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Depuis : Le salut aux oiseaux

Posté par M.KISSINE, 23 mars 2015 · 1 857 visite(s)

symbolisme oiseaux soufisme XIIème siècle
Depuis : Le salut aux oiseaux

 
Messagère du roi Salomon, qui connaît
La langue des oiseaux, la huppe, seule, sait
Sa longue confidence. Un plumet à sa tête
Indique ce talent de confiance parfaite.
À l'œuvre, elle est dispose, habile en son devoir
Et guide le voyage en redonnant espoir.
 
Viens là, bergeronnette, au signal triomphant,
Pour annoncer le jour, ta flûte a cœur battant.
Quitte le pharaon : ta place est évidente
Au cortège du ciel aimant ce que tu chantes.
 
Salut, beau perroquet de l'arbre du Savoir !
Ton collier rouge ici nous semble dérisoire,
Il suffit de l'habit que tu portes si haut
Pour commencer ta quête en brisant les barreaux.
 
Sois bienvenue, perdrix, qui marches comme l'onde.
Oublie l'orgueil : l'avoir est une plaie profonde.
Aie confiance, en paix, cela suffit à voir
Couler, du pic rocheux terrifiant et noir,
Une source de lait si douce et parfumée
Que Saleh te viendra pour s'y désaltérer.
 
Et toi, faucon royal, qui te prends pour le roi,
Passe l'anneau d'amour à ton ergot matois.
Jusqu'à la fin des temps, garde ce talisman.
Écoute plus ton cœur que ton raisonnement.
Libre de tout orgueil, entre dans le refuge
Où le Maître, qui sait, ne veut nul subterfuge.
 
Ô caille, approche-toi, quitte le faux cocon
Où tu crois retenir du Ciel tout le pardon.
Tu penses trop aux biens terrestres : ta bassesse
Est un sabot de plomb, l'illusion de l'ivresse.
 
Salut, doux rossignol du jardin de l'Amour,
Toi qui te plains si bien de souffrir pour toujours,
Continue de chanter mais quitte ta cuirasse :
Il faut être sincère et pur dans cet espace.
 
Paon, valeureux soldat, victime du serpent
Qui déchira ton corps et te chassa, sanglant,
Du paradis premier, ton âme est de pénombre.
Achève ce dragon du néant dont tu sombres.
Ainsi le premier homme, attendant ta venue,
T'accueillera chez lui, libre, sans retenue.
 
Salut à toi, faisan, dont le vol est si beau,
Le regard si perçant à travers les chaos,
Que fais-tu dans ce puits ? Pourquoi tant d'inertie ?
Lève la tête enfin, vers le Vrai, vers la vie !
 
Intime tourterelle, on te sent partagée
Entre larmes et joie. Gagne ta liberté !
Combats l'avidité qui trouble tes humeurs,
L'or du soleil t'attend, présente-lui ton cœur.
 
Ô colombe des airs aux infinies berceuses,
Tu portes le collier des fidèles peureuses.
Connais-tu le courage ? As-tu, parfois, trahi ?
Viens et libère-toi. Ne fais rien à demi.
 
Salut à toi, gerfaut, toi le maître chasseur !
Cesse enfin ce carnage et laisse l'empereur
Couronner à son gré. Quitte l'impatience :
Elle trompe toujours l'esprit sans conscience.
 
Ô toi qui es si vif, petit chardonneret,
Nous aimons tous ta joie, ce n'est pas un secret.
N'oublie pas que l'Amour et le temps, sur la terre
Au combat, ont perdu des plumes plus légères
Que celles sur ton cœur, qui te gardent du froid.
Discerne leurs vertus : le Ciel t'accueillera.
 
Les oiseaux du parfumeur ©M.KISSINE ISBN 9782919390168
Librement inspiré du "cantique des oiseaux" d'Attar - persan, XIIème siècle

 
 Je signe ici une année pleine de rêve, de travail, d'étonnement, extraordinaires.
La découverte, tardive, d'Attar, de ce long poème initiatique, m'a éclairée et réconciliée, définitivement, je crois, avec... les oiseaux.
 
J'en ai conçu un recueil - d'environ 200 poèmes.
 
La conférence des oiseaux, du poète Attar relate le voyage des oiseaux en quête de Sîmorgh, le roi, créateur du monde. C'est un récit initiatique par excellence : chacun peut voir dans les oiseaux le reflet de lui-même, à travers le prisme de ses propres expériences, de ses quêtes personnelles et intimes. "Lis ce livre, chercheur, tu sauras où aller, dit le poète. Savoure-le longtemps et tu seras nourri car il a de quoi t'étonner. Tu le lis une fois et tu crois le connaître, mais non !" Farīd al-Dīn ʿAṭṭār fut un poète mystique persan, du XIIème siècle. Il fut également droguiste-parfumeur.
disponible en ligne ici http://www.lulu.com/...t-21739147.html
 
 

 



Source : Le salut aux oiseaux



Merci de ces éclaircissements. 

Je dois dire qu'écrire 200 poèmes sur un même thème, je pense que je  ne saurais pas le faire. Cela demande sans doute un énorme travail préparatoire de documentation!

Etes-vous amateur d'ornithologie?

Hélas non... Ces oiseaux dont il s'agit sont nos propres miroirs. La "conférence des oiseaux" d'Attar est une histoire terriblement humaine, universelle, écrite sous la forme de... plus de 7000 vers (je ne suis pas allée jusque là, mon histoire en compte à peu près la moitié) ; difficile de "choisir" dans cette immense volière... A posteriori je sais aujourd'hui pourquoi les "lettres persanes" ont été tant prisées dans la littérature française. Victor Hugo, et pas seulement lui, connaissait Attar.

Difficile aussi dans l'absolu de traduire ma propre lecture sans pour autant trahir la beauté de l'oeuvre originale, dont les traductions sont multiples.

Heureuse des échos favorables qu'on a bien voulu me faire parvenir. De fait je n'avais jamais été aussi angoissée que pour le devenir de ce recueil.

 

Merci Cyraknow

Mady

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