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[Sebastian1980]

Nous avions passé la nuit dans une petite maison de bois du bord de lac. Je me souviens de
tout. La cheminée en pierre, la buée au carreau, nos deux corps étendus sur le sol froid et dur.

Comment nous étions arrivés là, je ne me souviens plus. Ma mémoire me tourmente,
c’était un joli rêve.

Elle avait mis Charlie Parker et Charlie Parker je dois dire, je l’adore.

Le vinyle crépitait comme le feu, écarlate, réfléchi dans nos yeux.

Ratafla, ratafla et Zutty Zingleton. Celui-là aussi je l’adore. Son nom résonne en moi
comme une belle charleston qui tomberait du haut d’une montagne de fûts.

Charlie, Zutty et elle et moi étendus sur le sol.

Une bulle de jazz, un océan de larmes quand le rêve a cessé. Les cris sourds du réveil ont
rayé ma mémoire, démontée le saphir, terminée la musique.

A moins d’un autre rêve je ne la verrais plus. A moins de la connaître je me dis que
peut-être. Je l’imagine déjà, elle est là devant moi. Je la connais sans doute.

Je voudrais m’endormir, refermer le silence, être là tout près d’elle et lui dire
« je vous aime ».

Si c’est l’amour prémédité, je l’avoue, votre honneur, je veux plaider coupable. Elle sera
ma complice.

Si c’est un rêve prémonitoire, je veux bien me lever, quitter là le sommeil et me perdre à
nouveau.

C’était un joli rêve…