Buse

Je la regarde, elle qui sent
Par dessus tout les mots d'amour
Et qui transpire l'amitié
Quand je la croise...

Séjours merveilleux
Que je passai avec elle
Longs de quelques instants
A la saveur éternelle.

Mais que croire,
Lorsque je la vois avec d'autres
Rire et plaisanter
Se lier à l'inconnu.

Dur de se fier
Et la saturation
Qui me gagne
Se lève et monte doucement.

Mais comme tous les autres
J'aimerai pouvoir penser
Que je l'apprécie différemment,
Et l'affection que je lui porte coûte plus cher...

Et cette pensée égoïste
Portée si sûrement
Dans mon esprit irréaliste
Retenti violemment

Je suis fou je le sais
Je l'accepte? en suis conscients
De l'aimer comme je le fais

Malgré les dizaines d'autres
Qui restent présents
Et tournent comme des charognards autours d'une proie
Qui loin de se défendre
Apprécie le geste et la parole
Et sourie gentiment
A la meute de chiens frivoles
Qui jappent en se mordant
Pour savoir qui remportera
Le prix de la victoire.

Quand elle saigne sur le trottoir
Les marmes coulants à flots de ses paupières,
Je lui passe devant sans trop agir
Sans dévier, sans rien faire.

Et je me sens lâche, sale, et puant
De ne pouvoir rien dire ni consoler
Cette créature aux yeux chantants.

Et jamais , je le sais,
Ne pourrais lui avouer
Ce qui me pèse et qu'elle ignore;

Et toujours je continurais
De la croiser sans trop dévier
L'abandonant seule à sa douleur
Partagée par mon coeur
Qui la broie sans la toucher.