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Innocences perdues

Posté par Esterina, 16 avril 2019 · 717 visite(s)

Ô toi printemps menteur exhibant ta verdure,
Printemps glaçant, cinglant, qui sabote l’espoir,
Hypocrite saison qui fauche sans mémoire
Et maquille de fleurs ses tristes forfaitures !
 
Un merle a sifflé haut par dessus ma fenêtre
Lançant dans l’air du soir ses trilles acrobatiques.
Il s’égosille en vain sur son fil électrique
Echouant à calmer cet obsédant mal être.
 
Et ce matin pourtant ce volatile noir
Persiste à diffuser dans la fraîche atmosphère
L’indécente gaieté de son chant  éphémère
Convoquant dans mon cœur des rêves dérisoires,
 
Songes d’un autre temps, messages d’un autre âge,
Perles inabouties que le brouillard dépose
Dans la grâce ignorée des aurores au teint rose 
Où l’insouciance encrait tout nouveau paysage :
 
La douce liberté de la brise volage,
Les zébrures enfiévrées scandant un ciel d’été,
Cette plage ondoyante aux airs d’éternité
Et l'onde miroitante au détour d’un feuillage…
 
La mer ensorcelée par un soleil enfui,
La montagne  épurée dans son écrin limpide,
La prairie envahie par des vies  intrépides,
Et ces frissons secrets, tendresses de la nuit…
 
16.04.2019

 



... ces quelques lignes, Esterina, si vous les acceptez, à la lumière, encore une fois, de l'étymologie...

... le mot in-nocence... in-privatif et le verbe nocere "nuire", donc "non-nuire"... Et vous parlez de la "perte" du non-nuire... J'ai souvent pensé moi aussi qu'à la saison du soi-disant renouveau, parmi miels d'ambre et corolles de soufre, était donné un authentique et secret pouvoir de faire mal... si mal...

... Et le chant noir de l'oiseau
devient une longue flèche dardée

elle traverse le poème
d'un bout à l'autre
symbolisée par la mélancolie omniprésente
des adjectifs verbaux
et des participes présents :
exhibant, glaçant, cinglant, lançant, échouant, obsédant, convoquant, scandant, ondoyante, miroitante

ainsi est véritablement mimée
la trajectoire sonore du dard funeste

nombre de syllabes en "i"
habilement distribuées : hypocrite, tristes, trilles, égosille, électrique...
l'empennent de leur stridence

et il s'approche pour frapper
les poumons de l'illusoire et du fugace
distançant décisivement

les territoires de candeur et d'éternel...

... perdus, oui, perdus...

... pourtant par le poème
vous vous êtes faites troubadour ou trouvère
celle qui sait (re)trouver et marier les phonèmes
où reviennent musiquer les jours désheurés dévolus au non-nuire


Cordialement,

Loup-de-lune

Merci infiniment pour vos remarques et interprétations si riches et intéressantes, Loup-de-lune! J'en suis vraiment très touchée et honorée.

Bien à vous,

Estérina

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