-DERNIERES CARTES-
Nous déployons devant nous les hommes et les femmes qui, frappés par l’écrin de l’oubli, se noient dans le vase à bords fermés. Nous déployons devant nous l’effervescence d’un ciel contenu, l’écho d’une plaque terrassée par mon chant et la farandole d’ivoire acharnée l’orgue divin. Nous déployons mais avant, que sont nos doigts ? Quelle beauté les drape au contre-jour des astres sur l’étang de morts éventrés ? Les uns les autres, sur les planches en bois, ils se mêlent, ils se lient, ils terrassent avec les doigts d’ondes en fer des mannequins de mousse, poupées de corail. La femme à tête de fennec entrait dans cette fiole, à l’instant même où son image avait été déployée. Entendez par là que le concret et l’abstraction s’étaient filés, écharpés l’un l’autre, comme seul la mer et le vent s’unissent aux bords médusés de la lune. Je ne distingue par la finalité de mes singularités déambulatoires, aujourd’hui l’horizon couvert d’une neige épaisse, le tic-tac effroyable du verre trépassant mon poignet, l’illusion de découverte, chaque jour. L’illusion de créer ce qui parsème déjà la clarté du ciel. Et pourtant je déploie, nous déployons, des trésors d’insouciance, le songe à en perdre haleine, la buée craquelant la vitre. L’homme à nez de merle, à la gourde versée entre ses narines. Vivement nous détournons nos yeux mais son reflet furète, vient chasser notre révulsion jusqu’au confort de nos positions. L’homme à la gourde, l’homme à nez de merle, nous allons pour désaxer l’enfance, désaxer les ventres, y semer notre amour même s’il n’en germe que d’hideuses tiges d’épine.
Nous déployons devant nous le monde tel qu’il reste, tel qu’il nous faut le créer, les fossettes polies des plus belles femmes, et les plus beaux saladiers pour y contenir leurs larmes. Tout est à faire, à recréer, de la friche, lande d’arbres nus et de buissons de sel, il ne reste que le petit point, l’infime commencement lumineux du cristal, avenir.
Nous déployons, l’homme à la gourde, l’homme à nez de merle, et la femme à tête de fennec, réunis par l’improbable destin. Nous déployons des vallées d’enclumes, et si las comme une souche, nos bras s’éternisent dans l’indolence nocturne, ils déploient, chaque jour, nous déployons.

Dernières cartes.
Started by sellatvn, Jan 07 2006 02:09 PM
4 replies to this topic
#1
Posted 07 January 2006 - 02:09 PM
#2
Posted 08 January 2006 - 08:19 PM
Citation (sellatvn @ Jan 7 2006, 02:09 PM) <{POST_SNAPBACK}>
Nous déployons devant nous les hommes et les femmes qui, frappés par l’écrin de l’oubli, se noient dans le vase à bords fermés. Nous déployons devant nous l’effervescence d’un ciel contenu, l’écho d’une plaque terrassée par mon chant et la farandole d’ivoire acharnée l’orgue divin.
j'aime moins les deux dernieres strophes
mais le reste est géant
#3
Guest_Juliet_*
Posted 08 January 2006 - 10:38 PM
Citation (sellatvn @ Jan 7 2006, 02:09 PM) <{POST_SNAPBACK}>
-DERNIERES CARTES-
Nous déployons devant nous les hommes et les femmes qui, frappés par l’écrin de l’oubli, se noient dans le vase à bords fermés. Nous déployons devant nous l’effervescence d’un ciel contenu, l’écho d’une plaque terrassée par mon chant et la farandole d’ivoire acharnée l’orgue divin. Nous déployons mais avant, que sont nos doigts ? Quelle beauté les drape au contre-jour des astres sur l’étang de morts éventrés ? Les uns les autres, sur les planches en bois, ils se mêlent, ils se lient, ils terrassent avec les doigts d’ondes en fer des mannequins de mousse, poupées de corail. La femme à tête de fennec entrait dans cette fiole, à l’instant même où son image avait été déployée. Entendez par là que le concret et l’abstraction s’étaient filés, écharpés l’un l’autre, comme seul la mer et le vent s’unissent aux bords médusés de la lune. Je ne distingue par la finalité de mes singularités déambulatoires, aujourd’hui l’horizon couvert d’une neige épaisse, le tic-tac effroyable du verre trépassant mon poignet, l’illusion de découverte, chaque jour. L’illusion de créer ce qui parsème déjà la clarté du ciel. Et pourtant je déploie, nous déployons, des trésors d’insouciance, le songe à en perdre haleine, la buée craquelant la vitre. L’homme à nez de merle, à la gourde versée entre ses narines. Vivement nous détournons nos yeux mais son reflet furète, vient chasser notre révulsion jusqu’au confort de nos positions. L’homme à la gourde, l’homme à nez de merle, nous allons pour désaxer l’enfance, désaxer les ventres, y semer notre amour même s’il n’en germe que d’hideuses tiges d’épine.
Nous déployons devant nous le monde tel qu’il reste, tel qu’il nous faut le créer, les fossettes polies des plus belles femmes, et les plus beaux saladiers pour y contenir leurs larmes. Tout est à faire, à recréer, de la friche, lande d’arbres nus et de buissons de sel, il ne reste que le petit point, l’infime commencement lumineux du cristal, avenir.
Nous déployons, l’homme à la gourde, l’homme à nez de merle, et la femme à tête de fennec, réunis par l’improbable destin. Nous déployons des vallées d’enclumes, et si las comme une souche, nos bras s’éternisent dans l’indolence nocturne, ils déploient, chaque jour, nous déployons.
Nous déployons devant nous les hommes et les femmes qui, frappés par l’écrin de l’oubli, se noient dans le vase à bords fermés. Nous déployons devant nous l’effervescence d’un ciel contenu, l’écho d’une plaque terrassée par mon chant et la farandole d’ivoire acharnée l’orgue divin. Nous déployons mais avant, que sont nos doigts ? Quelle beauté les drape au contre-jour des astres sur l’étang de morts éventrés ? Les uns les autres, sur les planches en bois, ils se mêlent, ils se lient, ils terrassent avec les doigts d’ondes en fer des mannequins de mousse, poupées de corail. La femme à tête de fennec entrait dans cette fiole, à l’instant même où son image avait été déployée. Entendez par là que le concret et l’abstraction s’étaient filés, écharpés l’un l’autre, comme seul la mer et le vent s’unissent aux bords médusés de la lune. Je ne distingue par la finalité de mes singularités déambulatoires, aujourd’hui l’horizon couvert d’une neige épaisse, le tic-tac effroyable du verre trépassant mon poignet, l’illusion de découverte, chaque jour. L’illusion de créer ce qui parsème déjà la clarté du ciel. Et pourtant je déploie, nous déployons, des trésors d’insouciance, le songe à en perdre haleine, la buée craquelant la vitre. L’homme à nez de merle, à la gourde versée entre ses narines. Vivement nous détournons nos yeux mais son reflet furète, vient chasser notre révulsion jusqu’au confort de nos positions. L’homme à la gourde, l’homme à nez de merle, nous allons pour désaxer l’enfance, désaxer les ventres, y semer notre amour même s’il n’en germe que d’hideuses tiges d’épine.
Nous déployons devant nous le monde tel qu’il reste, tel qu’il nous faut le créer, les fossettes polies des plus belles femmes, et les plus beaux saladiers pour y contenir leurs larmes. Tout est à faire, à recréer, de la friche, lande d’arbres nus et de buissons de sel, il ne reste que le petit point, l’infime commencement lumineux du cristal, avenir.
Nous déployons, l’homme à la gourde, l’homme à nez de merle, et la femme à tête de fennec, réunis par l’improbable destin. Nous déployons des vallées d’enclumes, et si las comme une souche, nos bras s’éternisent dans l’indolence nocturne, ils déploient, chaque jour, nous déployons.
Ce texte est d'une grande beauté.
Elle est à la fois viscérale et aérienne, un peu comme certains tableaux de Bosch.
Merci.
Je reviendrai
Juliet
#4
Posted 09 January 2006 - 10:32 AM
Beau deploiement.
Une spirale, des fennecs, des gourdes, des merles.
Sans ménager la ménagerie, j'ai aimé.
Une spirale, des fennecs, des gourdes, des merles.
Sans ménager la ménagerie, j'ai aimé.
#5
Posted 09 January 2006 - 11:06 AM
Merci, à tous trois.
C vrai que les deux dernières strophes s'essouflent quelque peu.
C vrai que les deux dernières strophes s'essouflent quelque peu.
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