,
J'étions à des années-lumière

[heloise]

Une jolie poésie
Très éloignée de mon style
Mais j'ai apprécié
Comme un moment de fraîcheur campagnarde que je n'ai jamais connue, éternelle citadine
Bizzzzzzz

[lacape]

beau et mélancolique
amitié

[Nautrel]

Héloïse. La campagne, ce matin , est très belle : la lumière, le givre,
merci de t'y être arrêtée.
Il y a aussi des chasseurs, hélas!


Toujours aussi sympa, Lacape.
merci. Amitié

[le hamster]

Un joli poème, bien écrit.

Nostalgie du souvenir s'alliant à l'émotion, au sentiment de dénuement face à la mort.
"Mignonne allons voir si la rose..." ou quand la rose est coupée, à peine éclose.


J'ai baucoup aimé.


Amicalement

Christophe

[Nautrel]

Merci de ton passage, Christophe, et de ton chaleureux commentaire.

[mistral]

Je suis retournée un peu en arrière et j'ai trouvé ce poème que je n'avais pas lu.
Je ne peux m'empêcher de dire à son auteur qu'i m'a plu.

[socque]

J'ai beaucoup aimé aussi... Un ton à la Brassens (et pour moi, ce n'est pas peu dire) : frais, souriant et désabusé.

Baudelaire :
"Surgir du fond des eaux le Regret souriant"

(Merci à mistral de l'avoir remonté...)

[Nautrel]

Mistral :
Je croyais mon texte parti très très loin et puis le revoilà.
Merci d'être retournée en arrière, d'avoir aimé et de me l'avoir dit.
(Nautrel, alias pseudonyme anagramme qui ne fonctionnait plus depuis longtemps)

Socque :
De Brassens j'ai tous les textes, quelques disques mais pas les moustaches.
Ton passage m'a fait très plaisir. Merci.

[Victor-du-Coseille]

Une expression dit, je cite: "trop c'est trop, et si c'est trop, c'est à mettre à l'échafaud."

[Nautrel]

V D C
Le plus fort, c'est que je pense comme toi. Alors d'accord. Coupons là (ou la)

[Henri.]

Ah magnifique. Très touchant.
"j'étions à des annnées lumière" ça j'adore
Henri

[balila]

Une belle émotion à te lire Nautrel, un joli rythme dans tes mots, empreints d'une douce nostalgie, et j'adore aussi "J'étions à des années-lumière".

balila

[socque]

Je le remonte, parce que j'ai envie de voir un doux sourire intelligent et désabusé revenir en première page...