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La Reine qui ne dormait pas

Posté par michelconrad, 23 octobre 2021 · 666 visite(s)

pour vous

Il était une fois une Reine d’une inaltérable beauté dont le seul souci était qu’elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. Il s’était passé tant de nuits, tant de jours, sans qu’elle ne ferme l’œil, qu’une bonne fée, celle-là même qui était préposée au sommeil des êtres, s’en inquiéta.
 
« Pourquoi ne dormez-vous pas ? » lui demanda-t-elle.
 
« Parce que je cherche la source des mots, la source des images », répondit-elle.
 
A ces mots, la bonne fée se dit que cette recherche était intéressante, parce qu’inhabituelle. Peut-être était-ce même la première fois qu’un être se posait la question ! La bonne fée dit à la Reine qu’elles allaient partir chercher ensemble cette source, et, sans plus tarder, elles entreprirent un voyage par monts et vaux, par mers et océans. Des mois, des années passèrent : point de source, ni de pancartes qui indiquassent cette direction, «Source des mots et des images» sur les mille chemins qu’elles avaient parcourus ensemble !
La bonne fée dit à la Reine qui n’avait pas dormi depuis une éternité : «allons consulter le vieux poète de mon pays, celui qui vit en ermite, au sommet d’une montagne.» Et elles allèrent jusqu’à une cabane construite d’éléments hétéroclites, au sommet d’une montagne où le vent soufflait sans cesse et où il pleuvait sans discontinuer. Ils frappèrent à la porte. Un vieil homme, vêtu de haillons , mais avec un regard de lumière, leur ouvrit la porte, et les invita à entrer dans sa modeste demeure. Elles formulèrent au vieux poète cette question qui les taraudait.
 
Le vieux poète les écouta dans le plus parfait silence, et caressant sa barbe blanche, leur répondit : «la source des mots et des images est, à la fois, infiniment proche et infiniment lointaine, elle est dans notre cœur. Il suffit d’aimer pour que la clef de tous les mystères apparaisse devant vous et que s’ouvrent toutes les portes, que soient résolues toutes les énigmes.»
 
La Reine et la fée remercièrent le poète et sortirent de la cabane. Elles se mirent à rire, tout en s’éloignant. Était -ce possible, aimer avait-il tant de pouvoirs ?
 
Cependant, les jours suivants, la Reine se mit à regarder chaque fleur, chaque arbre, chaque ciel, avec amour. Et le sommeil lui vint, un sommeil profond, profond et immense, immense, comme un fleuve que rien ne détourne de son cours et qui va vers celle que Rimbaud nommait

« la mer allée
avec le soleil » .



22/10/2021.
 

 

 

 

"L'érable" (23/10/2021). Tous droits réservés.

 

Image IPB





Bonsoir Michel Conrad,

C’est encore un sacré moment de lecture.

Un conte de fées qui donne accès à une forme de connaissance, qui me  semble être d'un premier abord réconfortant, même si parfois je me demande si les éléments d’une science, d’une technique, d’un art ne sont pas de ma part des perceptions délirantes.

Mes amitiés.

L.

Isabelle,

 

Merci pour votre commentaire. Il faut croire essentiellement à la poésie.  Dostoievski écrivait : "la beauté sauvera le monde", et c'est essentiellement la beauté que nous poursuivons, en écrivant  des poèmes, en vivant dans cette espérance.

 

Bonne journée !

 

Michel Conrad

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